Les cyberattaques pourraient engendrer des pertes économiques allant jusqu’à 3 000 milliards de dollars (2 212 milliards d’euros) d’ici 2020 si les entreprises et les gouvernements tardent à agir, selon un rapport du Forum économique mondial publié ce 17 janvier 2014.
Les menaces liées à la cybercriminalité pourraient également ralentir de manière significative les avancées technologiques au cours de la prochaine décennie, mettent en garde les auteurs de cette étude, menée en partenariat avec le cabinet de conseil américain McKinsey. Les inquiétudes liées à la sécurité ont ainsi d’ores et déjà freiné la transition vers les solutions d’informatique dématérialisée, dite cloud computing, puisque 78 % des entreprises interrogées ont dit avoir retardé d’au moins un an l’adoption de cette nouvelle technologie.
Face à ces risques, les gouvernements, les entreprises mais également la société civile, doivent donc veiller à créer un « écosystème cyber résistant », défendent les auteurs de cette étude. « Alors que le risque de cyberattaques devient plus fréquent, le coût des attaques – pour les entreprises, les institutions publiques, l’économie mondiale et la société au sens large – est aussi en train de croître », font-ils valoir.
La coopération pour combattre les cybermenaces
Pour évaluer le coût économique des cyberattaques, les auteurs de cette étude, intitulée Risque et responsabilité dans un monde hyperconnecté, se sont appuyés sur trois scénarios.
Le premier part de l’hypothèse que les auteurs de cyberattaques conservent une longueur d’avance, les réponses des entreprises et des gouvernements restant fragmentées. Dans ce climat confus, les entreprises se montrent hésitantes concernant leurs investissements, ce qui limite de près de 1 020 milliards de dollars le potentiel lié à l’adoption de nouvelles technologies d’ici à 2020.
Le deuxième se base sur l’hypothèse beaucoup plus sombre d’une augmentation de la fréquence et de la gravité des attaques. Les réponses des gouvernements deviennent alors plus dirigistes tandis que les consommateurs se montrent plus prudents face aux technologies mobiles. L’ère digitale connait alors un retour de bâton, réduisant de 3 060 milliards de dollars le potentiel lié aux nouvelles technologies.
La troisième hypothèse s’appuie en revanche sur l’idée d’une démarche proactive de la part des secteurs public et privé qui parviennent à limiter la prolifération des attaques. L’innovation s’en trouve ainsi stimulée, les nouvelles technologies générant une valeur économique de l’ordre de 9 600 à 21 600 milliards de dollars sur le reste de la décennie.
L’étude a été réalisée sur la base d’entretiens réalisés avec 250 patrons et responsables de la technologie et de la sécurité issus de différents secteurs dans le cadre d’une initiative lancée par le forum économique mondial en 2012. Elle propose une feuille de route détaillant une série d’initiatives pour combattre la cybercriminalité, telles que l’échange d’informations sur les attaques, l’élargissement du marché de l’assurance pour la cybersécurité et la mise en oeuvre de « cyber doctrine » au niveau national.
La technologie sera un des thèmes majeurs lors du 44e forum économique mondial qui se tiendra à Davos, en Suisse, du 22 au 25 janvier.
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