Lors de la keynote d’ouverture de la WWDC 2022, Apple a mis les bouchées doubles pour rapprocher iPadOS de macOS. C’est le même défi qui s’impose aux équipes de Craig Federighi chaque année. Sans dénaturer « l’expérience tablette » très réussie, il leur faut enfin trouver une voie qui donne plus fluidité et d’efficacité aux usages de productivité classique, bref, faire en sorte que le logiciel soit à la hauteur du matériel et permette d’utiliser l’iPad comme un PC portable.
Une vague de nouveautés pour doper l’iPad
Cette année, la récolte a été bonne. Les efforts pour renforcer Continuité font qu’il est de plus en plus facile de commencer une tâche sur un Mac pour la finir sur un iPad, et inversement, gommant les frontières entre chaque produit, afin d’offrir systématiquement le meilleur outil pour une tâche en fonction d’un environnement changeant ou d’un moment de la journée particulier.
L’arrivée plus discrète des Desktop Class Apps sur l’iPad, qui est essentiellement un outil pour que les développeurs puissent adapter leurs applications en retouchant à leur interface, à leur possibilité de personnalisation, etc., promet également une montée en gamme, et une meilleure ergonomie à plus ou moins longs termes.
Mais le gros de la fête tient évidemment à Stage Manager, qui est à la fois une nouvelle façon de présenter les applications sur iPad pour mieux les mettre en valeur et plus rapidement passer de l’une à l’autre – mieux en tout cas qu’avec Mission Control ou Spaces, mais également un petit monstre technologique qui requiert beaucoup d’efforts aux iPad.
Au point qu’Apple a annoncé que cette fonction ne serait disponible que sur les iPad équipés d’un processeur M1, à savoir les deux derniers iPad Pro, et le tout récent iPad Air. Après nous avoir donné une première série d’explications lors de briefing au sein de l’Apple Park, le géant californien a décidé de faire un point définitif, sans doute, sur la question, et qui mieux que Craig Federighi pouvait rendre l’exercice indiscutable.
Stage Manager, au bout de longs chemins
Le grand patron du logiciel chez Apple a discuté en profondeur avec nos confrères de TechCrunch de ce sujet. On y apprend ainsi que Stage Manager n’est pas le fruit d’un, mais de deux efforts. Deux équipes, l’une dédiée à iPadOS et l’autre à macOS, auraient ainsi travaillé sur un projet destiné à proposer une nouvelle approche de l’espace de travail. Toutes les deux auraient abouti à des concepts assez similaires, qui, une fois fusionnés, donneraient Stage Manager.
Mais il est intéressant également de voir que cette nouvelle interface est introduite maintenant, car il a fallu que les équipes de Craig Federighi préparent le terrain, et accompagnent ou incitent les développeurs à aller dans le sens requis.
Ainsi, il fallait que les applications soient développées de telle sorte qu’elles puissent être facilement redimensionnées. Les fonctions comme Split View, ou Slide Over, dans iPadOS, ont indubitablement préparé le terrain en faisant en sorte que les applications puissent être juxtaposées et redimensionnées selon les besoins. Slide Over incarne évidemment le redimensionnement poussé à l’extrême avec une fenêtre minimaliste qu’on peut afficher en superposition sur le côté de l’écran de l’iPad.
Dans une entreprise où l’intégration matérielle et logicielle est au cœur de tout, il n’est pas étonnant également, qu’une fois l’évolution logicielle prête, il ait fallu que la partie hardware suive. C’est là qu’intervient le M1.
Un besoin important de puissance à tous les étages
« Dès le départ, l’iPad a toujours maintenu un standard extrêmement élevé en matière de réactivité et d’interactivité », explique Craig Federighi, pour rappeler que subir des lags réguliers sur une tablette Apple n’est pas envisageable quand tout fonctionne bien. « Quand vous ajoutez à cela plusieurs applications, et une surface d’affichage très large, vous devez vous assurer que chacune de ces applications peut répondre instantanément au toucher avec une exigence encore plus importante que pour une application PC. »
C’est ce niveau d’exigence très élevé qui a poussé le patron du logiciel d’Apple à limiter Stage Manager aux iPad avec une puce M1. Car Stage Manager repose sur la partie GPU plus puissante des M1, ainsi que sur les accès plus rapides à la mémoire virtuelle, sur les modules de stockage plus rapides, et sur la quantité de mémoire embarquée plus importante. Autant de points qui gravitent et accompagnent le M1 et ne sont pas présents sans ce SoC.
Afin que les applications soient toujours accessibles instantanément dans iPadOS, il fallait jusque-là les charger en permanence dans la mémoire vive. Mais en multipliant leur nombre, il était nécessaire de faire appel à du renfort, d’où l’arrivée du swap de mémoire virtuelle, qui utilise une partie du stockage – qui doit donc être très rapide – comme mémoire vive. « Seuls les iPad M1 combinent une forte capacité de DRAM avec de la NAND (mémoire flash – ndlr) haute capacité et haute performance », explique ainsi Craig Federighi.
En définitive, ce n’est pas tant la puissance de la puce, qui limite Stage Manager au M1, mais la quantité et la qualité de mémoire réelle ou virtuelle disponible. Encore que Craig Federighi précise que, pour Apple, Stage Manager doit aussi pouvoir être utilisé sur un écran externe. Or, en l’espèce, il faut là une connectique adaptée et la puissance graphique nécessaire. Une fois encore, seul le M1 a les épaules pour gérer cette demande. « Quand vous additionnez tout cela, nous ne pouvons pas fournir une expérience Stage Manager complète sur un système moins performant », conclut Craig Federighi, avec d’ajouter : « Nous ne voulions pas limiter notre design à quelque chose de moins bon, nous définissons les exigences pour le futur ».
Encore des progrès
Justement dans un futur proche, au fil de l’été et des bêtas développeurs, puis publiques, Apple va peaufiner Stage Manager. Certaines améliorations ou changements sont d’ores et déjà prévus, et l’étaient avant même les premiers retours. Toutefois, il ne faut pas rêver, ces optimisations ne permettront pas, sauf miracle, de voir Stage Manager tourner sur votre nouvel iPad, malgré son très performant A13 Bionic…
La question est désormais de savoir si Apple va étendre au fil des mises à jour matérielles et des années son M1 (et suivant) à toute sa gamme d’iPad pour permettre à toute sa gamme de prix de bénéficier de cette nouvelle expérience « bureautique », ou si Stage Manager restera sur le long terme un élément différenciateur. Les iPad Pro et Air, le haut de gamme grand public, se voyant réserver le rôle de tablette-presque PC…
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Source : TechCrunch