Android et iOS ont un nouveau concurrent : HarmonyOS. Annoncé aux développeurs en août 2019 le nouveau système d’exploitation de Huawei arrive enfin sur de premiers appareils. A priori dérivé de la version open-source d’Android (Huawei ne l’a jamais dit explicitement mais tout laisse penser qu’il s’agit d’un simple fork, du moins dans un premier temps), HarmonyOS a pour ambition de fonctionner sur tous les appareils, peu importe leur format. Smartphone, tablette, téléviseur, montre, grille-pain, machine à café… Huawei veut faire tourner son OS partout et devenir incontournable dans notre monde connecté.
En attendant de pouvoir vous proposer une première prise en main, voici une première présentation d’HarmonyOS et de ses spécificités.
Android dopé à iOS
Première chose, à quoi ressemble HarmonyOS ? Vous ne risquez pas d’être déstabilisé si vous êtes ou avez été un utilisateur d’EMUI, la surcouche Android de Huawei. HarmonyOS étant a priori un simple copier-coller du système de Google, tout est quasiment identique entre les deux systèmes. Les applications Android marcheront d’ailleurs sur HarmonyOS même si, bien logiquement, HarmonyOS ne peut pas faire fonctionner les services Google.
Pour se distinguer d’Android, Huawei a néanmoins effectué quelques changements. Premier d’entre eux, les applications développées avec le SDK d’HarmonyOS peuvent utiliser des widgets semblables à ceux d’iOS. Il suffit d’effectuer un glissement vers le haut depuis l’icône d’une application pour accéder au widget, que l’on peut ensuite épingler sur l’écran d’accueil (un widget peut aussi s’afficher sur une montre ou un téléviseur). Autre différence, HarmonyOS introduit un vrai centre de contrôle, là encore copier-coller de celui de l’iPhone. Il permet de contrôler sa musique, changer de réseau Wi-Fi, régler la luminosité de son écran, gérer sa maison connectée, envoyer le son de son smartphone vers un autre appareil… HarmonyOS tente de rompre la frontière entre Android et iOS, quitte à aller parfois trop loin (Huawei a par exemple copié le bouton d’AirPlay, une technologie appartenant à Apple).
L’écosystème, la promesse douteuse d’HarmonyOS
Ici, nous devons nous avouer extrêmement sceptiques. Toute la communication de Huawei depuis l’annonce initiale de HarmonyOS consiste à affirmer que son système d’exploitation est le premier de son genre. Soi-disant multi plates-formes, HarmonyOS serait capable de s’adapter à tous les écrans et, surtout, de faire communiquer plein d’appareils entre eux de manière transparente.
Le problème est qu’aucun des exemples montrés par Huawei ne nous convainc pour l’instant. La marque chinoise explique par exemple que l’on peut transférer l’écran de son smartphone sur sa tablette, ce qui était déjà possible avec Android. Elle affirme aussi qu’Harmony permet de diffuser la musique de son mobile sur une enceinte, comme si le Bluetooth ou le Wi-Fi n’existait pas depuis des années. Autre exemple étrange, Huawei vante la capacité d’HarmonyOS à échanger des fichiers avec un PC… qui tourne pourtant sous Windows, et non pas HarmonyOS. Cette communication très confuse nous laisse penser que le côté universel d’HarmonyOS est seulement marketing. Il suffit de voir ce qu’Apple fait avec ses différents systèmes d’exploitation pour comprendre que l’interopérabilité ne dépend pas d’un OS unique mais d’une bonne communication entre les appareils. En voulant faire croire qu’il révolutionne le monde des nouvelles technologies (Huawei parle d’une fusion de ses appareils pour créer un «super appareil»), le constructeur chinois nous donne surtout l’impression de s’inventer des différences avec Android.
Le seul exemple convaincant qui nous a été montré est la possibilité de jumeler des appareils HarmonyOS entre eux grâce à un tag NFC. On approche par exemple son smartphone d’un four et on peut le contrôler, à condition que ce dernier tourne sous le système d’exploitation de Huawei bien sûr. La promesse est sympathique car elle ne nécessite pas d’installer une application supplémentaire sur son smartphone. Toujours est-il qu’à part ça, rien dans HarmonyOS ne laisse penser que Huawei vient de créer le système d’exploitation ultime.
Parmi les autres bonnes idées de Huawei, notons la possibilité de transférer une application de son smartphone à sa tablette depuis la vue multitâche.
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Huawei va mettre à jour énormément d’appareils
En attendant de pouvoir vous en dire plus sur HarmonyOS, parlons de sa disponibilité. Dès aujourd’hui en Chine, le système d’exploitation va arriver sur une première liste d’appareils (dont les Mate 40 et P40). Tout au long de l’année 2021, Huawei compte mettre à jour plusieurs dizaines d’appareils actuellement sous Android. Enfin, et c’est une excellente surprise, de très vieux mobiles (certains âgés de 4-5 ans) recevront HarmonyOS en 2022 alors qu’ils n’étaient plus éligibles aux dernières mises à jour d’Android. La stratégie de Huawei semble claire : se créer un parc immense le plus vite possible.
Huawei dévoile son calendrier de mises à jour vers #HarmonyOS. De premiers produits recevront la mise à jour dès aujourd’hui, les autres au troisième trimestre, quatrième trimestre puis 2022. Beaucoup d’appareils sont concernés ! pic.twitter.com/RdD0jIOEe9
— 01net (@01net) June 2, 2021
En ce qui concerne l’Europe, nous n’en savons strictement rien lors de l’écriture de ces lignes. Si une mise à jour des appareils sans services Google nous semble évidente, qu’en est-il des autres qui seraient alors privés des applications américaines ? La marque communiquera sans doute sur ses intentions dans les prochains jours. Dans un premier temps, HarmonyOS semble surtout construit pour offrir une indépendance logicielle à Huawei. Il faudra sans doute plusieurs années à la marque chinoise pour voir si son pari est réussi. Tous les appareils chinois tourneront-ils un jour sous HarmonyOS ? Le système d’exploitation va-t-il réussir à devenir autre chose qu’un copier-coller d’Android ?
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