Iconiques et blancs, les AirPods ont une signature visuelle facilement identifiable et largement copiée, et si la qualité sonore qu’il propose est bonne, elle n’a commencé à flirter avec l’excellence qu’avec les AirPods Max, lancés fin 2020. Sur cette lancée, en septembre dernier, Apple introduisait la deuxième génération de ses AirPods Pro, qui marquait un progrès conséquent en matière de qualité audio.
Nos confrères de What Hi-Fi ont eu l’occasion de discuter avec Esge Andersen, un ingénieur de l’équipe acoustique d’Apple, qui a travaillé sur ces écouteurs true wireless. Il leur a confié le secret de cette progression fulgurante : tout tient à la circulation de l’air. « Quand on parle de bon son, il est juste question de la façon dont nous déplaçons l’air dans un produit – ce qui est plutôt bizarre parce que nous ne parlons pas du boîtier ou de ce à quoi il ressemble – il s’agit aussi de s’assurer que nous concevons aussi le design pour la circulation de l’air. »
Les maîtres de l’air
Un secret qui n’en est pas vraiment un, mais qui remet en avant une vérité physique inaltérable. En matière audio, il est toujours question de la capacité des membranes des haut-parleurs à déplacer un volume d’air qui mettra en branle nos tympans, marteau, enclume, étrier, etc. Mais, en l’espèce, avec ce genre de produits, le défi prend une tout autre tournure.
Cette contrainte et ces limites physiques donnent un éclairage tout particulier à l’ambition de son équipe : « donner à tout un chacun des AirPods Max dans sa poche ». Autrement dit, pour les AirPods Pro 2, les équipes d’Apple ont souhaité offrir la même qualité sonore qu’avec leur casque haut de gamme circum-auriculaire bien plus massif.
Tout cela avec deux contraintes supplémentaires : une taille miniature, et un design quasiment inchangé, à l’exception des micros et évents déplacés. Or, c’est justement sur ce dernier point que les ingénieurs d’Apple ont travaillé pour optimiser la circulation de l’air vers le driver. Pour atteindre cet objectif, Esge Andersen et ses collègues ont simplifié les choses. Ils ont supprimé un des évents. Il y en avait avant un à l’avant et un à l’arrière. Il ne reste désormais plus que celui à l’arrière.
Cette simplification a permis d’optimiser « le flux d’air pour le driver afin que nous puissions obtenir une meilleure excursion (la course du cône du haut-parleur depuis sa position au repos, NDLR) », précise l’ingénieur.
Il a également fallu travailler sur les minuscules turbulences internes, qui aboutissent à des distorsions sonores. En réussissant ce tour de force, ils ont ainsi pu assurer des basses plus profondes et des aigus plus précis et hauts. Il est possible de le vérifier facilement, que ce soit à bas niveau sonore ou en poussant un peu le volume. D’ailleurs, l’équipe de Esge Andersen a veillé à ce que le flux d’air et le son soient optimaux quelle que soit la puissance demandée.
Ce nouveau flux d’air joue aussi un rôle important dans l’amélioration de la réduction de bruit active. La sensation de pression sur les tympans est moindre, et c’est une bonne chose, car elle n’est pas forcément très agréable en règle générale, même si la première génération d’AirPods évitaient déjà plutôt bien ce travers par rapport à certains concurrents.
Profil et signature sonore…
Esge Andersen confirmait également à nos confrères de What Hi-Fi que les réglages de rendu sonore sont différents en fonction de l’appareil auquel sont connectés les AirPods Pro 2. « Si vous êtes sur votre Apple TV avec un plus grand écran, notre réglage est différent de ce qu’il serait sur un iPhone », une question de réalisme, expliquait-il. On ne s’attend pas au même rendu sonore qu’on soit en visioconférence, ou en train de regarder un film, que ce soit sur un iPad, un iPhone ou une Apple TV.
Cette affirmation mène directement à la question de la « signature sonore ». Contrairement à d’autres acteurs, comme Bose, Apple semble ne pas vouloir prendre parti, avec une production sonore relativement neutre, qui ne privilégie par exemple par les graves sur les mediums. Esge Andersen donnait un éclairage intéressant sur cette position, confirmant qu’Apple a conscience de la diversité des goûts de ses utilisateurs et opte donc pour une voie médiane. L’ingénieur indiquait en effet que le géant américain fait appel à un groupe « d’oreilles expertes » qui vont définir le son. Des personnes qui vont faire en sorte qu’il n’y ait pas (ou le moins possible) de biais sonores, en fonction des préférences de chacun. Esge Andersen indiquait par ailleurs que cette signature neutre est en constante évolution, que rien n’est gravé dans le marbre : « Si nous pouvons améliorer le son… Je pense que notre équipe de design industriel est très ouverte sur ce sujet ». Avant de préciser : « En définitive, il faut trouver un compromis, parce que vous ne pouvez pas satisfaire tout le monde pour le moment ».
Qualité sonore limitée, le codec n’y est pour rien ?
Faut-il y lire un clin d’œil aux passionnés d’audio qui regrette que la hi-res ne soit toujours pas d’actualité dans ces AirPods Pro, ou n’importe quels autres AirPods ? Dans un moment très apple-ien, Esge Andersen répondait ainsi à nos confrères : « Il est très important de comprendre que nous pouvons toujours faire de grands progrès sans changer le codec. Et le choix du codec que nous faisons aujourd’hui tient davantage à la fiabilité et à la précision. L’objectif est de faire quelque chose de solide dans tous les environnements. » Il enfonçait ensuite le clou : « Nous voulons améliorer la qualité sonore, et nous pouvons le faire avec beaucoup d’autres éléments. Nous ne pensons pas que le codec actuel soit la limitation de la qualité audio sur les produits Bluetooth ».
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Source : What Hi-Fi