Les États-Unis durcissent le ton envers la Chine sur les semi-conducteurs : le pays serait sur le point d’ajouter à la longue liste des composants que la Chine ne peut plus acheter, de nouvelles puces électroniques utilisées dans la fabrication des systèmes d’intelligence artificielle, relate le Wall Street Journal, mercredi 28 juin. Outre les A800 de Nvidia, des semi-conducteurs fabriqués par Advanced Micro Devices pourraient aussi faire partie de ces nouvelles restrictions aux exportations, ajoute le Financial Times. Selon nos confrères, l’administration américaine prendrait cette décision dans un seul but : éviter que ces composants ne servent à développer des armes chinoises.
Depuis l’avènement de ChatGPT et des outils génératifs de texte, d’image et de son, on considère de plus en plus que l’IA pourrait aussi avoir des applications militaires, en facilitant la création d’armes chimiques ou la production des codes informatiques malveillants, détaillent nos confrères. Pour éviter d’arriver à un tel scénario, les États-Unis essaient de concilier deux intérêts contradictoires. D’un côté, le pays veut restreindre l’exportation de ces composants essentiels vers la Chine. Mais de l’autre, ces mesures ne doivent pas pénaliser les entreprises américaines et celles des pays alliés – car pour ces sociétés, cela signifie aussi moins de commandes et moins de clients chinois.
Ces mesures pourraient causer « d’énormes dégâts » à l’industrie technologique américaine
Et c’est bien ce que déplorait le PDG de Nvidia, le 23 mai 2023, dans les colonnes du Financial Times. Jensen Huang, le directeur général du concepteur américain de puces, déplorait que les contrôles à l’exportation existants puissent causer « d’énormes dégâts » à l’industrie technologique américaine. Les mesures de restrictions précédentes auraient particulièrement pénalisé son entreprise, expliquait-il, l’empêchant de vendre ses puces les plus avancées à la Chine. Après la première vague de restrictions aux exportations d’octobre dernier, Nvidia avait remplacé les puces de dernière génération que l’entreprise vendait à ses clients chinois par les A800 et H800. Et elle pourrait désormais avoir à renoncer à ces ventes.
À l’automne dernier, l’administration américaine avait déjà restreint l’exportation des semi-conducteurs destinés à l’intelligence artificielle vers la Chine. Les fameuses puces A100 de Nvidia, utilisées dans les modèles d’IA générative tels que ChatGPT d’OpenAI, étaient concernées, expliquaient nos confrères du Financial Times en mars dernier. Mais aucun règlement officiel n’avait finalement été publié. S’était ensuivie une période de négociation entre les entreprises concernées et les gouvernements des pays alliés. En parallèle, Washington a aussi œuvré avec succès pour que les États qui comptent les plus grands fabricants de puces et de leurs équipements de fabrication, comme le Japon et les Pays-Bas, adoptent des règles similaires et limitent aussi la vente de ces composants essentiels à la Chine.
Autre élément à noter, Washington souhaiterait dans cette mise à jour également viser les puces qui sont mises à disposition sur des clouds pour être ensuite louées aux entreprises chinoises, un moyen trouvé pour contourner les interdictions d’exporter des puces avancées. Le timing de ces annonces a aussi son importance : la Maison-Blanche attendrait, pour officiellement publier ces ajouts, la fin du voyage officiel de Janet Yellen en Chine. La secrétaire au Trésor voyagera début juillet – l’idée serait d’attendre son retour afin d’éviter d’exacerber les tensions entre la Chine et les États-Unis.
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Source : The Wall Street Journal