« Poupée sexuelle et alliage fait réaliste sex toys vierge vagin et annal vierge. » La description de la poupée pré-pubère vendue, il y a encore quelques jours, sur le site d’Amazon ne laisse pas de place au doute : elle est destinée aux pédocriminels. La photo qui l’accompagne montrait une fillette avec des couettes et un ours en peluche.
Comme celles-ci, de nombreux jouets pour adultes aux allures de jeunes enfants ont été repérés dans les rayons du géant américain par des associations engagées contre la pédocriminalité telles que Wanted Pedo, l’Enfant bleu ou encore l’Association internationale des victimes de l’inceste (Aivi). Interpelé sur les réseaux sociaux, le secrétaire d’État à la Protection de l’enfance, Adrien Taquet a demandé à Amazon France de « mettre fin à la commercialisation sur sa plate-forme de poupées sexuelles à l’effigie d’enfants ». Certaines pages sont désormais introuvables, d’autres encore en ligne.
URL à signaler n°3:https://t.co/lHTi6tO6pR
— Face à l'inceste (@Facealinceste) August 15, 2020
« Vagin serré avec la texture intérieure »
Jusqu’à l’intervention du ministre, plus d’une trentaine de poupées, s’apparentant à des enfants de 5 à 10 ans, étaient en vente sur le site de e-commerce le plus populaire, « des modèles exclusivement féminins », a rapporté vendredi 14 août le site Wanted Pedo. Un bref aperçu de la description ultra-précise archivée par l’association donne la nausée :
« […] Réaliste Touch: un matériau en silicone vous offre un toucher soyeux douce mais ferme qui est sans différence par rapport à la vraie chair, Laissez-vous vous sentez l’existence réelle..
OPTIMISER VOTRE SATISFACTION: peau douce poupée, visage réaliste, mégots doux, en particulier son vagin serré avec la texture intérieure, vous pouvez obtenir tout ce que vous attendez d’une vraie fille.. »
Le prix de ces jouets sexuels pour adultes variaient entre 100 et 1 000 euros. L’accessibilité de ces poupées sexuelles d’enfants à la fois financière et décomplexée banalise la pédocriminalité dans la société, et par ricochet renforce « l’impunité des agresseurs, le discrédit systématique de la parole des enfants, les aberrations judiciaires », explique encore Wanted Pedo.
Amazon « assez réactif pour faire le ménage »
Trois jours après ses révélations, les pages ont été supprimées par Amazon. « Tous les vendeurs partenaires sont tenus de suivre nos politiques de vente et toute infraction entraîne l’application de mesures appropriées, lesquelles comprennent notamment la suppression potentielle du compte du vendeur », a déclaré une porte-parole de la firme. Cependant, plusieurs internautes ont archivé plusieurs url pour dénoncer le laisser-faire du géant américain.
Amazon a été assez réactif pour faire le ménage. De nombreux liens que j'avais trouvé hier soir ont disparu aujourd'hui…mais il en reste encore. Exemple: https://t.co/lncQiML6Lf
Sauvegarde pour la postéritéhttps://t.co/zGezI4ibbphttps://t.co/HJy5teeN9mhttps://t.co/cCUlKk5S7A— Guy Fawkes News (@Guy_Fawkes_News) August 17, 2020
Que dit la loi française ?
Pourtant si les images sont (très) choquantes, en France, rien n’interdit la commercialisation de tels objets. Concernant la pédo-pornogaphie, la loi du 17 juin 1998 condamne (par cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende) « le fait, en vue de sa diffusion, de fixer, d’enregistrer ou de transmettre l’image ou la représentation d’un mineur lorsque cette image ou cette représentation présente un caractère pornographique ». Une représentation et non un objet.
L’arrêté du 12 septembre 2007 rendu par la Cour de cassation de Paris vient compléter cependant la législation. L’interdiction s’étend désormais aux « images non réelles représentant un mineur imaginaire ». Une définition plus étoffée mais encore imprécise concernant les poupées. La condamnation immédiate du gouvernement dans l’affaire des poupées vendues sur Amazon réactualise la question.
De l’urgence de légiférer
Outre ce vide juridique, le débat de fond perdure : les poupées gonflables sont-elles un moyen efficace pour lutter contre la pédocriminalité ? Si le sujet reste controversé, un consensus existe : les sex dolls aux allures juvéniles ne sont pas des jouets comme les autres, leur commercialisation doit donc être très encadrée – c’est pourquoi un site aussi grand public qu’Amazon a retiré aussi rapidement ces articles de son catalogue.
Mais, aujourd’hui – faute d’étude sur le sujet – rien ne permet de savoir si ce type de jouets sexuels incite ou au contraire permet de lutter contre la pédocriminalité. Or, le débat pourrait prendre (encore) une autre dimension avec l’arrivée de poupées intelligentes…
* Article mis à jour mardi 18 août par l’ajout de la réaction d’Amazon
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