Verizon Business, alias « Dacron ». British Telecommunications, alias « Remedy ». Vodafone Cable, alias « Gerontic ». Global Crossing, alias « Pinnage ». Level 3, alias « Little ». Viatel, alias « Vitreous ». Interoute, alias « Streetcar ». Ces sept opérateurs d’origine américaine ou britannique sont cités dans une présentation PowerPoint interne du GCHQ, le vénérable service secret de Sa Majesté, en tant que partenaires clés de Tempora, un programme de surveillance similaire à celui de Prism de la NSA.
Cette information a été révélée vendredi 2 août, par le journal allemand Süddeutsche Zeitung (SZ) et la télévision allemande NDR, qui ont obtenu une copie de cette présentation, datée de 2009 et transférée par Edward Snowden. En tant que partenaires privilégiés, ces opérateurs télécoms fournissent des données sur leurs clients aux services secrets britanniques. Certains poussent le zèle jusqu’à développer une infrastructure logicielle spécifique dédiée à l’espionnage, un service que le GCHQ paierait de manière sonnante et trébuchante.
Effet de levier
Le choix de ces sept entreprises n’est pas un hasard. Ils opèrent tous un vaste réseau de fibres optiques continentaux et transcontinentaux, loué en partie à des opérateurs tiers. C’est le cas, par exemple, d’Interoute. Ce fournisseur dispose de 60 000 km de fibres optiques, lui permettant de couvrir une trentaine de pays, dont la France où il compte une dizaine de points de présence. A ce titre, il est capable de vendre des capacités et des services à d’autres opérateurs, pour assurer le transit IP ou augmenter la bande passante dans certaines zones. Accéder aux infrastructures de ces sept opérateurs permet donc aux agents secrets britanniques de couvrir, en réalité, beaucoup plus d’opérateurs et donc de communications. C’est comme un puissant effet de levier.
Contactés par SZ et NDR, les opérateurs soit n’ont pas répondu, soit ont simplement indiqué agir dans le cadre de la loi, sans plus. Ainsi, Interoute précise recevoir « de temps en temps » des demandes gouvernementales. Celles-ci seraient analysées et vérifiées par leur service juridique, puis traitées si elles sont justifiées. De son côté, Level 3 indique « ne pas donner accès à des services étrangers à leur infrastructure télécoms en Allemagne ». Ce qui n’exclut donc pas le cas d’un espionnage par le service secret local, lequel transfère ensuite les données au GCHQ ou à la NSA. C’est justement ce qu’a révélé hier le magazine Spiegel à propos des services secrets allemands, qui se révèlent être des collaborateurs particulièrement zélés de la NSA.
Sources :
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