Waymo parviendra-t-il à lancer comme prévu le premier service au monde de taxi autonome cet automne ? Le doute émerge à la lecture des révélations du site The Information. Après des années d’expérimentations et des essais d’utilisateurs couronnés de succès, Waymo paraissait avancer implacablement vers la commercialisation. Ses prototypes qui sillonnent actuellement la banlieue de Phoenix dans le cadre d’un programme pilote pêcheraient toutefois par excès de prudence, adoptant un comportement inhabituel et déstabilisant pour les autres conducteurs. Au point de mettre ces derniers en danger. Cinq sources différentes attestent des difficultés de ces machines à accomplir des tâches simples de conduite.
De brusques arrêts, des difficultés à tourner ou s’insérer
Les minivans Chrysler Pacifica auraient notamment du mal à tourner à gauche sans feux tricolores (un problème qui avait déjà été relevé il y a presque un an en octobre 2017), ainsi qu’à s’insérer dans la circulation sur les autoroutes.
Une vidéo prise sur le vif montre, par exemple, un minivan Waymo mettant son clignotant à gauche pour entrer sur une autoroute. Après avoir manqué plusieurs opportunités de s’insérer dans une circulation dense, le véhicule finit par abandonner et sortir.
Self driving #Waymo car tried merging onto the highway, missed multiple opportunities (programmed defensive driving?), then rerouted to exit after failing 😂😂 pic.twitter.com/qvDw6sEPmd
— Nitin Gupta (@nitguptaa) April 29, 2018
Les machines auraient aussi des difficultés à interpréter les feux tricolores avec un compteur et s’arrêteraient abruptement en pleine voie en cas de doute. Certains habitants de l’Arizona ont été confrontés directement à des erreurs de pilotage. C’est le cas de la cadre Lisa Hargis, qui travaille dans un bureau à deux pas du dépôt de véhicules de Waymo. Elle déclare avoir failli heurter l’une des mini-fourgonnettes. Elle a été coupée dans sa trajectoire parce que le véhicule s’est brusquement arrêté alors qu’il tournait à droite. The Information a aussi découvert que les Chrysler de Waymo s’arrêtaient trois longues secondes systématiquement face à un panneau stop, et qu’elles actionnaient leur clignotant bien longtemps avant de changer de voie. De quoi provoquer des perturbations dans le trafic, voire des erreurs de conduite de la part de conducteurs exaspérés ou troublés parce cette conduite.
De trop bons élèves ?
Si toutes les voitures étaient autonomes et réagissaient de la même façon, cela ne poserait pas problème. Mais l’enjeu est bien de les introduire au sein d’une flotte mixte où les conducteurs n’hésitent pas à prendre des libertés avec le code de la route. La cohabitation s’annonce donc complexe. La solution serait peut-être paradoxalement de faire en sorte que les véhicules de Waymo ne respectent plus les règles systématiquement au pied de la lettre pour mieux réagir aux autres automobilistes.
Pour sa défense, Waymo a souligné que le programme de test n’était pas terminé, qu’il épluchait scrupuleusement les retours des utilisateurs et que les prototypes continuaient de s’améliorer. « La sécurité reste notre priorité absolue lors du test et du déploiement de notre technologie », a réaffirmé un porte-parole. On rappellera également que les ambitions de Waymo ne sont pour le moment pas de faire circuler ses voitures partout mais juste d’assurer le niveau 4 d’autonomie, à savoir supprimer le conducteur mais dans un cadre et des conditions prédéfinis, comme un trajet domicile-travail.
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