En toute sobriété, Dell le présente comme le « PC portable de jeu le plus puissant au monde ». Et c’est vrai que c’est un monstre, cet Alienware Area-51m. Une étonnante machine hybride de près de 4 kilos, à mi-chemin entre un portable 17 pouces « classique » et un ordinateur de bureau.
Pour lui donner une puissance maximale, Dell l’équipe en effet de processeurs Intel (Core i7 et Core I9) conçus pour les PC au format tour, ainsi que des nouvelles puces 3D de Nvidia, les GTX 2060, 2070 et 2080. Ce moteur ultrapuissant est évidemment complété par la panoplie de tout bon ordinateur récent : des modules SSD au format M2, de 16 à 64 Go de mémoire vive, un gros jeu de prises USB 3 et Thunderbolt et des modules réseau filaires ou radio à très haut débit.
Plus fort, l’Alienware Area-51m peut être mis à jour grâce à un système de modules démontables. Le processseur Intel lui-même, le disque dur ou le module SSD…et même le circuit vidéo. Une bonne idée, même si comme nous le verrons plus loin, le processus de mise à jour est tout sauf simple.
Comme tous les ordinateurs de Dell, la machine est proposée en de multiples versions et peut aussi être configurée « sur mesure » depuis le site du constructeur. Dans tous les cas, la facture est aussi démesurée que la machine. Dans sa version de base, équipée d’un Core i7-8700 et d’une GTX 2060, l’Alienware Area 51m coûte déjà près de 2300 euros. Pour nos tests, Dell nous a prêté le modèle le plus haut de gamme (référence Dell : n00aw51m12), bardé d’un processeur Core i9 à 8 cœurs et d’une GeForce GTX 2080, avec 32 Go de mémoire vive et 1 To de stockage en SSD. Le tarif ? Près de 4440 euros, sans le moindre jeu dans la boîte !
Que vaut vraiment cette machine à jouer de grand luxe ? Peut-elle réellement remplacer une grosse tour pour du hardcore gaming ? Voici notre avis, tests à l’appui.
Un boîtier imposant, mais élégant et d’un excellent niveau de finition
L’Alienware Area 51m est une belle bête. Avec près de 4 kilos sur la balance, 40 centimètres long, 32 cm de profondeur et 47 millimètres d’épaisseur, le boîtier est trop gros pour de nombreux sacs à dos et totalement impossible à caser sur une tablette de train ou d’avion. Piètre voyageur, donc, le Dell n’en est pas moins élégant et très bien fini. On adore la couleur du boîtier d’un noir mat et son revêtement velouté « soft touch », très agréable au toucher. On aime aussi les lignes racées et les larges évents du boîtier qui rappellent un peu, selon les goûts, le look d’une voiture de course…ou d’un vaisseau spatial.
Bien entendu, le boîtier du Dell est aussi parsemé de nombreuses loupiotes colorées très à la mode sur les machines de jeu. Que ceux qui n’apprécient pas ce genre de guirlandes se rassurent, les jeux de lumière peuvent être atténués, ou supprimés, via un excellent utilitaire de Dell.
Le seul « petit » problème esthétique de ce nouvel Alienware Area 51m, c’est son chargeur secteur. Ses chargeurs, pour être précis. Car ce n’est pas un gros bloc d’alimentation, mais deux, qui sont nécessaires pour alimenter le nouveau monstre de Dell. Presque de la taille d’une brique, le plus imposant des deux pèse à lui seul près de 1,5 kg et fournit une puissance de 330 watts. Un peu plus « léger » avec ses 746 grammes, l’autre chargeur génère 180 watts.
Soit une puissance nominale de 510 watts en tout pour alimenter la machine, à peu près autant que pour un PC au format tour.
Précisons toutefois que l’Area 51m est bel et bien un ordinateur portable –ou plutôt transportable- capable de fonctionner sans ses énormes briques d’alimentation. Il intègre en effet une batterie de 7500 mAh, censée lui offrir jusqu’à 3 heures d’autonomie.
Connectique: presque aussi riche que celle d’un PC de bureau
Répartie entre l’arrière et les flancs de la machine, la connectique est très complète, avec trois prises USB 3.1 de type A (la prise rectangulaire classique) et un connecteur Thunderbolt (sur le côté gauche) au format USB-C. On retrouve aussi les « bonnes vieilles » prises audio jack, l’une pour l’entrée micro, l’autre pour la sortie analogique.
A l’arrière, Dell place deux sorties vidéo numériques -HDMI 2.0 et mini DisplayPort- et une prise réseau. Le constructeur ajoute un connecteur propriétaire (à droite de la prise réseau sur la photo ci-dessous) pour son « Amplificateur graphique Alienware », proposé en option. Il s’agit d’une carte 3D externe logée dans un boîtier que l’on relie à l’ordinateur pour doper ses aptitudes en 3D. Ce boîtier n’a guère d’intérêt sur la machine testée ici, vu son très haut niveau de performances.
Le Dell est très bien équipé pour les communications, avec et sans fil. C’est le premier portable de jeu, chez Dell, à bénéficier d’une prise Ethernet à 2,5 Gbits/s, parfaite pour les échanges de données en très haut débit en réseau local (avec un routeur ou une box compatible). Pour les liaisons sans fil, on a droit à un excellent module Wifi ac « Killer 1550 », d’un débit maximum de 1,73 Gbits/s, et à une puce Bluetooth 5.0.
Un boîtier modulaire… pas si simple à mettre à jour
Après ce petit tour du boîtier, allons jeter un coup d’œil à l’intérieur de la machine ! Dell est très fier de la conception modulaire de son Alienware Area 51m, qui permet de mettre à jour, après l’achat, certains de ses composants: les SSD, la mémoire vive, mais aussi le processeur et la puce 3D. Sur le papier, donc, vous pouvez acheter la version « de base » de la machine, à 2300 euros, puis changer la puce Intel ou la carte Nvidia un an ou deux après. Ce n’est pas faux… mais la procédure se révèle assez compliquée !
Le problème, c’est que cet Alienware est assez compliqué à démonter, même pour un utilisateur averti. Aucun souci majeur pour accéder aux modules mémoire et aux SSD. Mais pour accéder au socle du processeur et à la carte 3D Nvidia GTX (un modèle spécialement conçu pour cette machine, qui n’a rien à voir avec les cartes 3D pour PC de bureau !), il faut retirer un grand nombre de vis, débrancher quantité de câbles et de nappes parfois minuscules et très fragiles Le risque d’abîmer quelque chose pendant l’opération est assez grand.
Lors de notre propre démontage, nous avons ainsi coupé par accident (puis ressoudé !) un groupe de câbles en tirant un peu trop fort dessus. Dell France n’a pas pu nous dire, pour l’instant, si la mise à jour pourra être effectuée par ses propres services, ni à quel prix.
Ecran: une dalle compatible G-Sync à 144 hertz…cantonnée au Full-HD
Côté écran, Dell retient une dalle IPS de 17,3 pouces d’assez bonne facture, d’une luminosité correcte (300 cd/m² d’après notre sonde) et d’un assez haut niveau de contraste (1500 :1). L’image est nette et parfaitement lisible même avec un fort angle de vision, sans reflets parasites grâce au revêtement mat de la dalle. En jeu, on apprécie la compatibilité de l’écran avec la techno G-Sync de Nvidia, qui permet de synchroniser l’écran sur le débit de la puce 3D, jusqu’à 144 images par seconde (144 Hz).
Pour une machine à près de 4400 euros, nous sommes cependant assez déçus que la définition native ne dépasse pas le Full-HD (1920 x 1080 pixels). Dell a manifestement privilégié le frame-rate en jeu à la finesse de l’affichage. Dommage, car la puce GTX 2080 de l’Area m51 pourrait largement animer une dalle en Quad HD (2560 x 1440 pixels) voire en 4K (3840 x 2160 pixels).
Autre petite déception, l’écran n’offre pas un rendu très précis des couleurs. D’après notre sonde X-Rite, l’écran tire nettement sur le bleu, et le delta-E (l’écart entre la couleur idéale et la teinte affichée) atteint 5,43. A titre de comparaison, le delta-E d’un écran bien calibré est de 1, voire moins.
Un clavier solide, une zone tactile très réactive
A la différence de l’écran, le clavier équipé d’un pavé numérique, n’appelle guère de reproches. Il s’étend sur presque toute la longueur du boîtier, sans espace perdu, ce qui permet d’intégrer des touches bien larges…et d’ajouter des fonctions spéciales.
On a ainsi droit à 9 touches dédiées aux macros de jeu, programmables via l’utilitaire « Alienware Command Center » qui sert aussi à personnaliser l’éclairage RGB du clavier. Très confortable, celui-ci est aussi très solide. D’après Dell, les touches peuvent encaisser jusqu’à 10 millions de frappes. La zone tactile, elle aussi rétroéclairée, répond à merveille aux moindres effleurements et supporte les « gestes » de plusieurs doigts pour le pilotage de Windows 10.
Des performances de très haut niveau grâce à un équipement d’exception
Après une bonne semaine passée avec l’Alienware Area 51m, notre bilan est clair. La machine est belle, confortable à utiliser… et d’une puissance ahurissante ! Dell n’a pas exagéré, il s’agit clairement du meilleur portable gamer du moment. En fait, la machine est plus à comparer aux gros PC de jeu au format tour.
Pas si étonnant en fait, quand on se rappelle que l’Alienware intègre un processeur Intel…de PC de bureau. Sur notre modèle de test, il s’agit de l’excellentissime -et très cher- Core i9-9900K : 8 cœurs physiques, 16 cœurs logiques…et près de 600 euros à lui tout seul ! Bardé par ailleurs de 32 Go de mémoire vive DDR4 et de la plus grosse puce 3D Nvidia actuelle, la GeForce 2080 de Nvidia, le Dell atomise les scores des meilleurs portables de jeu déjà testés par notre labo.
Nous avons ainsi mesuré 125 images par seconde en qualité Ultra sous Tom Clancy’s The Division, contre 60 à 70 images/s pour de bons portables récents comme le ROG Zephyrus d’Asus ou l’Aero 15X V8 de Gigabyte. Pour Rise of the Tomb Raider, l’Alienware Area m51 carbure à 154 images/s contre un peu moins de 100 images/s pour les meilleurs portables gamers « classiques », autour de 2000 euros.
Même topo avec un test « synthétique » comme 3DMARK Cloud Gate, où l’Alienware se montre plus de 60% plus performant qu’une autre bonne machine de Dell, l’Alienware m15.
Surdoué pour le jeu, l’Area 51m est aussi une station de travail efficace, parfaitement à l’aise pour tous types d’applications. La puissance du moteur et la réactivité du système de stockage -2 SSD de 512 Mo en RAID-0- font notamment des merveilles pour le montage et l’encodage vidéo, les travaux photo ou l’imagerie 3D. Ici encore, l’Area m51 surpasse largement les meilleurs portables actuels, comme le montre le logiciel de test PCMARK 10.
Une forte consommation électrique, mais peu de bruit
Attention, les performances exceptionnelles de l’Alienware Area 51m vont de pair avec une très forte consommation électrique. Lors de nos tests, nous avons mesuré des pointes à près de 450 watts lors de grosses sessions de jeu et pendant des travaux multimédia intensifs. Au repos, la consommation est heureusement bien plus raisonnable, de l’ordre de 41 watts. Sans surprise, la durée de fonctionnement sur batterie est très faible, à peine plus de 2 heures d’après nos tests pour de la bureautique ou la lecture de vidéos.
La bonne surprise sur ce Dell, c’est son niveau sonore bien maîtrisé. Pour de la bureautique de base ou du surf sur Internet, la ventilation est pratiquement inaudible, avec seulement 29 décibels d’après nos mesures. En jeu, les ventilateurs se font nettement entendre (jusqu’à 41,4 dB), mais le bruit se révèle bien plus supportable que celui du Dell Alienware m15 que nous vous présentions en janvier dernier.
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