Alphabet est le nouveau king du cash. La maison mère de Google vient de détrôner Apple et affiche désormais un trésor de 117 milliards de dollars en liquide – c’est-à-dire du vrai argent sur des comptes et pas des actions, bien immobiliers, etc. – contre « seulement » 102 milliards pour Apple.
Loin d’être simplement ironique, le « seulement » s’explique par le fait que la marque à la pomme détenait il y encore deux ans pas moins de 167 milliards de dollars.
Précisons toutefois que ce « trop plein », qu’Apple avait accumulé au fil des ans, tenait essentiellement au fait que la société californienne ne rapatriait pas tout ou partie de ses bénéfices réalisés hors des Etats-Unis.
Avec l’arrivée de Donald Trump, et les facilités faites aux entreprises sur les impôts dus, Apple a peu à peu réinjecté une partie de son trésor de guerre dans son activité. La structure de Cupertino a ainsi remboursé des émissions de dettes, racheté ses propres actions pour notamment contrôler davantage sa structure capitalistique, etc. à la suite de la pression de certains investisseurs de Wall Street.
Alphabet est donc désormais l’entreprise qui dispose du plus grand « trésor de guerre » au monde. Mais ce qui est encore plus impressionnant c’est qu’il a augmenté de 20 milliards de dollars en deux ans. Sur le papier, on pourrait croire que tout va bien et que tout le monde est content. En réalité, la situation est bien plus tendue qu’il n’y paraît.
1. Tensions avec les États
Avec un tel stock d’argent, Google semble sur un nuage. En réalité, l’entreprise est dans le collimateur de l’UE et de Washington notamment pour ses optimisations fiscales, un réseau complexe de transferts d’argents entre différentes entités qui permet à la firme de payer peu voire pas d’impôts. En période de tensions sociales, cette accumulation de richesse dépassant le PIB de nombreux états a un parfum d’immoralité – pas d’illégalité, puisque les avocats et financiers de Google sont des virtuoses de l’esquive légale – qui commence à monter au nez des gouvernements.
2. Tensions avec les investisseurs
Si Apple a lâché du lest en matière de cash, c’est notamment parce que certains investisseurs voulaient profiter de la réussite de l’entreprise en recevant des dividendes. Des dividendes qu’Apple a longtemps retenu pour continuer d’investir, mais passé un certain niveau de « cash flow », l’entreprise avait atteint un niveau au-dessus duquel il était difficile de ne pas redistribuer. Il a fallu l’arrivée de Tim Cook à la tête du groupe pour que cette politique change.
La situation est désormais un peu la même avec Google, dont la source de revenus et la gestion du cash sont critiquées par les investisseurs de gros calibre. Dans un article du Financial Times, un responsable d’Allianz reproche à l’entreprise de brûler du cash dans différents projets qui n’ont, en bout de course, aucune influence majeure sur sa source de revenus – la pub. « Je préférerais qu’il donne plus de cash aux actionnaires et qu’il gâche moins », ajoute-t-il.
Il y a quelques années, des actionnaires importants d’Apple tenaient des propos similaires. C’est en partie ces positions qui ont incité les dirigeants de la société de Cupertino de se lancer dans le rachat d’actions.
Alphabet va-t-il suivre la même voie ? Peut-être. Avec 117 milliards de dollars en cash, tout est possible, cette richesse est simplement démentielle. Elle apporte son lot de pressions et de problèmes. Mais on ne va pas les plaindre !
Source : Financial Times
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