Le phénomène Farmville
Le chiffre donnerait presque le tournis : après seulement neuf mois d’existence, la simulation de gestion de ferme, Farmville, comptabilise quotidiennement plus de 32 millions de joueurs sur Facebook. Cet ersatz d’Harvest Moon où vous passez quelques minutes par jour à cliquer pour faire pousser choux, asperges et prospérer vaches et cochons impose de plus en plus le jeu social comme un acteur incontournable de la scène vidéoludique.
« 200 millions d’utilisateurs jouent tous les mois à des jeux sur Facebook », note Gareth Davis, en charge de la division jeu du site communautaire. Même son de cloche auprès de MySpace où ce serait un tiers des connectés qui s’adonnerait quotidiennement aux jeux sur le réseau. La récente grand-messe des développeurs qui s’est tenue à San Francisco début mars, la Game Developer Conference (GDC), ne s’y est pas trompée. En plus de différentes conférences consacrées à ce phénomène, Farmville a remporté sans surprise le tout nouveau prix du « meilleur jeu social ».
Installé par 25 % des utilisateurs de Facebook
La manne potentielle que peut générer ce type de produit est de taille et l’exemple de notre simulation fermière est, en la matière, pour le moins édifiant : onze personnes et cinq semaines de travail. C’est tout ce qu’il aura fallu pour créer une application qui n’a clairement pas inventé le système d’irrigation mais qui se voit néanmoins installée par plus de 25 % des utilisateurs Facebook.
« A la sortie du jeu nous avions 18 000 connectés, quatre jours plus tard nous comptions plus d’un million de membres (…) aujourd’hui 32 millions de personnes y jouent quotidiennement », assène, fier comme un coq, Amitt Mahajan, l’un des créateurs du jeu.
Des poulets à plumer
Farmville est un Free to play. Mais la gratuité du jeu a évidemment ses limites. Pour profiter pleinement de l’expérience, le joueur passera forcément par la case boutique où il achètera avec de l’argent bien réel de nouvelles espèces animales, des extensions à sa ferme… Si aucun chiffre n’a filtré quand aux revenus financiers précis du jeu, le business du Free to play considère qu’en général 10 à 15 % des joueurs inscrits passent par la boutique. En imaginant, dans une fourchette très basse, que trois millions de personnes dépensent un euro en achat mensuel, on arriverait à une rentrée moyenne de trois millions d’euros par mois. Vu l’investissement initial ridicule, à l’échelle des budgets faramineux que nécessitent aujourd’hui le développement d’un jeu console ou PC, on comprend que Farmville puisse engranger des bénéfices records et que le gâteau du « jeu social réussi » puisse faire saliver.
Il n’a d’ailleurs pas fallu attendre longtemps pour voir MySpace mettre en avant ses Farm Town et autres Sunshine Ranch sur sa nouvelle page dédiée aux jeux sociaux ou pour voir Bigpoint, connu pour ses MMO via navigateurs, sortir son Farmerama. Parce que mince ! Il doit bien rester quelques poulets à plumer.
L’élevage de moutons marquera-t-il la fin du triple A ?
Au-delà des opportunismes, l’explosion du jeu social et de Farmville en particulier ont alimenté bien des conversations de développeurs lors de la GDC. Derrière les sourires et les accolades de façade pour saluer l’arrivée de ces petits nouveaux dans la cour des grands, se posait une question essentielle : après les résultats faramineux de si petites « machines », comment continuer de convaincre des financiers à lever des millions pour des jeux qui vont demander des années à produire ? Les maigres besoins du jeu social en terme de création mettrait-il en péril le développement des Triple A ?
Rien n’est moins sûr. Un récent message sur Twitter, de Robert Bowling d’Infinity Ward, nous annonce que Call of Duty : Modern Warfare 2 a réuni plus de 25 millions de joueurs uniques en ligne (Xbox 360, PS3, et PC) ! Et à la différence de Farmville, ces 25 millions de joueurs là ont payé cash leur titre. Le succès des jeux sociaux a beau être une réalité, ceux-ci ne viennent pas trop empiéter sur les plates bandes de nos classiques. Reste à savoir jusqu’à quand.
Votre mère et votre petite soeur l’adore, et forcément les core gamers le déteste. Petite parodie publicitaire de Tobuscus qui vous permettra de voir ce que Farmville a (réellement) dans le ventre. Si vous êtes amateurs, profitez de ce détour tubesque pour voir sa parodie d’un autre jeu de Zynga, également très populaire sur Facebook : Mafia Wars.
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