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Good Old Games, c’est bon comme du bon jeu

Téléchargement illimité et garanti sans DRM : le site de vente de vieux jeux vidéo séduit.

Contrairement à un livre, un jeu n’a généralement plus aucune existence une dizaine d’années après sa sortie. Graphiquement dépassé, incompatible avec les machines plus récentes, introuvable, il est mort. Les raisons de son extinction sont nombreuses, et les solutions pour empêcher cette disparition artisanales. On passe sur le marché de l’occasion, plutôt aléatoire, et l’on recourt avec des pincettes à l’émulation (DOSBox, ScummVM, etc.).
Or, c’est là l’injustice, certains anciens titres restent des trésors de gameplay, d’autres offrent une patte graphique, une atmosphère, inégalée, et nombreux sont ceux qui représentent toujours, au-delà de la nostalgie, un vrai intérêt. Afin de remédier à cette disparition progressive d’excellents titres, une équipe polonaise de passionnés, CDProjekt, a ouvert depuis quelques mois sa boutique de vieux jeux en ligne, Good Old Games (« bon vieux jeux » en français), qui est, par de nombreux aspects, un pied  de nez à l’industrie.

Good old Games - Interface
Good old Games – Interface

Une plate-forme de téléchargement

Le principe de Good Old Games (GOG) est très simple : les jeux du catalogue sont garantis pour fonctionner avec Windows XP et Vista. Proposés à des prix honnêtes (de 6 à 10 euros), le piratage n’a donc plus lieu d’être. D’autant que le site est joli, bien fichu, que les jeux s’accompagnent souvent de contenu additionnel (guide de jeu, fonds d’écran, etc.). Et crème de la crème : les jeux sont sans DRM.

Les DRM, c’est le mal

Tandis que les mécanismes de protection numérique de licences comme Spore rendent tellement furieux les joueurs que cela mène à des actions de classe aux Etats-Unis, nos amis polonais jouent la carte de la confiance, à l’instar de Stardock qui propose ses propres jeux sans DRM. Une fois achetés, les jeux de GOG sont téléchargeables et peuvent être installés à volonté sur n’importe laquelle de vos machines, sans aucune limitation ni mesure technique.
GOG mise sur l’honnêteté des acheteurs, une démarche positive qui fait plaisir dans un monde dominé par la suspicion (protection contre la copie, procédures de coercition à l’encontre des pirates du dimanche, etc.). Ce volontarisme semble porter ses fruits. Si aucun chiffre n’a été publié par GOG, le site ne cesse d’ajouter des titres à son catalogue, à raison de plusieurs par mois, et son nombre d’inscrits grimpe de façon constante.

Good old Games - Téléchargement
Good old Games – Téléchargement

Le nerf de la guerre : le droit

D’un point de vue technique, GOG vend les dernières versions des jeux (c’est-à-dire avec les derniers correctifs), avec un installeur maison et en faisant parfois appel à DOSBox pour améliorer la compatibilité avec les systèmes récents. Mais, au-delà de cette mise à niveau, le vrai défi de GOG est juridique. Dans la plupart des cas, il s’agit de convaincre les éditeurs de mettre à disposition des titres pour qu’ils connaissent une seconde vie grâce à un système de distribution dématérialisé et, pierre d’achoppement, sans aucune protection.
Une ouverture d’esprit qui ne coule pas de source de la part d’une industrie qui a passé sa vie à essayer de se prémunir du piratage. Et quand on regarde le cas de l’industrie musicale, qui commence à peine à changer son fusil d’épaule, on ne peut que tirer notre chapeau à chaque titre qui enrichit la collection de CDProjekt.

Pour durer, il faut avoir les reins solides

On pourrait se poser la question de la pérennité d’un tel système, apparemment fragile, dirigé par une bande de passionnés, dépendant du bon vouloir des éditeurs et visant, pour l’instant, une niche de consommateurs nostalgiques. Mais ce serait une erreur de prendre les investisseurs de GOG pour des amateurs : la maison mère, CDProjekt, existe depuis 1994 et est le plus gros distributeur de jeux vidéo de Pologne, pas moins. Ils sont aussi responsables des premières localisations de jeux vidéo en polonais, ce qui a sans doute conforté leur position de leader sur leur marché intérieur.

Tout en continuant son activité de distribution, CDProjekt s’est attelé au développement de The Witcher, un jeu de rôle distribué par Atari et qui a connu un franc succès. On se rend alors compte que GOG n’est que la dernière brique de leur patrimoine et que c’est tout sauf des illuminés au fond d’un garage de Varsovie. Et ce n’est pas pour rien qu’Ernst & Young leur a décerné le prix de l’Entrepreneur polonais 2008.

Good old Games - Jagged Alliance 2
Good old Games – Jagged Alliance 2

Moi pas parler la France

Pour un franchouillard, la limite actuelle de GOG est sans nul doute l’absence de la langue de Molière dans le catalogue. Rêve de Babel ou cauchemar d’académicien, tous les jeux sont en anglais, uniquement en anglais. La localisation des jeux étant bien souvent la propriété des distributeurs locaux (comme l’est CDProjekt), il est sans doute trop compliqué et pas assez rentable (pour l’instant ?) pour GOG de se lancer dans la localisation internationale de son catalogue. Un catalogue qui commence à s’étoffer sérieusement : initialement bâti autour d’une dizaine de titres, dont les célébrissimes Fallout 1 et Fallout 2, qui, à n’en pas douter, ont largement participé à la publicité spontanée qu’a reçue la plate-forme de téléchargement.

Ce qu’on en pense : que du bien

Difficile de prendre GOG en défaut hormis côté langue. Les jeux marchent impeccablement sur tous les systèmes d’exploitation (Fallout, Beneath a Steel Sky, Jagged Alliance 2, Lure of the Temptress, Giants : Citizen Kabuto et Pro Pinball : Timeshock testés avec XP, Vista 32 bits et 64 bits). Le coût est modéré quand on se rend bien compte qu’il comprend, en plus de la garantie de fonctionnement (adaptation aux systèmes modernes), le service de distribution illimitée dans le temps et l’absence de mesures de protection.

Good old Games - Fallout 2
Good old Games – Fallout 2

Vous nous conseillez quels jeux, donc ?

Venons en au fait : qu’y a-t-il de bon à se mettre sous la dent ? Pour les fraggers fous, Unreal Tournament premier du nom, Unreal 2004 (non, il n’y a pas que des jeux datant de dix ans !) et le célébrissime Duke Nukem, ajouté la semaine dernière. Les fans de jeux d’aventure point & click (re)découvriront avec plaisir The Feeble Files, Simon the Sorcerer ou Runaway (pas si vieux que ça). Les rôlistes ne pourront pas passer à côté des Fallout ou d’Arx Fatalis. En matière de space opera, on optera pour Descent 3 et Freespace, premier du nom. Finissons notre rapide tour d’horizon avec les jeux de stratégie, on vous recommande Stronghold Crusader, les Jagged Alliance et Disciple II Gold. Des choix subjectifs, le mieux est d’aller y faire un tour pour se faire sa propre opinion.

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Adrian Branco