«Fin du réseau 3G aux USA le 22 février 2022. Pour continuer à téléphoner et rester connecté aux USA, vous devez vous équiper d’un mobile compatible VoLTE (voix sur 4G)». Vous avez peut-être reçu cette alerte de votre opérateur mobile ces derniers jours. La technologie 3G ne sera en effet plus utilisée par AT&T à partir du 22 février, puis par T-Mobile cet été, et enfin Verizon en décembre. Partout ailleurs en Europe, les opérateurs commencent également à programmer l’extinction de la 3G. L’Allemagne et le Danemark y ont déjà mis fin et la liste va s’allonger dans les années qui viennent jusqu’en 2025.
Mais le sujet ne fait pas encore consensus pour le moment en France. Les opérateurs ne se sont d’ailleurs pas précipités pour nous répondre.
Une décision qui revient aux opérateurs
Il faut dire que la fin de la 3G ne nécessite pas une décision réglementaire ou un vaste programme validé par l’Etat comme pour le décommissionnement du cuivre. « L’attribution des fréquences est neutre technologiquement donc les opérateurs sont libres d’arrêter la 2G ou la 3G s’ils le souhaitent. Nous veillerons cependant à ce qu’ils respectent leurs engagements de couverture avec qualité de service et de performances », nous indique Anaël Bourrous, chargé de mission au sein de la direction « mobile et innovation » à l’Arcep.
Même son de cloche du côté de la Fédération française des télécoms. «Nous étudions ce sujet, mais nous ne le portons pas collectivement pour le moment, car il est concurrentiel. Il relève de la stratégie commerciale de chaque opérateur et peut permettre de se différencier », nous indique Michel Combot, le directeur général de la FFT.
Lors des polémiques sur l’impact environnemental de la 5G avant son lancement en France, les industriels du secteur avaient pourtant affirmé qu’il serait compensé par la fin d’autres technologies obsolètes. Un argument qui ne convainc pas l’Arcep. « Des études sont en cours, mais il apparaît que les gains énergétiques ne seraient pas si évidents. Du côté du matériel, certains équipements réseaux devront être remplacés, tout comme les terminaux obsolètes des utilisateurs », souligne Anaël Bourrous.
Le territoire français bientôt totalement couvert en 4G
Chez les opérateurs, la question d’abandonner la 3G se pose toutefois sérieusement. Ils viennent de lancer la 5G et ils ont pour obligation de basculer l’ensemble de leurs sites en 4G d’ici à la fin de l’année. Même dans les zones blanches des zones rurales où devaient être installés 2500 nouveaux sites mobiles, il n’en reste que 15 % qui ne sont pas encore passés en 4G.
Maintenir la 3G n’a donc pas d’intérêt en termes de couverture du territoire ni de capacité d’accès à Internet. Le problème, c’est que le marché n’est pas mûr. Il y a encore beaucoup d’utilisateurs de 2G et 3G en France. Les deux technologies ne sont plus dissociées, car les terminaux 3G sont forcément 2G.
Le vrai problème, ce sont les professionnels. Sur les 22 millions de terminaux répertoriés par le gendarme des télécoms sur ce secteur, la plupart sont 2G/3G ! Machines de paiement par carte bancaire, horodateurs, téléalarmes, capteurs de pression, ascenseurs, compteurs d’énergie ou de transport, distributeurs automatiques de billets… les usages sont encore massifs. Certaines machines équipées de carte SIM 2G/3G sont parfois soudées ou difficiles d’accès. Des commerçants finissent même par oublier qu’ils utilisent un service mobile lorsque le produit est commercialisé par le constructeur.
Le cas des appels d’urgence en voiture
Sur le marché grand public, l’Arcep comptabilise tout de même plusieurs millions de terminaux uniquement 2G/3G mais aussi plusieurs millions de smartphones 4G qui sont trop anciens pour faire de la voix sur 4G (VoLTE) et restent donc dépendants de la 2G et 3G pour passer des appels. « Il y a une érosion naturelle chaque trimestre côté grand public qui incite à attendre encore un peu jusqu’à atteindre un plafond… jusqu’à ce qu’il ne subsiste plus que quelques irréductibles. Il serait alors envisageable de les prévenir bien en avance, comme pour le RTC ou le cuivre », avance Michel Combot.
Et il y a le cas spécifique du système d’appel d’urgence eCall des voitures, devenu obligatoire en 2018 en Europe. Il permet à un véhicule accidenté d’appeler instantanément les secours via le réseau mobile. Il fonctionne avec de la… 2G et de la 3G. Quinze millions de voitures sur 300 millions seraient concernées en Europe. Pour le moment, la solution serait de conserver la 2G lorsque la 3G s’arrête ou inversement.
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Et si c’était la 2G qu’on arrêtait ?
La question se pose de savoir si cela ne serait pas préférable de stopper la 2G. « Plusieurs scénarios d’extinction sont envisageables. Arrêter la 3G offre la possibilité d’un repli sur les réseaux 2G, l’inverse n’est pas vrai. Par ailleurs, la 3G a l’avantage d’avoir une meilleure couverture, mais davantage de professionnels dépendent de la 2G », fait observer l’Arcep.
« Le choix n’est pas simple », abonde Michel Combot. « L’intérêt d’arrêter la 3G, c’est que son accès à Internet peut être remplacé par la 4G et qu’elle permettra de réallouer davantage de fréquences », souligne-t-il.
Que les professionnels se rassurent. Si la 3G devait être arrêtée, la 2G serait donc maintenue comme solution de report. Et ils seraient prévenus bien en avance. En attendant, les touristes français qui ne bénéficient pas de la 4G ou de la voix sur 4G vont devoir s’habituer progressivement à se passer de leur smartphone à l’étranger quand ils se rendront dans des pays comme les États-Unis.
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