Panasonic Lumix GH4 : la promesse
Le GH3 était déjà une référence en vidéo, grâce à ses modes variés et à ses taux de compression semi-professionnels. Or le GH4 va bien plus loin en proposant l’enregistrement vidéo 4K à un prix très bas ET en soignant la partie photo, notamment la montée en hautes ISO : un futur best-seller ?
Panasonic Lumix GH4 : la réalité
La prise en main du GH4 ferait plaisir au camarade Poutine : robuste comme un char T55, c’est un appareil « d’homme/de femme fort(e) ». Plus tassé qu’un reflex, il offre pourtant la même prise en main que ceux-ci, l’effet « reflex professionnel » pouvant même être amplifié si on utilise le grip optionnel. Après des GH1 & GH2 trop légers, le GH3 puis le GH4 ont bien rectifié le tir – boîtiers en alliage de magnésium, obturateur garanti 200.000 déclenchements, disposition des boutons, paramétrabilité, etc. À l’heure actuelle c’est le boîtier le plus robuste du monde Micro 4/3, l’OM-D E-M1 d’Olympus cédant sa première place à cause de son écran orientable que l’on ne peut pas retourner..
Boutons OK, molette à revoir
Si les boutons du GH4 sont tout à fait agréables – plutôt larges compte tenu de la compacité de l’appareil – la molette arrière n’est pas un modèle du genre. Un peu fine, son toucher et ses crans ne sont pas aussi francs que l’aspect du boîtier ne le laisse espérer. Pas de soucis côté résistance, mais la molette n’est pas encore assez précise et rapide à manipuler – pas comme les molettes des boîtiers phares de Canon et Nikon. Rien de grave, mais il faut que Panasonic s’améliore de ce côté-là.
Rapide et performant
L’autofocus du GH4 est très, très réactif et s’avère du même niveau que celui des meilleurs reflex. L’appareil accroche rapidement le sujet et le fait de pouvoir pointer du doigt la zone à mettre au point directement sur l’écran tactile peut être un vrai plus notamment dans les situations sur trépied – on attend un oiseau au-dessus d’un nid par exemple, et dès qu’il arrive, on désigne sa tête comme la cible à mettre au point. Redoutablement efficace. La cadence de shoot est, elle aussi, d’excellent niveau : 12 images par secondes en rafale en AF simple, il faut se contenter d’un mode à 7,5 i/s pour profiter d’un AF continu. Dommage cependant qu’il n’y ait qu’un seul emplacement pour carte mémoire (lire plus loin) !
Viseur amélioré, mais il y a mieux
Longtemps point faible des hybrides par rapport aux reflex, le viseur électronique a connu tellement d’améliorations ces dernières années qu’il est en passe de supplanter son aïeul le viseur optique sur tous les plans. Très convenable et bien défini, le viseur électronique de 2,36 millions de points du GH4 est enfin adapté à un travail professionnel puisqu’il est plus lumineux, mieux défini et plus réactif que celui du GH3. Non seulement la dalle est de meilleure qualité, mais l’électronique semble aussi avoir été améliorée. La concurrence propose cependant des viseurs électroniques de meilleure qualité, que ce soit en termes de taille de l’image affichée – l’Olympus OM-D E-M1 dispose d’un groupe optique en 6 éléments devant le viseur – ou en termes du rafraîchissement de l’image – le Fujifilm XT1 grimpe à 120 Hz. Bref, le viseur du GH4 est plutôt bon et parfaitement utilisable en toutes situations, mais certains concurrents font mieux.
Montée en ISO photo bien améliorée
La définition d’image du GH4 est la même que celle de son aïeul le GH3. Outre la vidéo 4K ou l’autofocus plus agressif, la montée en ISO en photo est elle aussi améliorée : quand il fallait se limiter à 1600 ISO avec le GH3, le GH4 offre un palier supplémentaire et offre de bons résultats jusqu’à 3200 ISO, 6400 ISO étant même envisageable selon le type de scène. Si on n’est pas au niveau des reflex les plus performants (sans parler de l’Alpha A7S qui monte à 400.000 ISO !), on ne peut que saluer la performance. Les professionnels peuvent désormais regarder du côté du standard Micro 4/3 pour travailler, ce qui n’est pas rien (votre dos vous dira merci dans 10 ans !).
En termes de qualité d’image, tout dépend bien sûr de l’optique que vous placez devant le capteur : le 14-140 est satisfaisant en vidéo mais pas très piqué en photo. Mais dès qu’on monte une optique de qualité comme le 42,5 mm f/1.2 (équivalent 85 mm) ou l’Olympus 12-40 mm f/2.8 (équivalent 24-80 mm) les clichés sont riches en détails et la plage dynamique très proche de ce qu’offrent les reflex. En deux mots : très bon.
La vidéo qui arrache l’œil
La vidéo 4K est plus qu’un argument marketing, c’est tout bonnement de la photo qui prendrait vie ! Limité au 24p (3840 x 2160 points), le mode 4K UHD disponible fait mal à la rétine : les images fourmillent de détails, on a l’impression de redécouvrir certains éléments (branches des arbres, écritures sur les panneaux, etc.) lorsque l’on compare un flux Full HD et le flux 4K de la même scène ! Panasonic n’y est pas allé avec le dos de la cuillère avec ce GH4, le flux 4K culminant à 100 mbits/s ! Et pour ceux qui vont continuer de tourner en Full HD, le flux FHD monte à 200 mbits/s en mode All-i (c’est à dire avec toutes les images intermédiaires intégralement capturées) ! Côté vidéo RAW, le GH4 offre une sortie HDMI non compressée. Si nous n’avons pas pu tester cette fonctionnalité réservée aux productions professionnelles (cinéma notamment), les pros eux savent de quoi il en retourne : en passant par la sortie HDMI 4:2:2, les professionnels peuvent récupérer un flux RAW aux propriétés proches de celles des caméras professionnelles. Et pour les boîtes de production Panasonic propose même un grip spécial broadcast.
Le 5D Mark III prend un K.O. technique
En vidéo, le GH4 se comporte parfaitement en vidéo jusqu’à 1600 ISO max, mais le petit capteur génère plus de bruit que le grand capteur 24 x 36 du Canon EOS 5D Mark III. Et c’est là le seul avantage qu’il reste au 5D Mark III : sur tous les autres plans, le pauvre boîtier de Canon prend un vrai K.O. technique ! Jugez plutôt : le GH4 offre la 4K directement sur carte mémoire (contrairement aux Alpha A7, A7R et A7S) et via la sortie HDMI, la mise au point est automatique, on contrôle le son via un casque et la compression vidéo est meilleure chez Panasonic en Full HD ! Heureusement pour Canon – et malheureusement pour Panasonic – le parc d’accessoires pour transformer un appareil photo en caméra est plus riche pour l’écosystème Canon. Mais cela commence à changer et le GH4 pourrait grandement accélérer les choses.
Parc optique très complet
Le parc optique Micro 4/3 est le meilleur du marché, et de loin. Conjuguant les optiques de Panasonic et Olympus, mais aussi celles de Voigtländer, Samyang (très axées vidéo et cinéma) et maintenant Kodak, c’est le plus ancien, le plus fourni et le plus diversifié des standards pour hybrides. Avec son gros gabarit le GH4 se marie parfaitement avec toutes les optiques, tandis que les mini boîtiers comme le GM1 sont vite déstabilisés par les zooms les plus lourds. Testé avec le nouveau 14-140 mm livré en kit, notre GH4 a aussi connu le Panasonic 42,5 mm f/1.2, l’Olympus 12-40 mm f/2.8 et l’Olympus 45 mm f/1.8. A chaque fois les optiques se sont parfaitement comportées, aucun souci d’AF ou de compatibilité.
Capteur non stabilisé, un seul emplacement SD
Le capteur du GH4 n’est pas stabilisé, à l’instar de ce que Panasonic propose déjà avec les GX7 et GM1. Cette stabilisation s’appliquant à toutes les optiques, cela aurait été un gros plus notamment pour les optiques Olympus (non stabilisées puisqu’Olympus stabilise le capteur) ainsi que les optiques cinéma de Samyang ou encore les optiques « custom », c’est à dire toutes ces optiques Canon, Nikon, Pentax, etc. que l’on peut installer avec des adaptateurs. Sans doute le long temps de gestation d’un tel appareil (qui s’étale sur plusieurs mois voire années) a joué en sa défaveur – la technologie ne devait pas être au point lors de l’établissement du cahier des charges. Et c’est bien dommage ! Nous espérons vivement que Panasonic propose la stabilisation du capteur pour le prochain GH5 !
Outre l’absence de stabilisation, nous regrettons aussi l’unique emplacement pour carte mémoire. Panasonic n’a ici pas l’excuse de la place, l’appareil étant plus volumineux que les traditionnels mini-hybrides.
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