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Raspberry Pi contre Super Nintendo Classic Mini : duel de champions du rétrogaming

Entre émulation légale mais limitée et bidouille borderline mais au catalogue pléthorique, quelle est la solution idéale pour (re)découvrir les perles du panthéon vidéoludique ? 

La fièvre rétrogaming gagne du terrain ! Après avoir vécu dans les coins obscurs du net où les ROMS s’échangeaient sous le manteau, l’émulation connaît son heure de gloire en cette année 2018 : après la sortie de la NES Classic Mini (fin 2016), de la SNES Classic Mini (2017), 2018 sera l’année du Commodore 64, de l’Atari 2600 et autres vétérans de l’âge d’or. L’occasion rêvée de faire s’affronter les deux approches. Légale et officielle d’un côté, avec la SNES Classic Mini, la machine la plus aboutie et avec la meilleure ludothèque.

À lire : Raspberry Pi : les meilleures distributions pour faire du retrogaming

Face à elle, le roi de l’émulation bidouille façon console, le célèbre Raspberry Pi, tout petit ordinateur tout-en-un à moins de 40 euros. Outre le prix ou le plaisir du jeu, nous nous attarderons sur la ludothèque ou encore la légalité des offres des deux protagonistes. Un match en 8 manches pour faire le tour du sujet et trouver la meilleure solution pour vous.

Préambule technique 1/2 : la SNES Classic Mini

Adrian BRANCO / 01net.com

Dans le coin gauche du ring, la Super Nintendo Classic Mini (SNES) de Nintendo, réplique miniature de son aïeule lancée en 1994. Une console qui fonctionne avec un processeur ARM et qui, cocorico, a été développée en France – ce sont les ingénieurs magiciens du studio parisien NERD (Nintendo European Research & Development) de Nintendo qui sont responsables de l’idée et de la réalisation technique !

A.B. / 01net.com

Côté mécanique, seuls les boutons ON/OFF et Reset fonctionnent, la console ne pouvant en effet pas recevoir de cartouches comme son ancêtre. La console est livrée avec deux manettes qui sont d’excellentes répliques des originales, ainsi qu’un câble Micro USB et un câble HDMI. Point de chargeur cependant : il faudra utiliser un chargeur générique de smartphone ou acheter le chargeur officiel de Nintendo (10 euros).

Préambule technique 2/2 : le Raspberry Pi façon NESPi Case et sauce Recalbox

A.B. / 01net.com
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Le Raspberry Pi étant une carte mère vendue nue, il nous a fallu concocter une console à notre sauce. La carte employée ici est le Raspberry Pi 3 (pas la dernière version B+ pour éviter les éventuels problèmes de compatibilité avec le nouveau matériel), qui intègre un processeur Broadcom ARM, 1 Go de RAM et une puce graphique intégrée.

Pour le côté console/rétro/émulation, nous avons écarté les boîtiers à 7 euros sans charme et avons opté pour le NESPI Case de Retroflag. Ce boîtier est en effet non seulement réussi d’un point de vue esthétique, mais il est surtout très fonctionnel avec ses boutons ON/OFF et Reset, ses déports de prises (RJ45 et x2 USB) vers l’avant grâce à des cartes filles internes qui donnent un super look à l’ensemble. Nous aurions préféré trouver un boîtier au look de SNES, mais aucun des boîtiers disponibles sur le marché n’est aussi bien fini ni aussi fonctionnel.

A.B. / 01net.com
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Nous y avons ajouté un chargeur Micro USB doté d’un interrupteur on/off suffisamment puissant (3A) pour alimenter le Raspberry Pi 3 (plus gourmand que les précédentes versions), des dissipateurs passifs pour le processeur et la RAM, un petit ventilateur d’extraction de chaleur et une carte Micro SD 32 Go qui traînait. Puis nous avons branché en façade une ancienne manette clone de SNES achetée il y a quelques années pour… l’émulation sur PC. 

Si on ajoute une seconde manette et un câble HDMI pour coller à l’offre de la SNES Classic Mini, on arrive aux alentours de 110/120 euros avec des manettes de base – la dernière manette new-rétro haut de gamme de 8Bitdo coûte 45 euros à elle toute seule, ce qui aurait alourdi notablement la facture (tout en améliorant le confort).

Manche 1 : simplicité de mise en œuvre

A.B. / 01net.com

Ici, il n’y a pas de match : la SNES Classic Mini de Nintendo écrase le Raspberry Pi. En comptant 30 secondes pour ouvrir la boîte, 10 secondes pour brancher une alimentation, 10 secondes pour le relier à une prise HDMI et 10 secondes d’allumage de la télévision et de la console, vous pouvez jouer à la SNES Classic Mini en une minute montre en main (bon, il faut avoir tout préparé avant, mais c’est possible).

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Côté Raspberry Pi, entre la bonne réception de tous les composants, le montage mécanique de l’ensemble (il faut de petits tournevis cruciformes !), le téléchargement de l’outil de formatage de la carte mémoire et celui du système d’exploitation (nous avons fait le choix de Recalbox), l’installation du système sur la carte mémoire, la première initialisation, la copie des jeux sur la carte SD depuis le réseau et la récupération des bonnes jaquettes des jeux en « scrappant », comptez plutôt quelques heures avant d’avoir une console aussi « propre » et 100% fonctionnelle.

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Attention à l’argumentaire « Certains sites vendent des Raspberry Pi déjà montés avec des cartes mémoires préchargées en jeu » puisque c’est tout simplement illégal : personne n’a le droit de vendre des jeux qui sont la propriété légale de leurs ayants droits (lire la Manche 4 : légalité). Même si vous décidiez de « trouver » vous-même les jeux sur le net, il faudra de toute façon du temps pour tout mettre en place. Cette approche a de bons côtés (lire plus loin), mais en termes de simplicité, on repassera.

Manche 2 : prix total

Nous l’avons vu plus haut, la Super Nintendo Classic Mini coûte dans sa forme finale 90 euros quand on ajoute le chargeur Micro USB officiel. Seulement, avec la taille actuelle des téléviseurs, il est difficile de jouer de manière confortable avec les trop courts câbles des manettes livrées par Nintendo. Il faut ajouter 10 euros (frais de ports inclus) pour ajouter des rallonges de 1,8 m pour les manettes au format propriétaire (merci Nintendo…) soit 100 euros. Vous pouvez aussi ajouter des manettes sans-fil avec des récepteur adaptés de chez 8bitdo, mais cela alourdira sérieusement la facture.

Pour coller avec l’approche filaire de la SNES Mini, nous mettons dans notre devis deux manettes « classiques » dont les meilleures copies se dégottent à 10 euros pièce sur Amazon ou eBay.

La liste des courses est la suivante :

  • Rapsberry Pi 3/3 B+ : 39 €
  • Boîtier Retroflag NESPi : 22 €
  • Carte Micro SD 64 Go : 25 €
  • Dissipateurs Aukru : 4 €
  • Câble HDMI de qualité : 10 €
  • Manettes SNES de base : 10 € pièce, soit 20 €

Soit 120 euros avec des manettes proches de la SNES Classic Mini mais souvent un poil moins bonnes techniquement. Quitte à monter une console à base de Raspberry Pi, autant que les manettes soient les plus polyvalentes possibles. Pour coller à cette polyvalence et aux besoins modernes – sticks analogiques pour la Playstation, communication sans-fil pour le confort – tout en respectant le côté Retrogaming, nous opterions pour deux manettes 8bitdo SFC30 Pro à 45 euros pièce, pour un total de 191 euros, mais ce serait clairement du luxe. Mais il est évident que la majeure partie des utilisateurs ira à l’économie et nous retiendrons donc le prix total de 120 euros (chaque prix a été arrondi au supérieur).

SNES 2 – RPI 0

Manche 3 : intérêt collector

A.B. / 01net.com

Le monde des consoles est ainsi fait que certains produits deviennent parfois rapidement collector. C’est presque le cas pour la NES Classic qui, produite à trop peu d’exemplaires par rapport à la demande, se dégotte souvent à deux fois son prix de lancement à peine un an et demi après sa sortie. Le cas de la SNES est moins extrême puisque Nintendo a produit plus de machines, mais il y a fort à parier qu’une console précieusement conservée se négociera bien plus cher que son prix d’achat dans 10 ou 20 ans. Ce qui ne sera certainement pas le cas d’une console assemblée à la main à base de Rasperry Pi.

SNES 3 – RPI 0

Manche 4 : légalité

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Aucune question ne se pose quant à la Nintendo Classic Mini : outre les jeux maison produits – et parfois développés – par Nintendo himself (The legend of Zelda : A link to the Past, Super Mario World, Kirby’s Dream Course, Yoshi’s Island, F-Zero, Super Mario RPG, Earthbound, etc.), Nintendo a acquis tous les droits de reproduction auprès des studio partenaires qu’ils tels que Square-Enix (jadis Squaresoft) pour Secret of Mana, ou Capcom pour Street Fighter II Turbo par exemple.

Pour le Raspberry Pi c’est plus compliqué… et pas souvent légal il faut bien l’avouer. Quelles sont les conditions pour émuler des jeux légalement ? Primo, vous vous devez de posséder les originaux des jeux, cartouches ou CD/DVD/BD ainsi que, dans certains cas la console – il faut un BIOS propriétaire pour démarrer les ISO de jeux Playstation.

Deuxio – et c’est important – il faut que vous ayez vous-même sauvegardé vos jeux par le biais d’un appareil spécial. Pour la Super Nintendo ou la majorité des consoles à cartouches, l’un des rares modèles d’appareils à être disponible sur le marché est le Retro Freak, un appareil qui permet non seulement d’extraire les jeux… mais qui sert aussi d’émulateur. Autant dire qu’investir 200 € pour le Retro Freak puis encore de l’argent pour un Raspberry Pi d’émulation complet n’a de sens que si vous voulez absolument rester dans la légalité absolue.

Dans la majeure partie des cas, même les détenteurs de jeux originaux passent par la case – illégale donc – du téléchargement des ROMS. Il y a toujours eu une certaine tolérance de la part des entreprises quant à l’émulation – et à bon escient puisque c’est grâce à l’émulation « indépendante » que l’intérêt pour les vieux jeux s’est maintenu ! – mais il est certain que l’immense majorité des utilisateurs sont en infraction avec la loi. Dura lex, peut-être, mais sed lex quand même.

SNES 4 – RPI 0

Manche 5 : catalogue vidéoludique

A.B. / 01net.com
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Si Nintendo gagne haut la main les matchs de la simplicité et de la légalité, dans le domaine de l’offre des jeux, le Raspberry Pi atomise tout simplement la SNES Classic Mini. Avec 20+1 jeux intégrés dans la console avec aucune option d’achat à posteriori, la console de Nintendo est limitée une bonne fois pour toutes à un petit catalogue et une console. En comparaison, le Raspberry Pi équipé d’une distribution telle que Recalbox est capable d’émuler de nombreux systèmes tels que la Super Nintendo bien sûr, mais aussi la NES, la Nintendo 64, le Gameboy, la Megadrive, le PC Engine, la Master Sytem, la Game Gear, la Neo Geo, la Playstation de Sony (et ça fonctionne très bien) et on en passe.

SNES 4 – RPI 1

Manche 6 : confort de jeu (logiciel et matériel)

A.B. / 01net.com

La Super Nintendo a pour elle la qualité de fabrication qu’on attend d’un grand nom du jeu vidéo – et la fiabilité de son matériel. Pas bêtes, les concepteurs de la SNES Mini ont copié la fonction de sauvegarde « en live » des émulateurs (les « save states »), un système qui s’active en appuyant sur la touche Reset de la console en pleine partie – pas très instinctif la première fois ! – et qui offre 4 emplacements de sauvegarde par jeu. Bon point, on peut protéger une sauvegarde à laquelle on tient pour éviter de l’écraser par inadvertance. Du point de vue du confort du joueur, la partition de la SNES n’est pas parfaite : il faut se lever pour faire une sauvegarde en plein jeu pour appuyer sur Reset. Et il faut clairement acheter des rallonges pour les manettes dont les câbles sont trop courts.

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Côté Raspberry Pi, si le logiciel demande une petite phase d’apprentissage – notamment les raccourcis clavier – le potentiel est largement supérieur. Une fois les manipulations à réaliser avec la manette apprises, on peut d’une simple combinaison de touche sauvegarder le jeu en cours, changer d’emplacement de sauvegarde, quitter la partie en cours, lancer un jeu différent d’une autre console ou pas, éteindre la console, modifier le moteur de rendu graphique, etc. Le tout, sans jamais bouger de son siège. La partie logicielle tient évidemment compte de l’émulation et là il faut une petite mise en garde : toutes les émulations ne sont pas 100% parfaites – quelques jeux N64 comme GoldeEye connaissent quelques chutes de débit de trame et nous avons subi quelques plantages lors de l’utilisation de la fonction d’avance rapide avec quelques jeux PSOne (aucun problème si on ne l’emploie pas cependant). Mais mis à part l’émulation de la Neo Geo qui ne s’est pas déroulée de manière parfaite, toutes les plate-formes que nous avons émulées (SNES, Megadrive, Gameboy, PSOne) ont parfaitement fonctionné.

A.B. / 01net.com
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Du point de vue du confort matériel, outre le fait qu’il n’y a pas besoin de se lever pour appuyer sur un bouton, tout dépendra de la qualité des manettes que vous allez utiliser. Mais dans l’absolu, le joueur qui tient à son plaisir de jeu et aura donc acheté une bonne manette sera bien plus confort qu’avec une SNES Classic Mini. Qu’on utilise une manette de Xbox ou de Playstation, avec ou sans-fil (il suffit d’un dongle officiel pour appairer une manette au Raspberry Pi sous Recalbox) ou qu’on opte pour une manette de l’excellent constructeur chinois 8bitdo, les possibilités de combinaisons de touches (L2, R2 ou encore les sticks analogiques, etc.) et le confort de jeu est largement meilleur.

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Si vous investissez suffisamment dans les manettes et que vous prenez le temps d’apprendre les quelques combinaisons de touches nécessaires, le confort matériel et logiciel d’utilisation du Raspberry Pi écrase la SNES Classic Mini.

SNES 4 – RPI 2

Manche 7 : polyvalence et intérêt long terme

A.B. / 01net.com

Toute mode passe et les humains sont souvent prompts à se lasser – sauf pour les pizzas. Le risque pour un console limitée dans son catalogue comme la SNES Classic Mini est de finir abandonnée dans un tiroir ou sur une étagère. Passé les joies de retrouvailles, il est certain que nombres de joueurs vont retourner à leur smartphone (où il existe de nombreux émulateurs…), à leur Switch, leur PS4, leur PC, etc. abandonnant la petite console à son triste sort.

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De l’autre côté, le Raspberry Pi est bien plus recyclable. Car ce n’est pas qu’une console : avec un système d’exploitation, un Raspberry Pi est un petit ordinateur de bureau d’appoint. Avec une autre distribution c’est un lecteur ou un serveur multimédia, un NAS de fortune, un VPN personnel ou encore un outil de pilotage d’astrophotographie… voire un serveur de streaming audio. Petit ordinateur roi de la scène des hackers, bidouilleurs et autres passionnés, le Raspberry Pi pourra connaître une autre vie dans un autre produit. Et rend donc l’investissement plus pérenne et plus écologique car il évite l’effet déchet qui traîne. Même ses manettes peuvent à nouveau vous servir sur un PC ou un Mac voire un terminal mobile si elles sont sans fil. Un point de plus à la carte à base de framboise.

SNES 4 – RPI 3

Manche 8 : intérêt culturel & intellectuel

D’un côté on a un produit fini, simple « Plug & Play » qui ne vous donne rien à penser. De l’autre on a un mini-ordinateur qui vous forcera à utiliser (un peu) vos méninges, à chercher des guides d’installation et d’assemblage, à surmonter de (petits) problèmes. Autant de stimulations de neurones qui sont autant de portes ouvertes à des questions du genre « Et comment je fais fonctionner ce jeu traduit et patché par des fans ? », « Quelle est la meilleure distribution d’émulation ? » ou encore « L’émulation ça me saoule, que puis-je faire de vraiment utile avec mon Raspberry Pi ? ». Au-delà du « Plug & Play » de Nintendo, le Rasberry Pi offre une approche « Think & Work & Play & More » qui est plus intéressant… pour les geeks. Le Raspberry Pi reçoit donc un dernier point.

SNES 4 – RPI 4

Score Final : 4 – 4

Quelle console pour qui (et pour quoi) ?

Quatre points partout : pas besoin de jouer des prolongations, puisque l’égalité entre les deux machines marque l’existence de deux approches bien différentes (qui ne s’opposent pas forcément). La première c’est celle du consommateur qui cherche le plaisir immédiat d’un retour à son enfance/adolescence (ou la découverte de vieillerie pour nos lecteurs plus jeunes !) et qui ne veut pas se prendre la tête. La seconde c’est celle, plus geek et plus passionnée, de la bidouille, éventuellement de la découverte pour ceux qui n’ont jamais touché de Raspberry Pi et de ce plaisir (retrouvé !) de « mériter » son jeu et de comprendre (un peu) comment tout cela fonctionne. La SNES Classic Mini est à privilégier pour une cible qui cherche le plug-and-play. Nos amis bidouilleurs achèterons un Raspberry Pi qu’ils configureront aux petits oignons.

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