Créé il y a deux ans, Télécom Développement est une filiale commune de la SNCF (50,01 %) et de Cegetel (49,9 %). Il fournit des services aux opérateurs – au premier rang desquels Cegetel -, mais n’est jamais en contact avec l’utilisateur final, que celui-ci soit un particulier ou une entreprise. De ce fait, l’opérateur apparaît assez peu à la une de l’actualité. Pourtant, il est l’un des atouts majeurs de Cegetel dans sa compétition avec l’opérateur historique. Son président, Charles Rozmaryn est l’ancien directeur général adjoint de France Télécom.En mars dernier, vous avez fait appel à Alcatel et à Nortel pour moderniser votre réseau. Comptez-vous fonctionner avec deux fournisseurs ? Une société de notre taille ne peut avoir qu’un seul fournisseur par type de technologie, avec lequel nous entretenons des relations de partenariat et de confiance. Par exemple, Alcatel pour le réseau à bas débits actuel et la transmission, et Ciena pour l’optique. Notre double choix répond à une double démarche. Alcatel construira un réseau voix fondé sur ATM, prévu pour l’an prochain, et qui évoluera vers la donnée. Nortel construira pour la fin 2000 un réseau plutôt orienté données avec ATM et IP, mettant en ?”uvre des mécanismes MPLS (*), qui pourra évoluer vers la voix.Y aura-t-il des passerelles entre ces réseaux ? Sont-ils destinés à fusionner ? Difficile à dire pour le moment. Nous regardons comment les matériels vont évoluer, et nous prendrons alors notre décision. De toute façon, entre équipements purement ATM d’un côté, et ATM et IP de l’autre, ce n’est qu’une question de logiciel. La plate-forme matérielle reste la même dans les grandes lignes.Beaucoup d’opérateurs cherchent à optimiser leur réseau en supprimant des couches, souvent redondantes. Quelle est votre stratégie ? Il est vrai que l’empilage IP sur ATM sur SDH sur optique n’est pas très rationnel. Nous allons faire passer l’ATM directement sur la couche optique, et donc supprimer la partie SDH dans le c?”ur de réseau. Les fonctions de sécurité sont assurées par deux liens en parallèle. En revanche, pour la partie distribution, en extrémité, lorsqu’on a besoin de petites capacités, de l’ordre de quelques dizaines ou centaines de mégabits par seconde, la couche SDH retrouve toute son utilité.Plus que jamais, le réseau optique devient une organisation stratégique pour les opérateurs. Comptez-vous poursuivre votre effort en la matière ? Bien sûr. Nous posons chaque année plus de 1 500 kilomètres de câble optique sur le réseau de la SNCF, et plus de 300 kilomètres en dehors – par exemple, sur les réseaux autoroutiers lorsqu’il n’y a pas de voies ferrées. Mais notre priorité reste, bien sûr, le réseau ferré, puisque notre droit de passage est gratuit. En gros, cela nous revient dix fois moins cher. La technologie de multiplexage de longueurs d’onde – ou DWDM – a été introduite sur 3 000 kilomètres. Et, de ce point de vue, nous sommes parmi les mieux placés en France.Croyez-vous à une explosion du trafic, ainsi que les analystes l’annoncent ? Nous n’avons pas observé que la donnée ait fait exploser le trafic. La voix prédomine toujours – en valeur, bien sûr, mais aussi en volume. Si explosion il doit y avoir, elle sera provoquée par la vidéo. Par exemple, on peut penser que les communications visiophoniques vont se développer avec l’UMTS, le système mobile de troisième génération. Et, là, le trafic explosera réellement.Vous venez de signer un accord avec la Direction générale à l’armement. Cela signifie-t-il que vous allez commercialiser vos services directement auprès des entreprises ? Non. Ce contrat avec la DGA est une particularité. Nos clients directs sont les autres opérateurs – une trentaine environ. Les entreprises sont du ressort de Cegetel et de ses structures commerciales. Si nous accompagnions les commerciaux de Cegetel, c’est uniquement comme support technique.Des rumeurs circulent régulièrement sur une éventuelle modification des participations entre Cegetel – 49,99 % – et la SNCF – 50,01 %. Sont-elles fondées ? La question n’est pas à l’ordre du jour(*) MPLS : Multi Protocol Layer Switching est une technologie de commutation de niveau 3, normalisée par l’IETF – Internet Engineering Task Force. )
JPS
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