Les mobiles aussi doivent se mettre à l’heure du développement durable ! Alors que les Français changent de téléphone tous les dix-huit mois en moyenne, la question de la fin de vie des mobiles se pose de façon de plus en plus criante. Surtout quand la sauvegarde de l’environnement devient une préoccupation grandissante. Et que les téléphones contiennent des matières pouvant être valorisées, comme le cuivre, les métaux ferreux et même d’infimes quantités d’or ou d’argent, mais aussi des produits toxiques pour la nature, notamment du plastique, du lithium, du cadmium ou du mercure.
Or, pour l’instant, selon une étude réalisée l’an dernier par TNS Sofres pour le compte de l’Afom, l’Association française des opérateurs mobiles, les Français ne sont que 8 % à recycler leur téléphone et 23 % à le donner à des proches ou amis. Près de 5 % des utilisateurs jettent l’ancien à la poubelle et 36 % finissent par l’enterrer au fond d’un tiroir.
De nombreux points de collecte
Pourtant, depuis 2005, l’Afom a mis en place plus de 2 000 points de collecte dans l’Hexagone afin de répondre à la réglementation sur les déchets d’équipements électriques et électroniques qui entrait alors en vigueur. Les 5 000 points de vente des chaînes spécialisées et de la grande distribution sont également actifs.
Pour les utilisateurs, le réflexe du recyclage est simple : il suffit de déposer son téléphone mobile et ses accessoires (chargeur, batterie…) en magasin. Là, à intervalles réguliers, les téléphones récupérés sont collectés par des organismes et sociétés spécialisés. Parmi les acteurs incontournables figurent les Ateliers du Bocage, un organisme affilié à Emmaüs, situé dans les Deux-Sèvres et qui emploie 200 personnes, dont une trentaine dédiée aux téléphones mobiles.
Les Ateliers du Bocage traitent notamment les mobiles collectés par Bouygues Telecom, la Fnac et The Phone House, mais aussi une partie des mobiles récupérés par Orange et SFR. « Nous traitons aujourd’hui entre 30 000 et 35 000 mobiles chaque mois », explique Christine Antoine, responsable commerciale des Ateliers du Bocage.
Concrètement, le recyclage débute par le tri. Celui-ci consiste à séparer les téléphones obsolètes des modèles récents. Si le téléphone est trop vieux pour pouvoir resservir, le boîtier est désassemblé afin de récupérer tout ce qui peut l’être. En revanche, si le modèle est encore récent, les Ateliers du Bocage procèdent à sa remise en état. Les appareils qui fonctionnent encore sont reconditionnés (batterie changée) et toutes les données personnelles (carnet d’adresses, SMS, photos, notes…) de l’ancien propriétaire sont effacées. Les appareils défectueux sont, quant à eux, réparés.
Que deviennent ensuite ces téléphones d’occasion ? Ils sont mis en vente sur le site Internet des Ateliers du Bocage. Au palmarès des meilleures ventes, on trouve ainsi le Nokia 6021 à 30 euros et le Sagem MYX3-2 à 15 euros. Le tout garanti trois mois ! « Ce sont les ventes qui permettent de s’y retrouver car il faut savoir que le fait de désassembler un portable n’est pas rentable », insiste Christine Antoine, qui ajoute que 20 à 25 % des téléphones collectés peuvent être réemployés.
Une aubaine pour les pays émergents
Si les Ateliers du Bocage ont choisi l’option de la vente d’occasion sur le marché français, d’autres sociétés se sont tournées vers les pays émergents. C’est le cas de Regenersis, qui traite une partie des mobiles collectés chez Orange, SFR, Carrefour, Auchan, Boulanger ou encore Téléphone Store. « En Europe, nous récupérons de un à deux millions de téléphones mobiles par an, ce qui reste faible », affirme Jean-Lionel Laccourreye, directeur France de la société. Le téléphone mobile suit le même parcours qu’aux Ateliers du Bocage mais les téléphones sont, cette fois, reconditionnés pour être revendus dans des pays en voie de développement.
SFR précise que les bénéfices générés par ce système sont reversés, à parts égales, à deux associations : Fondaterra, une association environnementale, et La Voix de l’Enfant, une fédération d’associations pour la protection de l’enfance maltraitée. Orange souligne, de son côté, que « les gains issus de cette opération sont reversés intégralement à des agences ou ONG, dont l’Unicef au profit de son programme d’éducation pour les jeunes filles dans les pays émergents, et le WWF ».
La collecte reste toutefois encore timide : en 2008, Orange affirme avoir récupéré 170 000 mobiles, SFR et Bouygues Telecom avancent le même chiffre de 160 000. Sur un peu plus de 54 millions de téléphones en circulation en France, on mesure l’ampleur de l’effort encore à fournir. Pour Christine Antoine, « il y a une difficulté à se séparer de son mobile parce qu’il y a d’abord un lien affectif avec son téléphone. Quand il fonctionne toujours, on se dit aussi qu’il pourra encore resservir le jour où le nouveau tombera en panne. Sans oublier une méconnaissance de la filière de recyclage ».
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