Les consoles Nintendo ont une faiblesse par rapport à ce que proposent Microsoft et Sony : le manque de puissance de leur partie graphique. Depuis la sortie de la Switch, nombreux sont les joueurs à pester contre la faible définition de ses jeux, notamment de son hit génial, Zelda : Breath of The Wild.
Aussi, quand le public a découvert que BotW ne tournait qu’en 900p (1600 x 900 points), des dents ont grincé. Et des gamers un peu fous se sont retroussé les manches pour obtenir le résultat de la vidéo ci-dessous : une version du nouveau Zelda tournant non pas en Full HD… mais en 4K, à plus de 30 images par seconde, comme l’ont révélé nos confrères d’Ars Technica.
Première astuce : il ne s’agit pas de la version Switch, mais de la version Wii U. Deuxième tour de passe-passe, ce n’est pas une console Nintendo mais un PC qui fait fonctionner le jeu – on parle d’émulation.
Et pas n’importe quel PC, puisque la configuration du bidouilleur est plutôt musclée : un puissant Intel Core i7 6700K épaulé par 16 Go de RAM et une Nvidia Geforce GTX 1070 pour la partie graphique. Du solide. A cette puissance s’ajoutent de nombreuses manipulations logicielles complexes (mais pas nécessairement compliquées).
L’art de l’émulation
Faire fonctionner Zelda BotW semble avoir demandé beaucoup de travail à l’équipe de YamGaming : le nombre de vidéos concernant ce titre est important et laisse à penser que le processus a été long et fastidieux. Fidèles à l’esprit original du net, qui implique le partage de connaissance, l’équipe a le bon goût de détailler sous la vidéo toutes les modifications et autres bidouillages nécessaires à l’obtention d’un tel résultat : utilisation du meilleur dump du jeu, paramétrages fin de l’émulateur CEMU (et sa version), liens vers les outils d’amélioration de l’émulateur, notamment pour les textures, configuration des drives de la carte graphique, etc. Le résultat ne coulait pas de source mais le jeu en valait la chandelle : pourtant limité à une définition très médiocre sur Wii U (1280 x 720 points), le jeu tourne désormais en 4K avec un niveau de détails inaccessible au pauvre processeur mobile Tegra de la Switch.
Une pratique qui réveille le jeu vidéo
Vous êtes admiratif de ce résultat ? Nous aussi. Les éditeurs eux, sont généralement contre ce genre de manipulations. Nintendo est même le principal détracteur et son action oscille entre attitude menaçante et pleurnichage de veuve éplorée. Mais sachez que l’émulation est un « art » légal (dans la plupart des pays, mais pas en France si vous devez contourner une DRM) dès lors que vous possédez le jeu original et que vous avez l’avez extrait vous-même (on parle de dump).
S’il est clair qu’il existe un partage illégal de ces ROMS, il faut noter que le manque à gagner est souvent dû à l’absence d’offre payante sur la plateforme phare de l’émulation, le PC. De la même manière que les offres de musique légale ont drastiquement fait baisser le piratage, il est certain que si les éditeurs consoles déployaient aussi leur offre sur PC, il y aurait moins de petits malins prêts à se torturer les neurones pour y faire fonctionner des jeux déjà disponibles…
Et mine de rien, c’est en partie grâce à la communauté de l’émulation que l’intérêt pour les graphismes pixel et les licences d’antan s’est maintenu… Tandis que les éditeurs et autres constructeurs de consoles jouent la stratégie de la fuite en avant permanente, c’est bien à la communauté de l’émulation que l’on doit la construction d’une culture et d’une patrimoine vidéoludique dans lequel on peut se replonger à loisir.
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