Les États-Unis et le Japon sont en train de s’allier autour de la production de semi-conducteurs en 2 nm. La réduction de la finesse de gravure des puces est non seulement un enjeu économique, mais il s’agit aussi d’un enjeu technologique et géopolitique autour de la souveraineté. Et les deux puissances sont peu ou prou dans la même situation : ils ont laissé la production partir en Asie. En 1990, les USA produisaient 37 % des semi-conducteurs mondiaux et le Japon 50 %, des parts qui sont tombées de nos jours à 12 % et 10 % ! Les grands gagnants étant aujourd’hui Taïwan (50 %) et la Corée du Sud (10 %).
Il s’agit donc d’une reconquête à effectuer par les USA et le Japon et pas seulement en termes de volumes de production. Car si IBM a été le premier à graver des puces en 2 nm de manière expérimentale, il faudra encore du temps pour que l’industrie mondiale maîtrise vraiment cette technologie. Le premier à avoir le 2 nm sur sa feuille de route est évidemment le taïwanais TSMC, qui est en train de créer ses propres process et surtout, sa propre chaîne d’approvisionnement.
C’est notamment dans ce domaine que le partenariat nippo-américain est important pour les deux acteurs : il s’agit de mettre en résonance les industries du Japon – un des leaders des machines de production, de wafers et de produits chimiques – avec les Américaines.
Limiter la dépendance à Taïwan pour se protéger de la Chine
Avec plus de 50 % du volume mondial des semi-conducteurs dont 92 % (!) des nodes les plus avancés (7 nm et moins), Taïwan est LE champion mondial dans le domaine grâce à son champion TSMC – et d’autres acteurs mineurs comme UMC. Ce n’est pas que Taïwan soit un ennemi, loin de là. Mais l’île est au centre de l’attention du gouvernement chinois qui voudrait prendre le contrôle de cette petite république.
Les USA et le Japon souhaitent réduire leur dépendance, notamment en cas d’attaque ou de prise de contrôle de Taïwan par la Chine. Et comme TSMC rechigne à construire ses usines les plus perfectionnées hors de l’île, il faut bien développer une source d’approvisionnement secondaire au cas où.
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Même en cas de maintien du statu quo, Taïwan reste une île proche de la Chine non seulement sur le plan géographique, mais aussi sur le plan culturel, la majorité des habitants s’identifiant ethniquement à des Hans et une petite minorité étant même pro-chinois. Des biais qui induisent des risques de fuite d’information, voire carrément d’espionnage. Le gouvernement taïwanais a bien conscience de ce problème et fait face en permanence aux tentatives de pillage intellectuel et industriel de Pékin.
La visite de Koichi Haguida, ministre japonais de l’Économie, du commerce et de l’industrie dans l’usine d’IBM qui a gravé la première puce en 2 nm (Albany, NY) n’est que la première pierre à cette recherche d’accord industriel entre les deux pays. Il reste à voir quels seront les contours de cet accord, mais une chose est sûre : vu les enjeux et le « risque » chinois, les deux pays n’ont d’autre choix que de s’entendre.
Sources : Nikkei Japan via Tom’s Hardware US
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