C’est une procédure judiciaire en apparence étonnante : le bureau du procureur de la ville de New Taipei, à Taïwan, a ouvert une procédure judiciaire contre une entreprise chinoise qui a recruté illégalement des ingénieurs locaux spécialisés en semi-conducteurs.
L’entreprise visée par Taipei s’appelle Bitmain et s’avère être un champion du développement de puces dédiées au minage des cryptomonnaies. La récolte de Bitmain fut bonne, puisqu’au moins une centaine d’ingénieurs taïwanais travaillaient pour elle. La police a annoncé « qu’il pourrait y en avoir plus ». Bitmain a besoin de ces cerveaux pour accélérer le développement de ses puces, notamment dans le domaine des calculs liés à l’IA.
Le problème étant que le domaine des semi-conducteurs est stratégique pour le petit pays asiatique qui est, avec les Etats-Unis (Intel, AMD, Qualcomm, Ti, etc.) et la Corée du Sud (Samsung) l’un des cadors du secteur avec ses champions TSMC, UMC ou encore MediaTek.
En vertu de cette sensibilité stratégique, la Chine n’a pas le droit d’investir un centime à Taïwan dans le milieu des semi-conducteurs… ce que Bitmain a tout de même fait en déguisant sa structure en faux bureau d’investissement.
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Il ne pourrait s’agir que d’une anecdote si le sujet n’était pas doublement sensible. Au travers de relations sino-taïwanaises tout d’abord. Les relations entre le petit Etat de 20 millions d’habitant et son voisin sont de plus en plus tendues depuis que Xi Jinping est au pouvoir, la Chine parlant de plus en plus ouvertement de « récupérer » l’île (livret blanc militaire, allocution de Xi Jinping, manœuvres militaires, etc.).
Du point de vue stratégique ensuite, l’administration Trump a permis à Pékin de réaliser sa dépendance à des technologies étrangères, notamment dans le milieu des composants électroniques. Mettre la main sur Taïwan serait une bénédiction pour la Chine car cela lui permettrait d’acquérir des savoir-faire rares. Pas sûr que les Etats-Unis laissent faire, cela dit…
Source : Nikkei Asia
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