Six ans après sa création, la Hadopi ne semble plus vraiment dissuasive vis-à-vis des internautes téléchargeant illégalement des films. Mais si en France la mise en garde se fait de manière mesurée, les Américains peuvent faire face à des organismes – privés cette fois – bien plus agressifs. Récupérer de l’argent auprès de ceux qui ne respectent pas le copyright est même devenu une activité à part entière. Et Rightscorp, l’un des leaders du secteur, envisage de prendre le navigateur des utilisateurs en otage pour les forcer à payer.
L’argent ou le procès
Selon le site Torrent Freak, il développerait un système baptisé Scalable Copyright qui permettrait d’envoyer des avertissements sous forme de notifications sur le navigateur. Le but étant d’éviter l’envoi de mails trop souvent ignorés au goût de l’entreprise. Au bout d’un certain nombre d’alertes, le navigateur se retrouverait complètement bloqué. Seule solution, sortir sa carte bancaire et régler quelques dizaines de dollars.
Depuis quelques années, Rightscorp s’est spécialisé dans ce domaine en envoyant des mails menaçants à ceux qui auraient enfreint la loi. L’entreprise a développé des partenariats avec de nombreux fournisseurs d’accès à internet (FAI) américains pour récupérer les noms associés aux adresses IP, comme le fait la Hadopi en France avec le concours de l’entreprise TMG. Sauf que le ton est un peu plus incisif. Pour éviter d’être poursuivi en justice – et risquer une amende pouvant atteindre 150 000 dollars, l’internaute est incité à payer sur le champ une trentaine de dollars. Une partie de la somme est ensuite reversée aux ayants droits.
Un précédent en France
Malheureusement pour Rightscorp, les personnes concernées ne cèdent pas facilement au chantage, sans doute conscientes qu’une action en justice serait bien trop coûteuse pour l’entreprise. En 2015, l’entreprise a d’ailleurs accusé une perte nette de 3,5 millions de dollars.
Le développement de Scalable Copyright sonne comme une dernière tentative pour soutirer massivement de l’argent aux internautes. Mais les FAI américains pourraient bien ne pas suivre l’initiative de Rightscorp, de peur d’être perçus comme un peu trop intrusifs par leurs clients.
En France, un tel système aurait peu de chances de voir le jour. En 2007, une avocate française avait elle-même tenté d’agir de la sorte, demandant 400 euros aux internautes accusés d’avoir piraté le jeu Call of Juarez. Elle avait été lourdement condamnée par le Conseil de l’Ordre du Barreau de Paris. Finalement, l’initiative de Rightscorp ressemble surtout à un nouvel aveu d’impuissance face au piratage.
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