Un coup de tonnerre. Selon Mark Gurman, Apple est en train de préparer l’ouverture, à marche forcée, d’iOS. Tout pourrait commencer par l’autorisation de magasins applicatifs tiers et continuer par l’ouverture du système de messagerie et le grand remplacement d’applications par défaut sur ses iPhone et iPad.
Le géant américain s’y voit en effet contraint par le règlement sur les services numériques, ou DSA, en anglais, et le règlement sur le marché numérique, ou DMA. Ces deux lois européennes obligent les grands acteurs du numérique (les GAFAM principalement) à ouvrir leur plate-forme à la concurrence et à offrir plus de choix à leurs utilisateurs. Une obligation positive, mais qui pose effectivement de nombreuses questions, notamment sur la sécurité des appareils, surtout dans le cadre très clos de l’App Store, d’Apple. Cette unique porte d’entrée des applications sur iOS a été, jusqu’à présent, une des raisons de la bonne sécurité du système d’exploitation mobile.
La forteresse App Store fortement ébranlée
Quoi qu’il en soit, d’après le journaliste de Bloomberg, les développeurs et les ingénieurs en charge des services travailleraient d’arrache-pied à permettre l’ouverture des éléments clés des plates-formes d’Apple.
Ainsi, ils mettraient en place la possibilité pour les utilisateurs d’iOS et d’iPadOS d’installer des applications sans passer par l’App Store, d’Apple. Le sideloading, comme on l’appelle, a longtemps motivé le jailbreak des smartphones du géant californien et a également été au cœur d’une bataille judiciaire entre Apple et Epic Games aux Etats-Unis.
La fin de l’App Store comme unique porte d’entrée pourrait avoir des conséquences en matière de sécurité – c’était d’ailleurs un des arguments majeurs d’Apple dans sa campagne de communication et de lobbying avant le vote du DMA et du DSA. Même s’il faudra attendre pour prendre la mesure des changements éventuels dans ce domaine, et qu’Apple aura certainement à développer de nouveaux outils pour maintenir la sécurité de ses utilisateurs.
D’ailleurs, pour protéger les utilisateurs des applications à risque, les ingénieurs d’Apple réfléchissent à rendre obligatoire certains prérequis de sécurité, même si le logiciel est téléchargé hors de l’App Store. Ces applis pourraient également devoir être vérifiées par Apple, comme c’est le cas actuellement avant la distribution. Bien entendu, cette vérification aurait un coût, une nouvelle forme de commission. On imagine qu’elle serait bien entendu moins importante que le minimum des 15% actuels.
App Store, achats intégrés et manne providentielle
Par ailleurs, selon Mark Gurman, Apple n’aurait toujours pas tranché un point essentiel du Digital Markets Act : les développeurs seront-ils autorisés à installer des systèmes de paiement tiers au sein de leur appli ? Autrement dit, les développeurs pourront-ils contourner la commission d’Apple sur les achats intégrés ?
On touche là évidemment au cœur du problème pour Apple. La fin du contrôle quasi-total sur l’App Store unique représente en effet un fort manque à gagner potentiel. Même si sa commission de 30% ne s’applique plus à toutes les applications et services au sein de son App Store, la manne que représentent les différentes commissions est un véritable torrent de revenus annuels. Apple pourrait donc être tenté de ne pas l’assécher trop rapidement.
Ainsi, l’Europe a représenté pas moins de 95 milliards de dollars de revenus au cours du dernier exercice fiscal d’Apple, toutes sources confondues. L’App Store pèserait pour 6% des revenus totaux du géant, et seulement 2% seraient générés par l’Europe, selon les analyses chiffrées de Bloomberg.
Afin de ne pas compromettre totalement cette source de revenus, et selon les sources de Mark Gurman, les nouveaux ajustements apportés à iOS seraient pensés pour n’être appliqués qu’en Europe dans un premier temps.
Le travail réalisé pourrait toutefois servir de base si d’autres pays ou régions du monde imposaient un cadre légal similaire. Les Etats-Unis, principal marché d’Apple, sont en train de travailler à un projet législatif assez semblable au DSA européen.
Apple va donc devoir apprendre à composer avec la concurrence, et à partager ce gâteau. C’est sans doute une grande nouvelle pour les utilisateurs et pour les développeurs – surtout les plus gros d’entre eux qui ne pouvaient échapper à la « taxe » des 30% que dans certains cas – si leur application entrait dans certaines catégories : News Partner Program pour les médias, accords plus ponctuels avec des acteurs du streaming comme Amazon Prime Video, etc.
Une ouverture à tous les niveaux
Mais l’App Store n’est pas le seul changement auquel Apple va être confronté. Les deux textes vont lui imposer d’autres contraintes en mettant en avant le choix laissé aux utilisateurs. Par exemple, il devrait être possible de facilement changer une application par défaut. Apple a déjà commencé à s’ouvrir sur ce point, et permet désormais de supprimer la plupart de ses applications natives. Néanmoins, il existe encore des verrous forts, c’est notamment le cas autour de son navigateur. Non seulement Safari demeure un pilier d’iOS mais techniquement tous les autres navigateurs disponibles sont obligés de recourir au même moteur de rendu, WebKit, porté par le géant de Cupertino.
Apple s’attellerait également à ouvrir davantage de ses API à des applications tierces. Cela reviendrait à donner plus d’accès à des fonctions centrales d’iOS à des applications éditées par d’autres acteurs.
Certains éléments matériels pourraient également se voir ouverts plus largement. Ce serait ainsi le cas des modules et technologies d’appareils photos ou de la puce NFC, qui n’est accessible que par l’appli Cartes, d’Apple. Cela devrait bénéficier aux utilisateurs en leur offrant plus de choix, même si la question de la sécurité n’est jamais très loin.
Le cas épineux de Messages
Plus stratégique encore, pour se différencier de la concurrence, Messages va être au cœur de la tourmente. Car il va devoir non seulement devenir plus accessible à des développeurs tiers mais être également interopérable avec les autres plates-formes de messagerie. Or, il suffit de voir le feu roulant entretenu par Google pour qu’Apple adopte le standard RCS pour comprendre que la route va être longue. La société de Tim Cook semble envisager l’interopérabilité, mais sans ce standard, qui est de facto désormais celui de Google et mis en avant par la société de Mountain View.
A en croire le journaliste de Bloomberg, les ingénieurs d’Apple pensent également que l’ouverture de Messages (et des iMessages) pourrait menacer le chiffrement de bout en bout offert par la plate-forme et les autres fonctions de protection de la vie privée des utilisateurs, qu’elles aient été introduites dès le début ou renforcées récemment.
En urgence pour iOS 17
Mark Gurman indique que l’effort d’adaptation pour les logiciels et les services d’Apple est mené respectivement par Andreas Wendker pour la partie software, et par Jeff Robbin pour la partie service. Le premier est un vice-président du logiciel depuis longtemps au sein d’Apple et est placé directement sous les ordres de Craig Federighi. Tandis que le second répond directement à Eddie Cue.
Selon le journaliste de Bloomberg, Apple investit une « quantité significative de ressources dans cet effort ». Évidemment, ce projet n’est pas très populaire au sein de l’entreprise, puisqu’il va à l’encontre de toute la stratégie mise en place jusqu’à présent. Certains développeurs verraient également ce chantier comme une distraction malvenue qui ralentit les développements de fonctions futures importantes, selon certaines sources de notre confrère.
Or, Apple suit un calendrier serré puisque tous ces changements devraient être intégrés dans iOS 17. Soit la prochaine génération du système d’exploitation mobile des iPhone, qui sera vraisemblablement introduite en juin prochain lors de la keynote d’ouverture de la WWDC.
Les conséquences du règlement sur les services numériques et du règlement sur le marché numérique sur les géants de la tech, en général, et Apple, en particulier, n’ont pas fini de faire parler d’elles, ou même de se dévoiler. Une chose est certaine, le géant de Cupertino va devoir s’adapter comme il n’a jamais eu à le faire. Au vu des chantiers esquissés, on comprend que l’adoption de l’USB-C par Apple, également imposée par l’Union européenne, ne soit finalement que le cadet de ses soucis …
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Source : Bloomberg
Maintenant à chaque fois que je vois Craig Federighi je pense à Don’t look up…
“Une obligation positive” ? Ah non…… je préférè un système fermée avec pratiquement aucune chance pour un virus de passer sur une appli du store officiel….. une fois ouvert c’est pièges et risques a gogo….. Bientot on va obliger Nintendo a rendre ses consoles compatibles PS5….. pffff et certains sont payés pour ca…..