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Amazon est accusé de mettre en danger ses employés… et d’en avoir conscience

Une enquête du Sénat américain révèle que les employés d’Amazon sont plus susceptibles de se blesser que ceux d’autres entrepôts. Une fois encore, Amazon est accusé d’imposer des quotas de productivité extrêmes à ses salariés, au détriment de la sécurité. Le groupe dénonce un rapport biaisé, truffé de faux témoignages.

Depuis des années, Amazon fait l’objet de critiques récurrentes concernant les conditions de travail dans ses entrepôts. Selon de nombreux témoignages, le géant de l’e-commerce impose des cadences excessives à ses employés au détriment de la sécurité, surtout durant la période des fêtes de fin d’année. Les critiques se sont accentuées au cours de la crise du coronavirus.

Pour en avoir le cœur net, le sénateur américain Bernie Sanders a ouvert une vaste enquête sur les pratiques d’Amazon aux États-Unis en juin 2023. Dans le cadre de cette enquête, le personnel du Sénat s’est entretenu avec 500 employés et examiné plus de 1 000 documents. L’enquête avait pour but principal de « découvrir pourquoi les taux de blessures chez Amazon dépassent de loin ceux de ses concurrents et à comprendre ce qui arrive aux travailleurs d’Amazon lorsqu’ils sont blessés au travail ».

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Blessures graves, handicap… les dessous des entrepôts Amazon

Selon l’enquête, les entrepôts d’Amazoniennes ont enregistré 30 % de blessures en plus que la moyenne de l’industrie en 2023. Les employés d’Amazon avaient presque deux fois plus de risques de se blesser que ceux travaillant dans des entrepôts d’autres entreprises, et ce, chaque année depuis sept ans. De facto, « beaucoup de ces travailleurs vivent avec des blessures graves et des handicaps permanents ».

Pour expliquer ces risques élevés, le rapport pointe du doigt « l’insistance de l’entreprise à imposer des quotas de productivité exténuants ». Pire, Amazon est accusé d’avoir passé sous silence les conclusions d’une enquête réalisée en interne, qui établissait un lien entre la vitesse de travail exigée par le groupe et les taux élevés de blessures des employés.

Afin d’inverser la tendance, le rapport interne conseillait de ne plus sanctionner les salariés incapables de tenir les objectifs de rythme imposés par Amazon. Il recommandait aussi d’accorder plus de jours de congés aux travailleurs. Plutôt que d’adopter les changements préconisés, Amazon aurait préféré continuer sur sa lancée, sacrifiant la sécurité sur l’autel de la productivité.

Pour le Sénat américain, Amazon est bien conscient que sa « culture d’entreprise
obsédée par la vitesse et la productivité » représente un danger pour la santé physique de ses collaborateurs. L’approche d’Amazon aurait généré des « défaillances systémiques en matière de sécurité », ce qui explique la profusion d’accidents.

Amazon se défend

Amazon est rapidement monté au créneau pour fustiger les conclusions du rapport sénatorial. Dans un long communiqué, le groupe de Jeff Bezos estime que le rapport commandé par Bernie Sanders est factuellement faux. Il mettrait en avant des « informations sélectives et obsolètes qui manquent de contexte et ne sont pas fondées sur la réalité ». Il s’agirait d’une « tentative de recueillir des informations et de les déformer pour soutenir un faux récit ».

« Des témoignages anonymes et non vérifiés, comme ceux mentionnés dans le rapport, rendent difficile la vérification des faits et la détermination de leur exactitude. Utiliser ces récits comme des “preuves” est encore plus problématique, mais c’est précisément ce que le sénateur fait dans ce rapport », clame Amazon.

Pour prouver la mauvaise foi des enquêteurs, Amazon met en exergue la baisse du nombre de blessures dans ses entrepôts au cours des cinq dernières années, à mesure que les livraisons sont devenues de plus en plus rapides. Selon ses propres statistiques, les mesures de sécurité mises en place ont permis de réduire les accidents du travail, surtout les plus graves. Amazon précise que les résultats de ses enquêtes et de ses contrôles sont régulièrement divulgués au public. Enfin, Amazon se montre très critique envers la méthodologie de l’enquête, qualifiée « d’insalubre ». 

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Florian Bayard