Monkey Island, star paroxysmique du non sens vidéoludique, a plié une génération de joueur à sa loufoquerie, marquant les consciences et les attentes de milliers d’adeptes du sceau du poulet associé à une poulie. Derrière ce cultissime jeu d’aventure, on trouvait notamment Ron Gilbert. Vénéré d’entre les vénérés.
Quand M. Gilbert, Ron pour les intimes dont nous ne faisons pas partie, annonce un nouveau jeu qui serait un croisement de Monkey Island et de Diablo, on peut être à la fois enthousiaste, impatient, curieux et dubitatif. D’autant qu’on annonce que l’accent sera mis sur la parodie. On aurait donc à faire à une sorte de Shrek du jeu vidéo.
On a mis la main dessus et vu qu’on est un peu fainéant, on vous glisse sous les yeux une petite vidéo qui nous permettra d’éviter de vous parler du parti pris graphique assez « toonesque », de l’effet de rotondité exacerbée d’une planète naine, qui donne parfois l’impression d’être une otarie qui court sur une balle. Quoi qu’il en soit, faites-vous votre idée, mais nous, nous avons plutôt apprécié cette patte, qui colle parfaitement à la narration, à l’histoire et à l’action… On y vient plus en détails après la pause vidéo promise.
Héros à tout prix
Prenant les canons des aventures épiques, DeathSpank se fait un malin plaisir d’en faire de la pâté et de jeter en pâture au joueur les aberrations qu’il accepte habituellement. Ainsi, le héros éponyme, sait depuis toujours qu’il va devenir un héros. Seul souci, il ne sait pas comment, ni où, ni pourquoi. Du coup, il fait du zèle, court de veuve en orphelin, de Charybde en Scylla, dans l’espoir de sauver le monde et peut-être même l’Artefact. Non pas qu’il sache de quoi il s’agit, mais un Artefact avec une majuscule est forcément quelque chose avec lequel on ne plaisante pas.
Bref, DeathSpank veut être un héros, quitte à forcer le destin et cette motivation n’est pas passée inaperçue. Ainsi, on trouvera au fil de l’aventure des personnages qui lui demanderont d’aller voir Untel pour apporter ensuite un objet à Unetelle. Là où un jeu classique jouerait l’alibi vaseux du « le monde est peuplé de monstruosités, je ne peux pas y aller moi-même, pensez bien », DeathSpank mise sur la franchise. C’est juste que c’est pénible d’aller d’un point A à un point B, alors autant que ce soit un « wannabe super scout » qui s’en charge. D’autant plus que le monde est effectivement infesté de monstruosités, à considérer qu’un « poulet envoûté » et/ou « vicieux » entre dans cette catégorie.
En quête de réservoir de sens
En définitive, DeathSpank propose assez peu d’aller tuer du démon ou de l’incarnation méphitique. Les quêtes auxquelles nous avons pu jouer tenaient plus du « et si vous alliez me récolter 10 lèvres de poulets vicieux » ou « ah mince, tous mes appâts de pêche sont restés au bord du lac où d’infâmes trucs-gobelins-limaces ont établi leur camp ». C’est amusant, mais il faudra voir ce que ça donne sur le long terme. Car à rire et sourire en permanence, l’usure guette.
Evidemment, on remplit peu à peu son inventaire – et on peut même combiner des items entre eux (un poulet et une poulie quelqu’un ?) –, sa bourse et sa jauge pour « leveller » comme un fou.
Level one, Unit two
A chaque passage de niveau, on choisir une carte qui apporte des capacités spéciales au personnage : sorts, capacité à utiliser une grande variété d’armes, etc. Evidemment rien de trop sérieux.
Car ici, et c’est le plaisir « quintessentiel » et le moteur principal du jeu, rien n’est sérieux. On mange une cuisse de poulet quand on a perdu trop de vie, on réapparaît dans des guitounes qui pourraient trouver leur place au fond du jardin, dans une vieille maison de campagne pas reliée au tout-à-l’égoût et on peut avoir de vraies discussions profondes. Ainsi, on parle et apprend beaucoup au contact d’une vache philosophe, dont le meuh en dit long.
Ah l’été. A l’été.
DeathSpank, héros idiot, qui prend son destin en main et le force aux pires imbécilités, devrait arriver sur le Xbox Live et le PlayStation Network au cours de l’été, qui arrive puis repart, puis arrive, puis repart… Si on apprécie les graphismes un peu cartoon et flashy, si on aime bien la jouabilité basique d’un hack’n slash et l’atmophère délirante générale. Reste à savoir ce que tout cela donnera au long cours. Les niveaux sont en effet dirigistes et il ne faudrait pas que l’absurde et le non-sens faiblissent sans quoi on se retrouverait face à un hack’n slash bête et méchant. Et ici, on n’aime pas les méchants. Encore que…
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