Après Snapchat et ses Spectacles, Facebook (Meta) tente lui aussi l’aventure des lunettes connectées. Il a lancé ce jeudi 14 avril la commercialisation des Ray-Ban Stories en France. Elles étaient disponibles dans quelques pays ailleurs dans le monde depuis la fin de l’année dernière, ce qui avait permis à 01net.com de les essayer une première fois.
Comme leur nom l’indique, elles sont fabriquées et commercialisées par Ray-Ban, ou plutôt EssilorLuxottica, à qui appartient la marque. Au lieu d’inventer un design totalement nouveau, les partenaires s’appuient sur trois modèles Ray-Ban iconiques de vue et de soleil. Il y a de nombreuses combinaisons possibles suivant les verres ou les couleurs pour des tarifs assez élevés puisque cela débute à partir de 329 euros quand même. J’ai testé la version Round bleu foncé classique.
Un design et des finitions impeccables
L’intégration de la technologie et les finitions sont très réussies. Il fallait quand même incorporer un module Bluetooth, deux caméras 5 Mpix, trois micros et des haut-parleurs dans ce produit ! Et cela ne se voit pas. Résultat, les lunettes ne pèsent que cinq grammes de plus que la version originale non connectée. Tout juste peut-on observer que les branches sont plus épaisses, sans que cela gâche leur esthétique.
Le tout est confortable et facile à porter. Le boîtier de transport s’avère également très bien pensé puisqu’il permet de recharger automatiquement les lunettes sans y penser. Heureusement, parce que les lunettes ne disposent que de 3 à 6 heures d’autonomie. Vous devrez malgré tout penser aussi à recharger le boîtier à la fin de la journée.
Les Ray-Ban Stories permettent de prendre des photos, des vidéos (jusqu’à 60 secondes) et d’écouter de la musique. La fonctionnalité d’appel vocal qui s’appuie sur l’application Messenger n’est pas encore disponible en français.
Vous devez à la fois relier vos Ray-Ban Stories à votre compte Facebook, et télécharger l’application dédiée Facebook View pour appairer le produit à votre smartphone.
Il y a deux moyens d’interagir avec les lunettes. En les touchant tout d’abord. Il faut appuyer brièvement sur le pavé tactile situé au-dessus de la branche droite de la monture pour lancer une vidéo et une nouvelle fois pour arrêter. On presse plus longuement pour faire une photo. On balaye la branche droite pour modifier le volume audio.
Il est aussi possible d’utiliser l’assistant vocal disponible depuis peu en français. Les lunettes s’interpellent avec un « Hey Facebook » ou tout autre commande que l’on aura préalablement personnalisée. Le tout fonctionne de manière plutôt fluide, même si on a régulièrement déclenché la musique sans le vouloir en enlevant ou en remettant les lunettes.
La qualité des images est correcte
Les photos affichent 2592 X 1944 pixels et les vidéos 1184 X 1184 pixels. La qualité des clichés reste quand même assez moyenne. Le résultat est correct en extérieur avec une bonne luminosité.
Mais dès qu’on se retrouve en intérieur, l’image se dégrade.
La palette est plutôt terne avec certaines couleurs qui ressortent de façon un peu trop vive comme le vert. Bref, il est préférable de recourir à son smartphone pour obtenir de meilleures photos !
Apprendre à cadrer depuis ses yeux
Il n’est pas non plus évident de cadrer depuis ses yeux alors que l’on a aucun retour sur ce que l’on fait. Il nous est parfois arrivé de retrouver des photos de travers parce que la monture n’était pas droite sur notre nez.
Le pire, ce sont les cheveux qui viennent masquer l’objectif sans que l’on s’en aperçoive, traçant comme des stries de haut en bas des photos, comme on peut le voir ci-dessous.
Il n’est pas possible de zoomer et l’angle obtenu à la hauteur de nos yeux n’est pas non plus forcément le plus approprié pour saisir quelque chose sur le vif. Enfin, on ne pense pas spontanément à rester immobile et à se positionner bien en face de l’objet que l’on veut photographier.
Alors, certes, le mode mains libres se montre intéressant dans certaines situations comme c’est le cas avec une caméra embarquée de type GoPro. Capturer des moments où l’on joue au foot, fait du vélo, court ou cuisine sans avoir à s’interrompre pour dégainer son smartphone, c’est pratique et ludique. Toutefois, même si la stabilité est relativement bonne, on remarquera que les vidéos bougent en fonction des oscillations de la tête quand on se déplace. Là encore, le résultat n’est donc pas complètement satisfaisant.
Une LED et des objectifs pas assez visibles
Mais l’aspect le plus problématique de ces Ray-Ban Stories, c’est le respect de la vie privée. Meta a dressé un code de bonne conduite dans lequel il recommande à ses utilisateurs de respecter la décision des gens qui ne voudraient pas être filmés ou photographiés et de ne pas réaliser de prises de vues dans des lieux privés.
Il a aussi mis en place quelques garde-fous. Il n’est pas possible de faire de vidéo live avec les lunettes sur les réseaux sociaux, ni de mettre en ligne directement des clichés depuis les lunettes. Une LED blanche s’allume enfin lorsque l’on prend une photo ou une vidéo pour avertir l’environnement.
Le problème, c’est que ce signal lumineux est tout petit et peu visible de l’extérieur, surtout en plein soleil. Par ailleurs, les capteurs photo sont, eux aussi, extrêmement discrets. Pour comparaison, ceux des Spectacles de Snapchat étaient beaucoup plus imposants et identifiables.
Nous avons lancé des vidéos dans les transports en commun, dans des supermarchés, dans la rue, ou aux terrasses de cafés. Partout où nous sommes allées, personne n’a paru se rendre compte que nous filmions. S’il est impossible de réduire l’intensité de la LED, il est cependant faisable de la masquer. Il y a bien également des notifications sonores, mais elles sont destinées à celui qui porte les lunettes et on ne peut les entendre que lorsque l’on se trouve vraiment très près.
Les lunettes Ray-Ban Stories peuvent donc tout à fait être utilisées comme un outil d’espionnage par une personne malintentionnée. Sans aller jusque-là, savoir que tout le monde pourrait potentiellement photographier et filmer sans que cela se remarque, et conserver ces images indéfiniment, est quand même sacrément intrusif et effrayant.
Certes, aujourd’hui, personne ne s’attend à ce que des gens qui portent des lunettes puissent vous filmer. D’où la volonté de Meta de réaliser des campagnes de communication pour informer sur ce nouveau type de produit et apprendre à l’utiliser. On doute que cela suffise.
Près de dix ans après l’échec des Google Glass, ce type de lunettes connectées se heurte toujours au même obstacle : celui du respect de la vie privée. D’après nous, les Ray-Ban Stories n’apportent pas suffisamment de garanties pour la protéger.
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