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Retour sur l’affaire Facebook : le réseau social peut-il tout se permettre ?

Vous avez sans doute entendu parler de cette révélation : Facebook jouerait de temps en temps avec les informations de ses utilisateurs pour étudier leurs comportements. Ce serait légal… mais est-ce normal ? Acceptable ?

Nous avons appris que pour mener à bien une étude sur la façon dont se transmettent les émotions sur Facebook, le réseau social a autorisé des scientifiques à procéder à une expérimentation massive.

Les faits remontent à janvier 2012, mais sont apparus au grand jour récemment, lors de la publication des résultats de l’étude dans une revue scientifique américaine. Ainsi, on a découvert que pendant une semaine, 689 001 utilisateurs de Facebook – cobayes malgré eux – ont lu sur leurs fils d’actu des informations manipulées par des chercheurs de deux universités américaines.

Humeur contagieuse

Pour évaluer l’impact émotionnel des informations transitant sur nos timelines, les chercheurs ont utilisé un algorithme permettant de repérer le caractère « positif » ou « négatif » d’une publication. Ils ont alors pu jouer à afficher plus ou moins de ces contenus et étudier l’effet sur les publications des utilisateurs.

Leur idée était de vérifier si le nombre de messages positifs ou négatifs lus par un membre Facebook influençait la teneur de ce qu’il postait sur le réseau. Autrement dit, est-ce que le fait de recevoir des messages à tendance négative nous faisait broyer du noir… au point de nous inciter à publier nous-même davantage de messages négatifs. Et bien, la réponse est visiblement « oui » :  la mauvaise humeur est contagieuse. Comme une maladie elle se transmet de publications en publications. Voilà qui serait désormais prouvé.

Des études comme celle-ci, il y en aurait eu des centaines depuis 2007… 

Manipulations autorisées…

Cette affaire nous permet de rappeler que, dans ses statuts, Facebook spécifie bien que les données publiées par les internautes peuvent être utilisées à des fins de recherche. Reste à savoir si le fait de manipuler ce qui s’affiche sur nos fils d’actualité (en décidant d’afficher ou non sur la timeline certaines infos) est respectueux de notre vie privée.

Au regard de la loi anglaise, on le saura prochainement. En effet, l’équivalent de la Cnil, en Grande-Bretagne, a ouvert une enquête à ce sujet. En France, notre protectrice des données personnelles nous a indiqué qu’elle allait suivre l’affaire avec ses homologues européens, mais précise que l’étude a été menée sur des comptes en anglais uniquement, donc ne concernait pas directement les français. Ce qui reste à vérifier. Tout le problème est qu’on saura jamais si l’on faisait ou non partie de l’expérience… 

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Delphine Sabattier