Passer au contenu

On a testé la 5G de SFR et nos résultats sont très prometteurs

À Nice, première ville de France couverte en 5G, 01net.com a eu l’opportunité de jouer avec le réseau de SFR pendant plusieurs heures. À l’aide d’un protocole de test basé sur des mesures de débit, du téléchargement, de l’envoi de fichiers et du cloud gaming, nous avons comparé la 5G à la 4G.

Top départ pour la 5G en France. Après plusieurs années d’attente, le nouveau standard de la téléphonie mobile a fait son apparition vendredi 20 novembre à Nice, la ville choisie par l’opérateur SFR pour déployer son réseau 5G pour la première fois. L’opérateur au carré rouge est le premier à lancer son réseau de nouvelle génération en France, Bouygues Télécom et Orange ont de leur côté prévu de se lancer début décembre.  

Puisque le hasard fait parfois bien les choses, il se trouve que Nice est aussi la ville dans laquelle l’auteur de cet article a fait le choix de passer son confinement. L’occasion étant trop belle pour ne pas être saisie, nous avons décidé de profiter de cette opportunité pour vous proposer le premier test complet d’un réseau 5G en France. Armé d’un masque FFP2, d’une ligne SFR éligible et de quatre smartphones, nous sommes partis jeudi 26 novembre à la recherche de la 5G. Nous avons mis au point un protocole de test complet visant à mesurer les capacités brutes du réseau de SFR… mais aussi de vérifier son utilité réelle. Voilà ce que nous avons découvert.

Quatre téléphones et un réseau semi-privatisé

Avant de vous présenter notre protocole, nous tenons à vous expliquer les conditions dans lesquelles notre test du réseau 5G de SFR s’est déroulé. Tout d’abord, nous avons emporté quatre smartphones avec nous :
• le Huawei Mate 40 Pro (processeur Kirin 9000 / modem Balong 5G intégré)
• le Samsung Galaxy S20 Ultra (Exynos 990 / modem Exynos 5123)
• l’iPhone 12 Pro Max (Apple A14 Bionic / modem Qualcomm X55)
• le Google Pixel 5 (Snapdragon 765G / modem Qualcomm X52 intégré)

Malheureusement, Apple et Google n’ont toujours pas déployé la mise à jour opérateur nécessaire au bon fonctionnement des réseaux 5G en France sur leurs appareils. Ainsi, nos tests n’ont pu être effectués que sur le Huawei Mate 40 Pro et Samsung Galaxy S20 Ultra. Mi-décembre, quand Apple et Google auront fait le nécessaire, nous ajouterons à nos comparatifs les iPhone et Pixel.

À lire aussi : Pourquoi l’iPhone 12 ne captera pas la 5G avant mi-décembre

Enfin, dernière précision, si nous avons bien utilisé une offre SFR grand public, le nombre d’abonnés SFR éligibles à la 5G au moment de nos tests était probablement très faible, pour ne pas dire nul. Autrement dit, il est fort probable que les résultats que vous obtiendrez dans le futur seront moins impressionnants que ceux de nos premières mesures niçoises. Quand beaucoup de monde sera connecté aux antennes, le débit sera forcément amoindri.

Le protocole de 01net.com

Chaque test a été réalisé une première fois en 5G et une autre fois en 4G sur nos deux téléphones. Nous avons sélectionné trois lieux, dans la rue en centre-ville (entre la place Garibaldi et le port de Nice), dans un appartement en centre-ville (au dessus du quartier Libération) et au pied d’une antenne à plusieurs kilomètres du centre-ville (en face du palais Nikaïa). À chaque endroit, nous avons recommencé tous nos tests.

Pour mesurer la capacité d’une antenne, nous avons décidé d’utiliser trois outils de benchmarks. Speedtest.net, l’application nPerf et le site Fast.com qui utilise les serveurs de Netflix pour jauger votre connexion.  

Ensuite, nous avons téléchargé le premier épisode de la saison 2 de The Mandalorian en HD sur Disney+ (1,4 Go), avec un chronomètre à la main. Histoire de voir si la 5G était vraiment plus rapide que la 4G. Sur WeTransfer, nous avons aussi uploadé un film de 673,22 Mo, toujours armé de notre fidèle chronomètre.  

Enfin, nous avons lancé Stadia et le Xbox Game Pass en 4G et en 5G afin de voir si le cloud-gaming était vraiment meilleur en 5G. Au total, lors de notre journée de tests, nous avons consommé une centaine de gigas de données.

La 5G s’en sort toujours mieux que la 4G

Pour être tout à fait honnêtes avec vous, nous n’étions pas tout à fait sereins lors du début de nos tests. Notre première mesure depuis l’aéroport de Nice était très moyenne, ce qui nous a rapidement laissé penser que ce que SFR appelait « 5G » ne l’était pas vraiment. Heureusement, ce premier speed-test ne reflète pas du tout la réalité en centre-ville. Là-bas, la 5G a toujours été à la hauteur. Sur plus de 75 tests effectués par 01net.com, la 5G a été meilleure que la 4G dans 100% des cas. Nous avons dépassé les 800 Mbps à plusieurs reprises en extérieur et avons même atteint le 1 Gbps symbolique en étant près d’une antenne.  

01net.com – Les résultats de nos tests de débit.

Dans les tableaux ci-dessus, vous pouvez observer les résultats de nos tests de débit. Ce que l’on constate est assez amusant (mais logique), plus la 4G est bonne dans un endroit, plus la 5G s’avère impressionnante. Dans les endroits où la 5G semble juste « correcte », en l’occurrence dans l’appartement en centre-ville, on constate que la 4G est ultra saturée et offre des débits vraiment misérables. La 5G devrait donc aider à la désengorger. En extérieur, son débit surpasse toujours très facilement celui de la 4G.  

Comme le débit théorique ne fait pas tout, nous avons souhaité mesurer le temps nécessaire au téléchargement d’un épisode de la série The Mandalorian en 4G puis en 5G. Ce qui est intéressant ici, c’est que la 5G se montre relativement stable quelle que soit la zone de test, ce qui n’est pas le cas avec la 4G. En moins de 3 minutes, voire 1 minute dans le meilleur des cas, l’épisode est téléchargé sur le téléphone ou votre ordinateur puisque, bien sûr, la 5G fonctionne aussi en partage de connexion. Nous avons d’ailleurs réalisé un appel Skype sans problème sur le réseau de SFR tout en réalisant des speed tests en même temps. 

01net.com – Le temps nécessaire au téléchargement d’un épisode en 4G et en 5G.

En ce qui concerne la couverture de la 5G de SFR à Nice, elle est assez troublante. Le réseau 5G apparaît quasiment tout le temps dans la barre d’état… mais des zones pourtant extrêmement importantes ne sont pas couvertes. Par exemple, en centre-ville de Nice, une zone blanche existe entre le centre-commercial Nice Etoile et la célèbre place Masséna, alors que ces endroits sont extrêmement fréquentés. Autour, on capte la 5G et on dépasse quasiment systématiquement les 300 Mbps. Même chose sur la promenade des Anglais, même si les débits tombent parfois autour des 200 Mbps. Dans les prochains mois, tout cela devrait s’améliorer mais on ne peut que se demander pourquoi ces zones stratégiques sont dépourvues de 5G au lancement. Que deviendra le réseau de SFR quand des milliers de Niçois auront un terminal et une ligne compatible ? D’ailleurs, à certains endroits, le logo 5G est apparu mais une fois le speed test lancé, nous sommes automatiquement repartis en 4G avec un débit de 80 Mbps. Nous n’expliquons pas encore ce phénomène. 

SFR / 01net.com – Le carte du réseau 5G de SFR à Nice à côté de notre meilleur speed test.

Au niveau du débit ascendant, nous sommes par contre plus partagés. Si la 5G fait généralement mieux que la 4G, elle n’offre pas des capacités foudroyantes. Il n’y a que sous l’antenne que les 120 Mbps d’upload que nous avons réussi à atteindre nous ont véritablement séduits. Le temps de transfert d’un fichier est alors divisé par deux. Ailleurs, on tourne généralement autour des 50 Mbps, ce qui n’est pas une révolution par rapport à la 4G. Sur le smartphone Samsung, la 5G a même fait pire que la 4G dans notre appartement de test. Le smartphone n’arrêtait pas de perdre le signal, ce qui explique sans doute ces résultats. En extérieur, c’est parfait. 

01net.com – Le temps nécessaire pour upload un fichier sur WeTransfer.

4G, 5G, 4G… Une drôle d’instabilité

En France, la 5G est nouvelle. Ailleurs, on pense notamment aux États-Unis, à la Suisse et au Royaume-Uni, des milliers de personnes en profitent déjà depuis plusieurs mois. Souvent, on lit d’ailleurs des articles mentionnant l’instabilité de la 5G, les problèmes de surchauffe des smartphones et la trop grosse consommation de batterie de la nouvelle norme réseau.

S’il nous est pour l’instant impossible de vérifier l’impact de la 5G sur la batterie (nous n’avons pas été choqués lors de notre journée-test), nous avons en tout cas constaté d’importantes instabilités sur nos deux appareils de test, en particulier sur le mobile de Samsung. Très souvent, le logo 5G apparaissait 15 secondes, laissait place à la 4G pendant 10 secondes, revenait 10 secondes et re-disparaissait 30 secondes… sans jamais vraiment réussir à se stabiliser. Pire, lors de certains tests, la 5G a tout simplement disparu brusquement et n’a pu être réactivée qu’en passant par le mode avion. Il est cependant important de préciser que toutes les zones de couverture ne sont pas concernées. Dans beaucoup d’endroits (en particulier là où nous avons effectué nos mesures), la 5G était toujours présente. On imagine que le signal envoyé par les antennes n’est pas encore très stable et que les modems de première génération sont encore un peu perdus. Autre constat, il suffit parfois de rentrer dans un bâtiment comme une boulangerie pour basculer subitement en 4G. Une fois sorti, la 5G revient. C’est a priori normal, les opérateurs ont décidé de commencer par la couverture extérieure. La déconnexion nous semble en tout cas très rapide.

01net.com – Un des meilleurs résultats obtenus lors de nos tests.

Enfin, et c’est pour le coup un peu plus préoccupant, le smartphone de Samsung a rencontré un drôle de problème de surchauffe à un moment. En plein upload sur WeTransfer, le Galaxy S20 Ultra s’est mis à ne plus rien envoyer et à chauffer très anormalement. Impossible de récupérer la 4G ou la 5G, il nous a fallu abandonner le test et le recommencer. Chez Huawei, nous n’avons pas rencontré ce genre de problèmes. Notons cependant que sur les tests d’usage réel (Disney+ et WeTransfer), le smartphone de Samsung a souvent obtenu de meilleurs résultats.

Une latence pas encore à la hauteur du cloud gaming

Impossible de finir cet article sans parler de la latence. Vous l’avez peut-être remarqué dans nos tableaux, cette dernière ne progresse pas en 5G. Pire, dans certains cas, elle est même plus importante qu’en 4G. La promesse des opérateurs avec la 5G n’est-elle pourtant pas de permettre de jouer à distance sans aucun délai ?

A priori, tout cela est normal. Le cœur du réseau des opérateurs ne devrait pas basculer en 5G avant 2023, ce qui fait que le vrai changement niveau latence ne devrait pas avoir lieu avant plusieurs années. La 5G n’est donc qu’une 4G++ au lancement, ce qui va donc booster votre offre existante sans toutefois révolutionner vos usages.

Toutefois, s’il est encore quasiment impossible de jouer longuement à Stadia en 5G dans un appartement (il y a encore plein de ralentissements), c’est parfaitement faisable dès aujourd’hui en étant à proximité d’une antenne. Nous avons joué au dernier Assassin’s Creed sur la plateforme de cloud gaming de Google pendant environ de 5 minutes sans le moindre lag, à notre grande surprise. Les 1 Gbps ont sans doute aidé. Bref, en attendant 2023, il y a tout de même un peu d’espoir pour le jeu en réseau.

La semaine prochaine, nous comptons de nouveau partir à l’aventure à la recherche de la 5G d’Orange, prévue pour Nice le 3 décembre. Il sera sans doute encore trop tôt pour pouvoir en profiter sur les derniers iPhone d’Apple.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Nicolas Lellouche