Après Leica qui annonce le retour de son M6 et Fujifilm qui popularise l’instantané depuis des années, la « vague » argentique se consolide encore un peu plus aujourd’hui avec l’annonce de Ricoh/Pentax du lancement du développement d’un nouvel appareil photo à pellicules. En pointe au début de l’ère numérique avec ses excellents reflex K, Pentax a enchainé les erreurs marketing et technologiques : l’entreprise a investi très vite – mais très mal – sur les hybrides, avant de rétropédaler et de couper tout développement dans ces secteurs. Entre ses hybrides à petit capteur de compact sans aucun intérêt et son K-01 moche, peu ergonomique et lent comme un veau, c’est peu de dire que l’entreprise n’a pas su prendre ce virage. Rachetée par Hoya dans un premier temps (2006), puis par le champion des photocopieurs Ricoh (2011), Pentax semblait être condamnée à continuer de servir lentement sa base d’utilisateurs reflex. Ainsi que les fans de ses (excellents) compacts à capteur APS-C, les Ricoh GR. Dans les deux cas, des appareils de niche à l’ère des smartphones et des hybrides.
Lire aussi : L’argentique n’est pas mort : Leica (re)lance le M6, son génial appareil photo à 5 000 euros (oct. 2022)
Mais c’était sans compter un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur : le retour de l’argentique. Assez comparable au mouvement de retour en grâce des vinyles dans la musique – besoin de rompre avec la perfection et l’instantanéité du numérique –, un mouvement d’importance agite le monde de la photo argentique. Et ce, contre tout logique marché. En baisse depuis des années, les volumes de production de pellicule se sont effondrés, de nombreuses références ont disparu… mais de nouveaux utilisateurs, souvent très jeunes, se sont rués sur les stocks pour (re)découvrir cette photo d’un autre âge. Faisant au passage exploser les prix : à 10-15 € la pellicule de 36 poses Kodak Tri-X 400 et jusqu’à 20 € (!) la pellicule couleur Portra 800, les prix ont au moins triplé. Ce qui n’arrête pas les consommateurs. Et vient donc réveiller doucement les industriels.
Pentax parie sur la communauté, mais le savoir-faire est-il encore là ?
Dans son communiqué, Ricoh (propriétaire de Pentax) met l’accent à plusieurs reprises sur les « fans de la marque ». Car comme pour toutes les marques de photo, Pentax, dont la carrière commence en 1919 sous le nom d’Asahi Optical (rien à voir avec la bière), se taille une réputation avec des modèles emblématiques : entre le Spotmatic F, le K1000 ou l’Espio Mini, la marque signe de beaux succès tant dans les reflex que les compacts. Et même en moyen format argentique, avec le légendaire Pentax 6×7. Connus pour leur robustesse, les boîtiers Pentax ont une « âme » pour les amoureux de la marque. Des amoureux que l’entreprise compte bien courtiser.
Lire aussi : Les scanners nouvelle génération des aéroport dégradent les pellicules photo (jan. 2020)
Si ce contact avec ses potentiels clients devrait aider Ricoh/Pentax répondre à la question du type de boîtier à concevoir – compact ? Reflex classique ou moyen format ? –, l’entreprise ne peut compter que sur elle pour la production d’un tel produit. C’est pourquoi elle fait référence à « toutes les générations d’ingénieurs » pour sa conception et son industrialisation. Le défi est de taille pour Ricoh : cela fait belle lurette que les ingénieurs mécaniques sont à la retraite. Et son éphémère patron, Hoya (de 2006 à 2011) avait fermé le site de production de Tokyo pour délocaliser aux Philippines et au Vietnam. L’entreprise va donc devoir aussi bien un travail de veille communautaire très moderne (réseaux sociaux, etc.) et une chasse aux « anciens talents ». Sans se laisser entraîner dans des projets titanesques. Car la question de la durée de cette mode se pose. Notamment chez les fournisseurs de la « matière première » de la photo argentique : les vendeurs de pellicule.
La vogue de l’argentique, une mode durable ?
Pour avoir récemment échangé avec un cadre d’une grande marque, les professionnels des pellicules sont dans bien plus dans l’attente que Leica ou Ricoh/Pentax. Car si lancer un appareil a un coût, agrandir une usine est une autre paire de manches. « Nous avons bien vu la demande (de pellicules) croître de manière importante. Mais il se pose à nous la question de la pérennité de cette demande. Agrandir les usines est déjà une opération coûteuse, mais il faut surtout pouvoir les faire tourner ensuite pendant des années. Est-ce que cette mode va tenir ? Nous allons voir et nous adapterons en conséquence », poursuit notre source qui a préféré rester anonyme.
Lire aussi : Photo instantanée : l’irrésistible ascension de l’Instax de Fujifilm (nov. 2017)
Nul doute que Ricoh/Pentax, quoi sur la brèche, fera très attention aux dépenses et va tâcher de cibler au plus juste pour son futur appareil dont l’entreprise ne donne pas les contours… pour ne pas décevoir. Car si une horde de « vieux » pourraient baver devant des appareils de pointe comme un Pentax 67 plus moderne ou un reflex tout mécanique, la vraie cible de Ricoh/Pentax n’est pas les rêveurs, mais ceux qui vont bel et bien passer à la caisse. Et pour cela, il faut que l’appareil soit accessible et achetable, comme l’explique bien le communiqué : « Le but de Ricoh Imaging est de proposer un appareil PENTAX qui exige un minimum de temps et d’efforts dans la pratique pour finalement procurer plaisir et satisfaction aux utilisateurs. » Pas un concurrent du Leica M6 donc, mais sans doute un concurrent des appareils Lomography. Un compact moins couteux et plus facile à sourcer (plus de composants plastiques) semble un bon départ pour initier, qui sait, un vrai retour de l’argentique !
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
Ben oui ! En HIFI on relance la platine Vynil. pourquoi pas. Ca fait passer le temps.
Pourquoi ne pas partir sur une réactualisation du Pentax ME qui fit merveille en son temps ? Il était petit, rapide, fiable, pratique et rassurant en voyage.
Une bonne base pour retrouver l’argentique. Le plastique risque d’avoir du mal à séduire les nostalgiques comme les nouveaux adeptes de l’argentique en quête de perfection.
Le meilleur appareil photo du monde est hybride au vrai sens du terme, ainsi il peut supporter, des dos argentiques 6X7, 6X9, Les meilleurs dos numériques interchangeables ainsi que les dos Polaroïd. En reprenant la carcasse de leur fabuleux 6X7, en l’allégeant ça pourrait le faire et moins stupide que reprendre de l’argentique en 24X36, surtout que la compagnie de ce super appareil photo Suisse ne refuse pas les “joint ventures” avec bien des fabricants.
Du grand n’importe quoi. J’ai un Hasselblad 500 CM, un Spotmatic 2, un Nikon f80, un f5 et le merveilleux FM3A. Sortir un nouvel argentique tout plastique? Ce serait comme acheter une Ferrari avec un moteur de 2 CV. Et j’utilise encore mon FM3A et mon F5, même si j’ai un paquet de Nikon numériques: D7100, D800E, D850, Z6, Zfc et Z9.
Comme professionnel j’ai longtemps travaillé avec des Hasselblad et des Nikon argentiques. Aujourd’hui je suis retraité et j’ai revendu tout mon matériel argentique. Je ne photographie qu’avec un smartphone, même pour monter des expositions sur le paysage, (même en noir et blanc). Et je passe moins de temps maintenant devant mon pc qu’auparavent en chambre noire…
Avec le numérique tout le monde est photographe, et c’est plutôt une bonne chose…
… oui … moi aussi j’utilise mon smartphone … j’étais plutot canon ? … 😉 un vieux débat qui ressemble a PC apple ? … que tous est accès à la photo en un clic ? … c’est un fait .. ca retire un peu le coté élitiste ? … mais c’est comme ca !!! vais je acheter une pellicule pour réessayer mon FTB et comparer les résultats ? !!! à suivre …