Est-il possible de réaliser une voiture qui soit à la fois sportive, agréable à conduire et responsable écologiquement ? C’est le pari de Seat avec sa Cupra Leon e-Hybrid 245. Cupra désigne l’aspect sportif du véhicule, Leon est synonyme d’une des meilleures compactes du marché. Quant à l’e-Hybrid, c’est la double promesse d’une accélération vertigineuse et d’une consommation contenue.
La conséquence de cette triple identité, c’est que la Cupra Leon est la première compacte sportive à pouvoir prétendre au bonus écologique (- 2000 euros sur la facture). Autant dire qu’avec un tel CV, nous avions hâte de la tester. C’est ce que nous avons fait, sur les routes vallonnées de Champagne.
Sportivité assumée, technicité malmenée
Extérieurement et intérieurement la Cupra Leon e-Hybrid est une voiture très plaisante à regarder. Seat a su développer une identité propre à sa licence sportive avec des coloris spécifiques. Les teintes gris magnétique mat ou encore graphène lui vont comme un gant et sont un prolongement quasi naturel d’une fiche technique affichant fièrement ses 245 chevaux.
Le constructeur a tout particulièrement soigné l’habitacle avec une combinaison réussie de deux écrans (12,3 pouces pour l’instrumentation et 10 pouces pour l’info-divertissement). Le volant « Supersport » avec ses deux boutons, démarrage à droite, changement du mode de conduite à gauche, est du plus bel effet mais il est en option à 700 euros tout de même.
Quant à l’interface, il s’agit du même logiciel qui équipe la Golf de 8ème génération, présenté dans un habillage résolument plus sportif. Cet OS et son environnement de bord ont quelques qualités, mais aussi bien des défauts. En effet, comme sur la compacte de VW, les touches tactiles sensitives sont assez peu réactives, et, sans éclairage approprié, inutilisables la nuit. Quant à la navigation, elle est tout simplement d’un autre âge. Lancer un guidage GPS dans cette Leon (comme dans la dernière des Golf), c’est s’infliger les affres des premiers GPS TomTom et Garmin des années 2000. La voix est à peine moins robotique que par le passé mais souffre de nombreux soucis de prononciation. Ainsi, chez Cupra, les demi-tours deviennent des « demi-troulles », ce qui pourrait être anecdotique… si tous les croisements n’étaient pas interprétés comme de possibles demi-tours, ou plutôt des demi-troulles. En l’état, le système multimédia du groupe VW ne nous semble pas abouti et ressemble à s’y méprendre à une pub pour CarPlay et Android Auto.
Fort heureusement, les (nombreuses) aides à la conduite ne souffrent pas d’autant d’approximations.
Déni d’électricité
Mi-sportive, mi-électrique, voilà comment Seat présente sa Cupra Leon hybride. Mais dans les faits, qu’en est-il vraiment ? La voiture démarre systématiquement sur le moteur électrique, en silence, et privilégie la conduite hybride. Très bien. Néanmoins thermique et électrique ne sont pas traités à part égale. En effet s’il est possible de passer en 100% thermique en sélectionnant le bon mode de conduite, il faut littéralement se perdre dans les menus pour forcer la conduite 100% électrique. Assez étrangement, parmi les modes de conduite disponibles il n’y a pas de mode « Full Electric » ce qui oblige à descendre de deux niveaux dans les menus pour l’activer.
Au final, la Cupra Leon e-Hybrid donne l’impression de ne pas vraiment assumer son hybridation comme si l’aspect sportif du véhicule ne pouvait s’accommoder de sa motorisation électrique.
Rechargez-là, elle vous le rendra
Seat annonce entre 52 à 60 km d’autonomie pour sa Cupra Leon. Dans les faits, la réalité des chiffres est un peu moins reluisante. Il faut davantage tabler sur une parcours de 45 km avec une charge pleine, ce qui obligera l’utilisateur à repasser par la case recharge plus souvent qu’il ne le souhaiterait. Mais après tout, c’est la raison d’être des modèles PHEV et la seule condition pour rentabiliser leur achat. En effet, gare à la surconsommation une fois la batterie vide, car le poids de la voiture est important (1700 kg) et, compte tenu de sa motorisation, il n’est pas rare d’approcher les 10 L/100. À titre de comparaison, lors de notre essai en mode hybride, notre consommation était de 3,7 L/100. Comme pour toutes les hybrides rechargeables, l’intérêt de la Cupra Leon croit à mesure que celle-ci est rechargée.
Sur la route, ça donne quoi ?
La première Leon Cupra est considérée comme une référence chez les compactes sportives. Le passage à l’hybride se devait donc d’être parfaitement réalisé de la part de Seat. Force est de constater que le constructeur s’est appliqué et que les deux aspects du véhicule (silencieux et à faible consommation en ville, joueur et débridé sur le réseau secondaire) sont réussis. Le simple fait de démarrer dans un silence de cathédrale pour n’entendre que le bruit du roulage avant ensuite de faire vrombir le moteur est une sensation assez jouissive. À ce sujet, il convient de noter que Seat s’est légèrement laissé aller sur la sonorisation artificielle de son moteur. En effet, le mode Cupra offre une ambiance qu’on croirait sortie d’un jeu-vidéo, un brin ridicule tout de même.
En revanche, malgré sa sonorité artificielle, les réglages du mode de conduite Cupra méritent une mention spéciale tant ils mettent en valeur les capacités dynamiques de la Leon.
Sportive et « bonussée », l’étonnant paradoxe
La Cupra Leon est une sorte d’Ovni dans la planète automobile. Sportive et hybride, elle est l’une des seules compactes de ce type à être éligible au bonus écologique. Il ne s’agit « que » de 2 000 euros certes, ce qui ne représente qu’une petite portion des 39 600 euros qu’il faudra débourser au minimum pour se l’offrir, mais tout de même, cela peut peser au moment de faire ses comptes.
Finalement la Cupra Leon e-Hybrid 245 n’a qu’un seul réel concurrent pour le moment, et il est dans le groupe WW puisqu’il s’agit de la Golf GTE. En revanche, le tarif chez Volkswagen est nettement supérieur puisque les prix démarrent à 45 660 euros. Le positionnement tarifaire de Seat est une fois de plus très ingénieux. La marque espagnole espère réaliser 1% de part de marché avec sa marque Cupra. La version musclée de sa Leon pourrait largement y contribuer.
Verdict de l’essai :
Sur les plans esthétiques et mécaniques, la Cupra Leon e-Hybrid est incontestablement une réussite. Surtout, elle offre des performances assez proches de sa cousine, la Golf, pour un prix nettement plus abordable. Quant à la promesse d’une hybride sportive, elle est tenue. Dès lors, on ne peut que regretter ses deux principaux défauts. Le premier est volontaire et consiste à ne pas totalement assumer l’aspect hybride de la voiture alors même que les 45 km d’autonomie en 100% électrique suffisent à la majorité des trajets quotidiens. Quant à l’OS de la voiture, certes il souffre sans doute de sa jeunesse, bien sûr il peut être contourné en branchant son smartphone, mais il est tout de même indigne d’un véhicule vendu près de 40 000 euros.
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