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Pas de réseau social avant 17 ans : aux États-Unis, le ton se durcit contre les plateformes

En Floride, les moins de 17 ans pourraient, dans quelques semaines, ne plus pouvoir accéder aux réseaux sociaux. À New York, la ville estime que les moins de 14 ans ne devraient pas pouvoir s’inscrire sur les plateformes, décrites comme « un véritable problème de santé publique ». Ces mesures s’inscrivent dans une volonté de davantage protéger la santé mentale des enfants et des adolescents des plateformes comme TikTok ou Instagram.

Alors qu’en France, Emmanuel Macron souhaite instaurer « un contrôle des écrans » pour les jeunes, aux États-Unis, deux annonces en ce sens sont survenues ce jeudi 25 janvier. Dans deux États américains, les autorités ont déclaré vouloir protéger davantage la santé mentale des jeunes face aux réseaux sociaux. D’un côté, la Floride est sur le point d’adopter une loi qui interdit aux mineurs de 16 ans et moins d’accéder aux réseaux sociaux. Cette mesure devrait conduire les plateformes comme Instagram ou TikTok à supprimer les comptes existants des moins de 17 ans, et à mettre en place un système de vérification d’âge par une société tierce, rapporte l’agence de presse Reuters, ce jeudi 25 janvier.

« Nous devons nous attaquer aux effets néfastes des réseaux sociaux sur le développement et le bien-être de nos enfants. La Floride a un intérêt étatique et un devoir impérieux de protéger nos enfants, leur santé mentale et leur enfance », a déclaré le président de la Chambre des représentants de la Floride, Paul Renner, sur son compte X.

Pas de smartphone ou de réseau social avant 14 ans

De l’autre, la ville de New York vient de publier un avis dans lequel « l’utilisation et l’accès illimité aux réseaux sociaux » sont décrits comme « un risque pour la santé publique », voire « un poison environnemental ». Le département de la santé de la ville exhorte les parents et les soignants à retarder, jusqu’à l’âge de 14 ans au moins, l’accès à un smartphone ou aux réseaux sociaux, relate Axios, ce jeudi 25 janvier. Les autorités ont également demandé aux législateurs d’adopter des mesures pour protéger les jeunes des « pratiques prédatrices des plateformes ».

Eric Adams, le maire de la ville, estime qu’il ne laissera pas « les grandes entreprises technologiques mettre nos enfants en danger ». Il demande aux New-Yorkais de « plaider pour que les entreprises de réseaux sociaux rendent des comptes et fassent avancer les réformes qui protègent les jeunes des pratiques nuisibles et prédatrices ».

Plusieurs actions en justice contre les réseaux sociaux

Depuis des années, les chercheurs s’inquiètent des effets des réseaux sociaux sur la santé mentale des enfants, des adolescents et des jeunes adultes. Meta est poursuivi aux États-Unis par une quarantaine d’États américains. Le groupe de Mark Zuckerberg, qui regroupe Facebook et Instagram, est accusé d’« exploiter des technologies puissantes et sans précédent pour attirer (…) et (…) de piéger les jeunes et les adolescents ». TikTok a aussi fait l’objet de plusieurs poursuites, tout comme X. Pour faire face à cette bronca, certains ont annoncé avoir pris des mesures pour davantage protéger les jeunes. Depuis quelques semaines, les réseaux sociaux multiplient les annonces, à quelques jours d’une audition prévue de longue date devant le Sénat américain. Le 31 janvier 2024, les dirigeants de Meta, TikTok, Snapchat, X et Discord devront répondre aux questions de la chambre basse américaine, sur la protection des mineurs en ligne.

À lire aussi : Meta attaqué par 41 États américains : Instagram et Facebook sont accusés de nuire à la santé mentale des jeunes

Pour les auteurs du projet de loi de Floride, supprimer l’accès aux mineurs de 16 ans (et moins) est le seul moyen de véritablement protéger les enfants. Dans le pays, d’autres États ont déjà adopté des lois similaires, comme l’Arkansas, la Louisiane, l’Ohio et le Texas. Mais pour ses pourfendeurs, la mesure d’interdiction irait beaucoup trop loin. Certains plaident pour une « obligation moins radicale », comme passer par un système d’autorisation parentale pour que les mineurs puissent utiliser les réseaux sociaux.

Le problème de la vérification de l’âge

Meta, la maison mère d’Instagram, de Facebook et de WhatsApp, milite en ce sens. D’autant que pour le groupe de Mark Zuckerberg, la loi adoptée en Floride par la Chambre des représentants exigerait, en pratique, que chaque utilisateur, qu’il soit mineur ou majeur, fournisse « des informations d’identification potentiellement sensibles, telles qu’un permis de conduire ou un certificat de naissance, à une organisation tierce pour vérifier leur âge », a expliqué Caulder Childs, en charge des affaires publiques chez Meta, à la chambre des Représentants, lors d’une audience du 17 janvier.

Jusqu’à présent, fournir une pièce d’identité officielle n’est pas requis pour s’inscrire sur un réseau social. Selon le projet de loi de Floride, il faudrait passer par une société tierce pour justifier son âge – le projet de loi ne précise pas de nom d’entreprise susceptible de répondre à cette tâche. Il ne propose pas non plus une solution technique particulière de vérification d’âge. Pour devenir officielle, la loi doit encore être adoptée par le Sénat de Floride.

En France aussi, une loi « visant à instaurer une majorité numérique et à lutter contre la haine en ligne », adoptée l’été dernier, prévoit que les moins de 15 ans ne puissent pas s’inscrire sur les réseaux sociaux sans accord parental – ce qui impliquerait des mesures de vérification d’âge. La loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique (SREN) comprend également une disposition sur la vérification de l’âge, pour les sites pornographiques. Mais ces mesures pourraient rester lettre morte en raison de leur conformité au droit européen… et surtout de leur mise en pratique.

À lire aussi : Accord parental, vérification de l’âge… Pourquoi la loi sur la majorité numérique sera difficilement applicable

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