C’est un enregistrement de trois minutes cinquante qui a entraîné la chute du ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, l’un des piliers du gouvernement. Pourtant, la conversation dans laquelle une voix avoue posséder un compte en Suisse, capturée sur un répondeur téléphonique en 2000, n’avait rien, a priori, d’une preuve accablante pour lui. Son de mauvaise qualité, qui crachote et qui est perturbé par de nombreux bruits parasites et des sifflements : difficile, même pour ses proches, de reconnaître le ministre !
Cela n’a pas empêché les techniciens de la police scientifique d’identifier Jérôme Cahuzac avec un niveau de certitude suffisamment élevé pour que le parquet de Paris décide d’ouvrir une information judiciaire. Basés à Écully près de Lyon, ces experts sont regroupés au sein du Service central de l’informatique et des traces technologiques (SCITT). Comment ont-ils réussi une telle prouesse technique ? En utilisant le nec plus ultra de la technologie acoustique.
Empreintes vocales
Nos cyberflics ont commencé par “nettoyer” l’enregistrement en supprimant le plus possible les bruits de fond, craquements et sons parasites. Ils ont ensuite transformé le son en ondes pour en avoir une représentation graphique. Le tout à l’aide de logiciels accessibles au grand public, payants comme Audition d’Adobe et Sound Forge Audio Studio de Sony, ou gratuits comme Audacity et Goldwave.
Ce premier travail a permis d’effectuer une comparaison audio et visuelle avec un enregistrement de référence du ministre. Tout comme l’ADN ou les empreintes digitales, la voix a un caractère quasi unique. On ne peut s’en servir pour une identification que si l’on possède un original auquel la comparer. Les policiers se constituent à cet effet des bases de données d’empreintes vocales de criminels et de suspects. Dans le cas de Jérôme Cahuzac, rien de compliqué : il leur a suffi de récupérer un discours enregistré ou une interview.
Analyse phonétique
C’est là qu’est entrée en jeu l’arme secrète des enquêteurs, le logiciel Batvox. Inutile de le chercher, vous ne le trouverez pas dans le commerce. Il a été conçu pour les spécialistes de l’investigation numérique. Peu importe ce que raconte le suspect ou la langue employée, Batvox a les moyens de le reconnaître. “On peut partir d’un enregistrement en anglais, espagnol, arabe ou français et le comparer avec une voix dans une autre langue”, affirme Philippe Vinci, responsable marketing et ventes d’Agnitio, l’éditeur de Batvox. L’autre point fort du logiciel ? Il peut travailler à partir de différentes sources : micro, téléphone, Skype… C’est grâce à cet outil redoutable que les experts de la police – formés par l’éditeur – ont pu avancer dans l’affaire Cahuzac.
La suite de l’article dans le nouveau magazine 01net.
En vente en kiosque à partir du jeudi 4 avril.
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