La PS4 Pro annoncée hier par Sony joue fièrement de ses capacités 4K, lesquelles lui donneraient un avantage certain sur la Xbox One S. Ses composants plus puissants lui permettraient de faire tourner les jeux – certains en tout cas – dans une résolution 4K UHD, de quoi profiter d’un téléviseur flambant neuf. Très bien. Mais ce qu’a oublié de souligner Sony, c’est que la prise en charge de la 4K par la PS4 Pro n’est pas totale.
Outre le fait que les performances des composants ne devraient pas permettre de faire tourner les jeux les plus gourmands en résolution native à 60p – soit le jeu sera moins défini, soit il tournera avec moins d’images par seconde – la vraie absence concerne la vidéo. Car bien qu’estampillée 4K, la PS4 Pro ne peut pas lire les nouveaux Blu-ray 4K lancés en début d’année. Plus qu’un oubli, c’est presque une trahison à l’identité de la Playstation.
Playstation, jadis fer de lance des nouveaux supports
Si l’on met de côté les consoles ou accessoires « exotiques » (Sony Mega CD, Neo Geo CD, CD-i, SNES CD), la première console grand public à très grande diffusion à intégrer un lecteur de CD était la Playstation première du nom, renommée par la suite PS One.
La console suivante, la PS2, était la première à intégrer un lecteur DVD qui en faisait un bon lecteur de salon. Continuant sur sa lancée, Sony a fait de la PS3 la tête de pont de sa stratégie Blu-ray, la console étant même pendant longtemps le meilleur (et le plus abordable) lecteur disponible de par ses capacités de mise à jour – l’ajout de fonctionnalités dans les Blu-ray vidéo a rendu quelques lecteurs de salon obsolètes en quelques années.
En cette année 2016, la situation est un peu différente. Non seulement le format Blu-ray UHD vient à peine d’être officialisé – des disques de 66 Go à 100 Go à double ou triple couche (lien en anglais) – et les films disponibles sont, pour leur part, rares. Et, en plus, les modes et offres de consommation tendent vers le streaming.
Pour preuve, le succès des abonnements à des services type Netflix et consorts, qui proposent quelques séries et films en 4K. Netflix et YouTube qui, d’ailleurs, seront présents sous forme d’applis sur la PS4 Pro.
Cependant, le succès de la distribution de contenus 4K de grande qualité par internet est grandement limité par la bande passante en stagnation des lignes fixes – notamment en France – mais le codec de compression HEVC permet de délivrer une qualité suffisante pour la plupart des usagers.
A ce contexte de dématérialisation s’ajoute la (douloureuse) histoire industrielle de la PS3, qui fut tout sauf un long fleuve tranquille.
L’exemple de la PS3 a rendu Sony frileux
La PS3 était autant une merveille de puissance et de technique qu’un cauchemar et un gouffre financier : dans les premiers temps de sa commercialisation, Sony aurait perdu entre 200 $ et 250 $ par console vendue. La faute à un équipement – nouveau Blu-ray, processeur CELL très complexe, Wi-Fi – très coûteux, quand la Xbox 360 concurrente de Microsoft se contentait de composants moins puissants et du DVD (ou d’un lecteur HD-DVD externe en option).
L’idée de la manœuvre pour Sony étant d’écraser techniquement la concurrence pour séduire les joueurs et les amateurs de films, les deux catégories achetant par la suite les médias (jeux et films), vraie manne financière.
Si cette manœuvre a eu pour résultat de permettre au Blu-ray d’éradiquer le support HD concurrent de chez Toshiba (HD-DVD), cette complexité a plombé les comptes de Sony. Or, le géant japonais est depuis passé sous la houlette de Kazuo Hirai qui se bat pour la rentabilité de son entreprise. Avec des divisions mobile, TV et audio très chahutées voire en perdition, il est clair que la situation n’a plus rien à voir avec l’époque du développement de la PS3.
Plus pragmatique – pas question de perdre de l’argent sur les consoles –, Sony a sans doute fait le bon choix en restant modeste sur les prétentions de sa console. Mais le célèbre électronicien japonais y perd au passage un peu de sa superbe et de son aura de pionnier.
Et trahi un peu l’ADN du groupe qui faisait de la Playstation la tête de pont qui poussait ses technologies et contenus.
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