En début d’année, Xiaomi opérait un virage inquiétant. Avec son Mi 10 Pro à 999 euros et son Mi 10 à 799 euros, la marque chinoise que l’on connaissait jusque-là pour ses prix extrêmement compétitifs avait brusquement décidé de monter en gamme… quitte à trahir ses fans de la première heure. Ces appareils avaient, en effet, beau être une réussite, ils ne disposaient pas selon nous de suffisamment d’arguments vis à vis de leurs prédécesseurs pour justifier une telle augmentation des prix. Nous en sommes encore déçus.
Quelques mois plus tard, à l’approche des fêtes de fin d’année, Xiaomi est de retour avec une gamme Mi 10T bien plus attractive. Commercialisé 569 euros (en 128 Go) ou 599 euros (en 256 Go), le Mi 10T Pro revient aux fondamentaux de la marque chinoise. Nous avons testé ce smartphone à l’équipement haut de gamme pendant une dizaine de jours.
Un smartphone imposant
Le Mi 10T Pro ne s’adresse pas aux amateurs de smartphones compacts. Lourd de 218 grammes et épais de presque un centimètre (9,33 mm), ce mobile est l’un des plus rondelets marché. Impossible de ne pas s’en rendre compte une fois le Mi 10T Pro en main même si, étrangement, cet embonpoint présente aussi quelques avantages. Le dos de l’appareil est arrondi et épouse parfaitement les courbes de la main, ce qui est assez plaisant à l’utilisation. On vous conseille d’aller l’essayer en magasin avant de l’acheter, histoire de vous assurer que son gabarit ne rendra pas sa manipulation pénible.
Pour déverrouiller le Mi 10T Pro, on peut utiliser le capteur d’empreintes digitales dissimulé dans le bouton de verrouillage de l’appareil, sur sa bordure droite. Comme souvent avec ce genre de dispositif, les droitiers sont favorisés. Le pouce de la main droite arrive pile au bon endroit, alors que l’index de la main gauche nécessite, pour sa part, quelques contorsions pour atteindre le capteur. Heureusement, un système de reconnaissance faciale peut aussi être configuré.
Enfin, parlons du design qu’adopte le dos du Mi 10T Pro. Certains aimeront, d’autres détesteront. En toute subjectivité, nous appartenons plutôt à la seconde catégorie. Le module caméra du smartphone dépasse énormément, ce qui empêche le smartphone de bien tenir sur une table. Appuyer sur un côté de l’écran le fait basculer tandis que son capteur principal a des airs d’œil de cyclope. Cela manque d’élégance, d’autant plus que le verre brillant utilisé par le constructeur prend trop les traces de doigts. On a connu Xiaomi plus appliqué en matière de design.
Ecran 144 Hz et… LCD, le grand écart
Le Mi 10T Pro est un grand smartphone. D’une diagonale de 6,67 pouces, son écran dispose d’un taux de rafraîchissement adaptatif de 144 Hz, une première pour un mobile grand public, cette technologie étant habituellement réservée aux modèles « gaming ». À l’utilisation, cela permet de profiter d’une incroyable fluidité de navigation dans les applications. Quand c’est nécessaire, le nombre d’images par seconde est plus que doublé par rapport à un mobile avec un écran à rafraîchissement classique (60 Hz). Quand cela ne l’est pas, l’appareil réduit sa fréquence d’actualisation pour préserver l’autonomie.
À l’utilisation, il est tout simplement Impossible de ne pas voir la différence, d’autant plus que les animations système de MIUI 12, la surcouche logicielle de Xiaomi, sont vraiment réussies. Tout semble aller vite sur ce smartphone. On est fan de cet écran !
Pour parvenir à maintenir le prix de son smartphone bas, tout en atteignant un tel niveau de fluidité, Xiaomi a malheureusement dû fait le choix de remplacer la technologie OLED qu’il utilise habituellement pour les écrans de ses smartphones par du LCD. Le taux de contraste de l’écran de ce Mi 10T Pro est de 1375:1, ce qui dégrade la qualité d’affichage lorsque vous regardez du contenu sombre. Sa luminosité maximale s’avère, en revanche, très généreuse (601 cd/m2) et les couleurs sont justes. En effet, si par défaut, nous avons relevé une fidélité colorimétrique moyenne, avec un Delta E de 3,97, c’est beaucoup mieux en optant pour le mode « couleur original » dans les réglages. Le Delta E n’est plus alors que de 1,29. C’est aussi l’un des avantages du LCD, les couleurs sont plus souvent fidèles à la réalité que sur de l’OLED.
Pour un tarif de plus de 500 euros, nous aurions aimé que Xiaomi opte tout de même pour de l’OLED. Les dalles LCD se font de plus en plus rares sur le marché des smartphones, l’OLED s’étant vraiment démocratisée au fil des années. L’utilisateur novice n’y verra aucun problème, le technophile sera plus contrarié.
Un équipement vraiment haut de gamme…
Doté du processeur Snapdragon 865 de Qualcomm, le Mi 10T Pro a été gâté par Xiaomi. Ce smartphone est surpuissant et réalise tout ce dont vous avez besoin très facilement. Sans être incroyable, ses haut-parleurs stéréo sont performants, le moteur de vibrations de l’appareil est satisfaisant et, sans surprise, le smartphone est compatible 5G. Dommage de ne pas pouvoir étendre son espace de stockage par Micro SD, ce qui nous incite à vous recommander de prendre le modèle le mieux loti avec 256 Go de stockage (599 euros), surtout pour seulement 30 euros de plus.
… mais un logiciel envahissant
En revanche, si nous ne pouvons que saluer les animations de MIUI 12, la surcouche de Xiaomi est décevante à certains égards. Trop d’applications sont préinstallées (nous en avons compté 27 sans prendre en compte celles de Google), l’interface calquée sur celle d’iOS n’a pas grand sens sur un mobile Android (le centre de notifications à gauche, le centre de contrôle à droite) et, surtout, Xiaomi continue de dissimuler des publicités dans le système. À chaque installation d’une application, il y a toujours un « anti-virus Xiaomi » qui se lance pour analyser le contenu du logiciel en cours d’installation. Ce dernier en profite pour vous passer une petite publicité… Cette pratique est déjà limite à 200 euros, encore plus à presque 600 euros.
Autonomie d’exception
La batterie de 5000 mAh du Mi 10T Pro lui a permis de résister 17h25 à notre test d’autonomie polyvalente, un résultat assez incroyable pour un smartphone 5G. On imagine que l’écran n’est pas rafraîchi à 144 Hz en continu (ce serait trop gourmand en énergie) et que la marque a mis au point un algorithme similaire à celui des derniers Galaxy Note 20 de Samsung. Ce dernier permet au smartphone d’adapter automatiquement son taux de rafraîchissement au contenu en cours de diffusion pour, par exemple, revenir à du 60 Hz quand il n’est pas nécessaire d’aller plus haut. L’autonomie du smartphone est ainsi préservée.
En streaming vidéo, les 15h24 qu’a résisté le Mi 10T Pro sont aussi formidables. Cet appareil est parfait pour les amoureux de Netflix. Nous n’avons eu à le brancher qu’une fois tous les deux jours.
Pour recharger le smartphone, il faut 1h05 avec le chargeur de 33W fourni dans la boîte. Un bon résultat étant donné la batterie de très haute capacité.
Un bon smartphone photo
Au dos du Mi 10T Pro, on trouve un triple module caméra. Le capteur principal de l’appareil est le plus impressionnant avec une résolution de 108 Mpix et une taille de 1/1,33 pouce. Il s’agit du même système que celui présent sur le Mi 10 Pro (vendu 999 euros) et qui s’appuie sur un procédé de pixel-binning (quatre pixels fusionnent en un pour améliorer la netteté, ce qui donne des images de 32 Mpix). L’objectif ouvre à f/1.69, ce qui permet d’avoir des photos de nuit satisfaisantes. On a aussi un second appareil photo ultra grand-angle rattaché à un capteur de 13 Mpix et un troisième module macro (capteur de 5 Mpix). Le Mi 10T Pro ne dispose, malheureusement pas, d’un zoom optique. Xiaomi réserve cette caractéristique à ses appareils plus onéreux.
Globalement, le Mi 10T Pro s’en sort bien. Ce smartphone ne fait pas partie des meilleurs du marchéen photo, mais délivre une qualité très honorable pour son prix. Les couleurs sont parfois un peu froides, l’appareil éprouve quelques difficultés la nuit mais nous sommes loin de la catastrophe. On observe tout de même quelques défauts de netteté en arrière-plan, un problème commun aux capteurs de 108 Mpix. Si le Mi 10T Pro n’atteint pas le niveau d’un Google Pixel ou d’un Huawei P40 pro, il ne décevra tout de même pas son utilisateur.
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