Le développement de l’intelligence artificielle est en passe de bouleverser le monde du travail. D’après une étude de Goldman Sachs, 300 millions d’emplois à temps plein seront bousculés par l’IA. Même son de cloche du côté de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui s’attend à ce que l’IA ait « un effet considérable » sur l’emploi dans les dix années à venir. De l’aveu de Sam Altman, PDG et cofondateur d’OpenAI, l’arrivée de ChatGPT rebat les cartes du marché du travail, en provoquant la suppression de certains postes et la création d’autres emplois.
Dans ce contexte de changement, l’Institut de technologie du Massachusetts s’est intéressé à la manière dont l’IA pouvait remplacer les travailleurs de certains secteurs. L’étude s’est concentrée sur les emplois dans lesquels la vision par ordinateur, un domaine de l’intelligence artificielle qui permet à une machine d’analyser et d’interpréter les images et les vidéos, pouvait être utilisée.
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Un remplacement qui n’est pas rentable
Comme un être humain, l’IA est capable de reconnaître et d’identifier des objets dans les images. Cette technologie peut être exploitée pour assister, ou remplacer, des gardiens de sécurité, des professionnels de la santé, comme des radiologues, ou des ouvriers dans un entrepôt. L’étude précise que la vision par ordinateur peut être utilisée dans de nombreux domaines à des échelles variées, par exemple par des boulangers lorsqu’ils inspectent la qualité de leurs ingrédients.
« Notre étude examine l’utilisation de la vision par ordinateur dans l’ensemble de l’économie, en examinant son applicabilité à chaque profession, dans presque toutes les industries et tous les secteurs », explique Neil Thompson, directeur du projet, à Bloomberg.
Dans le détail, les chercheurs ont analysé un total de 1 000 tâches inhérentes à 800 professions par le biais de diverses enquêtes en ligne. Il s’avère que seulement 3 % de ces attributions peuvent être confiées à une IA de façon rentable. Dans les autres cas, il est toujours plus économique de s’adresser à un être humain.
Après avoir comparé le coût de l’automatisation des tâches avec le salaire en dollars, l’étude estime que seulement 23 % des travailleurs peuvent dès à présent être remplacés par un ordinateur de manière avantageuse. Dans la plupart des scénarios, l’intégration d’un système d’IA génère plutôt un surcoût pour l’employeur. Les chercheurs à l’origine du rapport pointent en effet du doigt les « coûts initiaux élevés des systèmes d’IA ». Pour mettre en place un système de vision par ordinateur, il faut d’abord investir des sommes parfois conséquentes. Dans la grande majorité des métiers, le gain de temps ne vaut pas l’investissement.
Évidemment, tous les emplois ne sont pas logés à la même enseigne. Dans le monde du commerce de détail, du transport et de l’entreposage, et des soins de santé, l’intégration d’un système basé sur l’intelligence artificielle reste généralement rentable pour les entreprises. Par contre, les secteurs de la construction, de l’exploitation minière ou de l’immobilier devraient échapper à l’automatisation. Dans ces domaines, il reste plus économique d’engager de confier la tâche à un employé. C’est surtout le cas pour les petites et moyennes entreprises.
Un bouleversement progressif
L’étude indique qu’il est probable que le rapport coût/ bénéfices évolue dans les années à venir, à mesure que la précision de l’IA s’affûte et que les frais inhérents à l’intelligence artificielle se contractent. L’essor de plateformes mettant à disposition l’IA dans le cadre d’un abonnement, comme OpenAI le fait avec ChatGPT, devrait contribuer à réduire graduellement les coûts pour les sociétés.
Néanmoins, le remplacement de l’humain par la machine s’annonce progressif. Pour les chercheurs, « le remplacement de la main-d’œuvre sera plus graduel que brutal ». De facto, il devrait être possible d’instaurer des politiques efficaces « de reconversion » afin d’éviter une éventuelle explosion du chômage, recommande l’institut dans sa conclusion.
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Source : FutureTech