Il y a des anniversaires qui tombent à point nommé. Celui du MacBook Air en est un. Annoncé par Steve Jobs le 15 janvier 2008 et commercialisé à partir du 29 janvier de la même année – il y a donc tout juste 15 ans -, l’ultraportable d’Apple était le produit de son temps autant que celui du talent des équipes de Steve Jobs. Comme souvent, Apple n’est pas arrivé le premier, mais il a volé la vedette aux machines préexistantes et est devenue le portable à abattre.
Né de l’ère Intel
À peine trois après avoir abandonné les puces PowerPC au profit des processeurs Intel, Apple redéfinissait ce qu’était un ultraportable. Et ce changement d’écurie n’est pas un point de détail. Il est même essentiel. Constatant que les Power PC G5 n’arriverait jamais à s’installer dans un PowerBook sans le transformer en bouillotte, Apple avait dû se résoudre à mettre les voiles et à trouver un autre partenaire technique… Intel y gagnait un nouveau partenaire de prestige.
La légende veut que ce soit au cours d’une visite d’un laboratoire d’Intel que Steve Jobs ait vu une plate-forme basse consommation pensée pour servir de base à un portable ultra-fin et léger. Avec son talent pour la négociation et grâce à son fameux champ de distorsion de la réalité, Steve Jobs aurait obtenu une sorte d’exclusivité temporaire, le temps que ce qui allait devenir le MacBook Air prenne ses marques et asseye sa domination symbolique en tant que nouvelle incarnation de l’ultra-portabilité.
C’est aussi lui, qui a inauguré une autre tendance moins bienvenue, celle de la connectique anémique, sacrifiée sur l’autel de la finesse.
Une nouvelle ère, celle du contrôle absolu
Faisons maintenant un petit saut dans le temps et saluons un nouveau grand chambardement technologique. Nous voici dans l’ère de l’Apple Silicon. L’iPhone et l’iPad sont passés par là. Grâce à leurs volumes de ventes considérables, ils ont offert une manne colossale à Apple qui a ainsi pu s’aventurer sur une nouvelle voie faite d’encore plus de contrôle de l’innovation et de ses produits. Le géant de Cupertino a commencé à se faire la main sur les cœurs CPU, à partir de l’A4 en 2010, jusqu’à se pencher sur la partie GPU, avec l’A11 Bionic en 2017, qui embarquait également le premier Neural Engine de l’histoire de ces puces. C’est de cette maturation, de cette maturité technologique que sont nés les M1, puis les M2.
Comme les processeurs Intel en leur temps, ces nouveaux composants permettent d’envisager de nouvelles évolutions, elles marquent un nouveau tournant dans l’histoire des Mac. En mettant sur le marché des puces qui affichent un rapport performance par Watt hors norme, aussi bien sur secteur que sur batterie, Apple s’offre les moyens de définir à nouveau ce qu’on est en droit d’attendre d’un portable. Car, malgré l’incroyable Mac Studio, la démonstration du potentiel des SoC Apple Silicon reste encore à être conclue avec la manière et un Mac Pro, qui donnera le ton, et les limites des puces Apple.
Après un MacBook Air M1 réussi, mais inchangé, qui a su prouver que l’ultraportable d’Apple a toujours sa place, on a vu arriver un MacBook Air M2, au design repensé, mais pas foncièrement révolutionnaire. Pas tout au moins par sa légèreté ou même son facteur de forme. Il faut dire que ces dernières années, le marché du PC se réinvente peu, la majeure partie des propositions de redesign des portables tourne autour des écrans, tactiles ou pliants. Et il a fallu le coup de tonnerre ARM pour qu’AMD et Intel se secouent vraiment…
Alors, oui, Apple pourrait finalement se laisser tenter par le tactile sur ses Mac, maintenant que le public est habitué au tactile avec des smartphones omniprésents et des tablettes qui s’installent ici ou là. Maintenant, aussi, que l’interface de macOS s’y prête davantage et que les outils d’adaptation des logiciels sont plus aboutis.
Néanmoins, à plus court terme, le futur proche du MacBook Air passe par ce que permettent les SoC Mx. Une génération de puces qui rejette loin en arrière les itérations Intel qui manquaient de souffle, si ce n’est en matière de ventilation. Non seulement les puces Apple Silicon sont assez puissantes pour les usages quotidiens, mais elles embellissent aussi une autre promesse originelle du MacBook, celle de l’autonomie. Apple pourrait faire mieux encore, mais il arrive déjà ainsi à se distinguer de l’essentiel de la concurrence. Même si certains PC portables commencent à le marquer à la culotte grâce aux dernières puces Intel ou AMD.
Plus de grande réinvention ?
Pour rasseoir son hégémonie, pour l’année de ses quinze ans, Apple pourrait voir plus grand, avec une dalle de plus grande taille. Selon certaines rumeurs, une diagonale de plus de 15 pouces serait envisageable sur cet ultraportable géant. Ce serait une très bonne nouvelle, d’autant que l’ultraportable d’Apple s’entête jusqu’à présent à coller au 13 pouces (13,6 désormais, contre 13,3 pouces avant).
Apple pourrait, grâce à la puissance des M2 et à leur faible consommation énergétique, produire un ultraportable de grande taille, suffisamment puissant pour tout faire et endurant comme aucune autre machine actuellement… Une fois encore, il ne sera pas le premier. Le LG Gram a déjà fait la preuve du potentiel d’un grand format léger et confortable. Mais, Apple aura pour lui les atouts des M2 et éventuellement M2 Pro.
Ce ne serait pas une réinvention en profondeur, mais la marque d’un contrôle toujours plus abouti d’Apple sur ses produits. Une nouvelle voie peut-être moins « révolutionnaire », et plus itérative, qui repoussera toutefois une fois encore ce qu’on est en droit d’attendre d’un ordinateur portable grand public… Reste que sans imagination ou coup de génie, le contrôle approfondi ne fera que souligner l’absence de renouveau des portables. Alors, en attendant la prochaine révolution matérielle et d’usages, que certains voient du côté de la réalité mixte ou augmentée, le MacBook Air a quinze ans et mériterait d’avoir toujours de quoi nous séduire !
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