Le dernier tome de Cinquante nuances de Grey de E.L. James ou encore Demain de Guillaume Mussot, les best-sellers du moment, affichent un prix d’environ 20 euros en version brochée. Les détenteurs de tablette ou de liseuse peuvent, eux, les acheter en version numérique pour 15 euros.
Ces 5 euros de différence paraissent minimes aux yeux des acheteurs qui, pour beaucoup, sont passés au numérique pour des questions de coûts. Ainsi, selon une étude Ipsos réalisée en 2011, ils espèreraient un rabais de plus de 40%. Dans les faits, celui-ci varie de 20 à 30%.
Plus de papier à fournir, plus d’imprimeur à payer, plus de livraison ni de stockage des livres à assurer. Autant de dépenses qui disparaissent et qui pourraient contribuer à faire chuter le prix des livres numériques. Mais pour les éditeurs, ces arguments ne tiennent pas. Car ces frais ne comptent que pour 30% du prix de vente d’un ouvrage.
Et développer une version numérique entraîne d’autres dépenses, avancent les professionnels. Certes, refaire la mise en page, créer des liens de navigation, réviser le texte sont des opérations complexes pour des ouvrages comme des guides pratiques ou les livres d’arts…
Moins de 80 euros pour numériser un roman
Mais pour les romans, l’investissement est minime. « Il faut compter entre 60 à 80 euros pour créer un epub ou un Kindle d’un roman car c’est une opération simple. D’autant que les ouvrages récents ont déjà une source numérique comme InDesign ou Xpress », explique le dirigeant de la Livrerie numérique, à qui Bragelonne, ou encore les éditions Leduc, ont confié la numérisation de leurs fonds.
Si les éditeurs sont à ce point réticents à baisser le prix du numérique c’est donc pour d’autres raisons. Notamment à cause de la faiblesse des volumes écoulés. « La part du numérique dans les ventes d’Albin Michel se situe aux alentours de 2% », explique Alexis Esmenard, directeur du développement numérique chez Albin Michel. Chez Laffont, c’est environ 3%. Mais en moyenne, il faut plutôt tabler sur 1%. Du coup, les professionnels ne peuvent pas espérer un retour sur investissement grâce aux volumes.
Protectionnisme
Mais les éditeurs agissent aussi par protectionnisme. En baissant le prix du numérique, ils craignent d’entraîner leur secteur dans la spirale de la destruction de valeur. Ils veulent aussi préserver une autre de leur activité : le livre de poche.
Le secteur représente le quart de la production et génère 14 % du chiffre d’affaires des éditeurs. Avec un prix moyen de 6,50 euros, il serait donc le premier exposé à être cannibalisé par des e-book à bas prix. Et aucun éditeur n’est encore prêt à tenter l’expérience.
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