La nouvelle a sonné comme un coup de tonnerre dans le petit monde d’Internet. Après avoir développé ses propres applications en ligne, puis son système d’exploitation pour mobiles Android, le numéro un des moteurs de recherche
dégaine un navigateur Web. Baptisé Chrome, il sera téléchargeable en version bêta pour Windows dès ce mardi 2 septembre 2008 à 20 heures. Des déclinaisons pour Mac et Linux seront disponibles ultérieurement.Pour les spécialistes du secteur, l’arrivée de l’américain sur ce secteur va de soi. Le navigateur est en effet le meilleur outil pour collecter des informations au c?”ur de la stratégie de Google. ‘ Que ce
soit pour son algorithme de recherche ou pour ses publicités, Google a besoin de données comportementales. D’un côté, le moteur de recherche tient compte du trafic des sites Internet pour affiner ses résultats. De l’autre, ses outils publicitaires
ciblent les annonces en fonction des profils des internautes ‘, rappelle Olivier Andrieu, consultant indépendant et éditeur du site
abondance.com.Comme tous les navigateurs, Chrome pourrait donner accès à Google à des informations précieuses comme l’adresse IP de l’utilisateur, mais aussi à son historique de navigation, aux mots-clés qu’il tape ou encore aux pages Web qu’il
consulte le plus souvent. Bref, à ‘ toutes nos habitudes de consommation et de vie virtuelle. Elles passent toutes par un navigateur ‘, poursuit Olivier Andrieu. Google obtient déjà ce type
d’informations depuis sa barre de recherche, mais celle-ci est loin d’être implémentée dans tous les navigateurs du marché. Posséder son propre outil permettra à Google d’obtenir un nombre de données beaucoup plus important.
Contrer Microsoft et son mode de navigation privée
Au passage, Google s’attaque au pré carré de Microsoft et à Internet Explorer qui reste encore le navigateur le plus utilisé. En mars 2008, selon le dernier pointage du baromètre de Xiti, sa part de marché en Europe atteint
65 %, devant Firefox (28,8 %), Opera (3,3 %) et Safari (2,3 %).La riposte pour le moteur de recherche devenait urgente, d’autant qu’IE 8, la dernière version du logiciel, risque de
mettre à mal la collecte de données comportementales chère à Google. Disponible depuis quelques jours, la bêta 2 d’IE 8
dispose d’un
mode de navigation privée. Celui-ci permet de surfer sans laisser aucune trace sur son PC qu’il s’agisse de
cookies ou d’historique de navigation. Des données jusqu’ici collectées par les publicitaires ou éditeurs de sites pour proposer des annonces ciblées.Selon toute vraisemblance, le navigateur de Google devrait être rapidement décliné sur mobile. Un secteur pour lequel l’américain ne cache pas son intérêt et où Microsoft est encore peu présent. D’autant que Chrome, sur le papier, a
plus à voir avec un système d’exploitation qu’avec un simple navigateur Web affichant des pages HTML.Ainsi, il devrait permettre de faire tourner directement depuis son interface des applications, qu’elles aient été développées par le moteur de recherche ou non. L’utilisateur passerait de l’une à l’autre par un système d’onglets, comme
il le fait déjà en navigant sur Internet avec Firefox ou depuis la version 7.0 d’Internet Explorer. Mais ici, chaque onglet fonctionnerait de manière indépendante. Chrome pourrait alors traiter de manière simultanée un téléchargement, une
application ou une simple page Web comme le font les systèmes d’exploitation avec leur mode multitâche.Reste à savoir si le navigateur à la sauce Google sera adopté par les utilisateurs. ‘ Tout va se jouer dans les jours qui viennent. Avec la force de frappe de la marque, il y a fort à parier qu’il soit beaucoup
téléchargé. Mais si le lancement des applications prend trop de temps depuis le navigateur, les internautes retourneront à Firefox. Ce n’est pas parce qu’un outil s’appelle Google qu’il est largement adopté et qu’il
fonctionne ‘, conclut Olivier Andrieu.Retour au dossier
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