Mille milliards de dollars… et un peu plus. Selon une « étude indépendante », établie par le cabinet Analysis Group pour le compte d’Apple, son App Store et tout l’écosystème attenant auraient généré quelque 1 123 milliards de dollars de revenus dans le monde l’année dernière, en progression de plus de 29% par rapport à l’année précédente… L’occasion de rappeler un chiffre annoncé par Apple il y a quelques semaines, ce seraient plus de 4,8 millions d’emplois aux Etats-Unis et en Europe qui reposeraient sur l’App Store et son écosystème…
Deux petites précisions…
Éclaircissons rapidement deux points. Le premier, Apple n’empoche pas cette somme – « seulement » 10%, soit tout de même environ 112 milliards de dollars. En effet, plus de 90% de ces revenus vont aux seuls développeurs (ou, tout au moins, aux services liés à l’appli), « sans aucune commission payée à Apple », précise l’étude, car les ventes et facturations ont lieu en dehors de l’App Store, donc hors du contrôle d’Apple.
Par ailleurs, second point, ces plus de mille milliards de dollars ne proviennent pas seulement de vos achats intégrés compulsifs dans Candy Crush, rassurez-vous. Les économistes de l’Analysis Group épluchent plus de 80 critères et sources de données pour prendre en compte l’impact économique au sens large de l’App Store, et toute l’économie qu’il porte. Les économistes du cabinet d’analyses expliquent ici que l’App Store est un « facilitateur » de ventes et de revenus. Entre ainsi en ligne de compte aussi bien les ventes de biens physiques ou numériques que les voyages, trajets en VTC ou taxi, publicités dans les applis, etc.
Les applis ancrées dans l’économie physique
D’après les économistes de l’Analysis Group, « les développeurs de l’App Store auraient généré 910 milliards de dollars » pour la seule « vente de bien physiques et de services. » Auxquels il faudrait ajouter 109 milliards pour la publicité dans les applications et 104 milliards pour les biens et services numériques.
Il est intéressant de noter que ces trois catégories sont en progression, mais pas dans les mêmes proportions. Ainsi les biens et services numériques, liés plus directement aux applications, n’enregistrent un progrès que d’un peu moins de 2% – un chiffre qui s’explique par le fait que pendant la pandémie les utilisateurs ont consommé beaucoup plus de biens numériques. Tandis que les biens et services physiques croissent eux de plus de 34%, avec une forte progression des offres de voyages, de transports à la personne et des courses alimentaires en ligne (3,5 fois plus qu’en 2019). On observe la même tendance pour le pactole issu de la livraison de nourriture, qui est multiplié par 2,3 depuis 2019. Les revenus tirés de la publicité dans les applis augmentent de près de 24%.
On note également quelques disparités régionales. En 2022, les Etats-Unis ont pesé pour 41 milliards de dollars dans les revenus tirés des biens et services numériques, loin devant la Chine, 21 milliards, et l’Europe, 11 milliards de dollars. En revanche, pour les biens et services physiques, la Chine domine largement, avec 523 milliards de dollars, contre 182 pour les Etats-Unis et 93 pour l’Europe.
Si on entre un peu plus dans les détails, on constate que les revenus des livraisons de courses alimentaires sont surtout en hausse aux Etats-Unis et en Chine, alors qu’ils stagnent ou baissent un peu en Europe. L’Europe où les revenus des livraisons de repas ont été multipliés par deux depuis 2019, par exemple, mais avec une croissance nulle entre 2021 et 2022 – autrement dit, les habitudes nées du covid perdurent mais ne convertissent pas forcément de nouveaux utilisateurs et ne génèrent donc pas de nouveaux revenus. Les revenus du Vieux continent sont surtout portés par les services de voyages, avec une hausse de 79% des revenus entre 2021 et 2022.
De manière intéressante, on constate qu’en Europe, le Royaume-Uni est le plus gros pourvoyeur de revenus, avec 48 milliards de dollars, loin devant l’Allemagne, et ses 19 milliards, et la France, bon troisième avec 12 milliards de dollars…
Quinze ans, et quelques progrès…
Enfin, l’étude fait un petit point sur les quinze années d’existence de l’App Store, qui a été lancé en juillet 2008. On notera les plus de 370 milliards de téléchargements depuis le lancement… On soulignera également que le kiosque d’Apple compte désormais 1,8 million d’applications, 123 fois plus qu’à la fin de l’année 2008.
Il va de soi que cette étude, dont on ne se permettra pas de remettre en cause la justesse, a un but communicationnel évident : démontrer que l’App Store ne profite pas qu’Apple, et que l’écosystème qui s’est créé autour de cette plate-forme très contrôlé est vertueux et profitable à beaucoup de personnes. A quelques jours de l’ouverture de la WWDC, et peut-être des premières annonces des modifications apportées à iOS et à l’App Store en vertu des DSA et DMA européens, cette avalanche de chiffres n’est pas innocente, mais n’en demeure pas moins éclairante.
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