« Les actrices et les acteurs ne sont pas encore rémunérés proportionnellement au succès de l’œuvre à laquelle ils collaborent », affirme une lettre ouverte publiée sur le site de l’Adami, le gestionnaire des droits des comédiens et des musiciens en France. Sandrine Bonnaire, Agnès Jaoui ou encore Alain Chamfort font partie des signataires qui déplorent le forfait, « maigre et unique, déterminé dès le début » avec les plateformes de streaming.
Constat d’injustice majeur
Or, en cas de succès mondial, ces mêmes artistes-interprètes ne touchent pas un euro supplémentaire alors qu’ils ont contribué à la reconnaissance de l’œuvre. Un « constat d’injustice majeure » qui ne devrait pourtant plus exister et ce, depuis 2021 et la transposition en droit français d’une directive européenne de 2019. Cette loi encadre la rémunération des artistes pour le streaming, « pour leur apporter une rémunération supplémentaire basée sur le succès de l’œuvre ».
Mais voilà : si la loi existe depuis trois ans jour pour jour, « elle n’est pas appliquée ». Et c’est toujours l’ancien système qui prévaut. Par conséquent, reprendre l’idée d’une grève des comédiens et des scénaristes qui a secoué Hollywood l’an dernier semble faire son chemin.
Des bonus basés sur les performances
Sur ce front justement, des négociations sont en cours pour introduire un système de compensation en fonction du succès des film et séries TV sur les services de streaming. Netflix, Amazon et Apple négocient avec les syndicats des artistes pour mettre en place un nouveau régime basé sur la performance des contenus. Actuellement, ces entreprises paient un certain montant pour la totalité du contenu. Elles cherchent désormais à moduler en fonction du succès des programmes.
Selon Bloomberg, Apple TV+ pourrait verser jusqu’à 10,5 millions de dollars de bonus pour une saison de série télé, si celle-ci remplit trois critères : le nombre de nouveaux abonnés Apple TV+ attirés par le contenu, le temps passé à regarder le programme, le coût du programme par rapport à l’audience. Voilà qui rappelle la manière de fonctionner du Hollywood « traditionnel », où un succès au cinéma est synonyme de rentrées d’argent supplémentaires.
Les studios de production et les artistes ne s’opposeraient pas à cette proposition mais ils jouent la carte de la prudence. De tels programmes basés sur les performances imposeraient aux plateformes d’être plus transparentes sur les chiffres d’audience : actuellement, les artistes et les producteurs sont laissés dans le noir le plus complet.
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