C’était l’annonce iPadOS que tout le monde attendait. Une refonte ergonomique qui permette enfin à nos tablettes Apple d’être utilisées comme l’équivalent d’un PC portable, avec fluidité dans le cadre d’une productivité un peu intensive.
On rêvait d’un mode « Mac », la réponse a pris la forme de Stage Manager, nouvelle interface qui repose sur la possibilité de redimensionner et de déplacer les fenêtres applicatives à l’envi, et de regrouper jusqu’à quatre applications au sein de quatre espaces dédiés. Il est alors possible de passer de l’un à l’autre de manière fluide et intuitive pour passer de ses mails à un traitement de texte, ou à un logiciel de retouche d’images. On n’a jamais été aussi près d’un macOS sur iPad.
Quelques élus seulement
Mais cette nouveauté, qui en fait d’ores et déjà rêver plus d’un, ne sera pas disponible sur tous les iPad. Seules les tablettes équipées d’un M1, la puce introduite en novembre 2020 dans les MacBook et Mac mini, y auront droit. Autrement dit, pour les citer, seuls les iPad Pro 11 et 12,9 pouces, sortis en 2021, et les derniers iPad Air, y auraient droit.
Il est possible d’y voir une volonté d’Apple de créer un effet de gamme – en offrant à ces tablettes haut de gamme une fonction qui en fait à la fois des terminaux de consultation performants, et potentiellement des alternatives crédibles à des PC portables. Néanmoins, il y a derrière cette limitation au moins une raison technique.
Quand le swap débarque chez vous…
Stage Manager nécessite pour bien fonctionner une autre nouveauté d’iPadOS 16 : Virtual Memory Swap. Cette fonction, déjà présente sous d’autres noms dans Android, Windows, macOS, Linux, etc., est vieille comme le monde (informatique), mais bien utile. Elle permet d’utiliser une partie du stockage d’un périphérique afin de la convertir en mémoire vive.
Autrement dit, on alloue temporairement quelques méga ou gigaoctets de stockage à des données nécessaires à l’exécution de certaines applications qui devraient être écrites et lues dans la mémoire vive.
Le système d’exploitation s’arrange toutefois généralement pour conserver les éléments essentiels sur la mémoire principale, ici la mémoire unifiée (8 ou 16 Go, selon les modèles), et place des éléments moins vitaux dans cette mémoire étendue, qui est également moins performante. Sur ce point, les contrôleurs des modules de stockage d’Apple sont suffisamment performants pour garantir des débits en lecture/écriture de très bon niveau. On devrait ainsi être loin des performances de swap qu’on rencontrait avec les disques durs d’antan.
Quoi qu’il en soit, ce Virtual Memory Swap assure, dans iPadOS 16, jusqu’à 16 Go de mémoire vive supplémentaires, qui seront alloués « aux applications les plus exigeantes, et aideront à rendre le multitâche absolument fluide », explique Apple.
Stage Manager, pas juste une jolie interface
Stage Manager, en gardant à portée de main un grand nombre d’applications, sollicite bien entendu davantage la configuration matérielle. En ce sens, l’obligation de la puce M1 se justifie, en l’espèce, par sa puissance.
Mais, à en croire un briefing que nous avons eu la chance de suivre lors de notre récent passage à Cupertino, il y a toutefois encore une limitation à avoir en tête. Cette fonction de swap de mémoire requerrait que le stockage soit au départ d’au moins 128 Go. Si ce chiffre est indiscutable, cela signifierait que tous les iPad Air de dernière génération n’y auront pas accès. La nouvelle tablette haut de gamme grand public est en effet vendue avec 64 Go seulement pour son premier modèle. Ce point demande donc confirmation.
Par ailleurs, un autre détail aura également besoin d’être éclairci, celui de la quantité minimale de stockage disponible nécessaire. Parce qu’on imagine que si Virtual Memory Swap peut « convertir » jusqu’à 16 Go, il faut que l’utilisateur possède un peu plus d’espace libre sur le stockage de sa tablette pour atteindre ce maximum, afin que l’iPad puisse continuer à fonctionner sans heurts, quand les applications écrivent des données.
Bref, Stage Manager est assurément un nouveau pas intéressant en direction d’iPad qui raccourcissent l’écart qui les sépare des PC portables… Mais ce nouvel effort a demandé à Apple de recourir à des astuces techniques qui ne permettent pas à toutes ses tablettes de monter à bord de ce train. Preuve qu’être un Mac n’est pas aussi simple qu’on le croit. Preuve également que l’habitude d’Apple de proposer des stockages assez faibles sur certains modèles pourrait s’avérer problématique pour le déploiement de certaines nouveautés fonctionnelles.
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