Un vrai boîtier, un vrai viseur électronique intégré. Quand l’EOS M5 est arrivé, on a commencé à se dire que Canon devenait enfin sérieux au sujet des hybrides. Une impression qui s’est renforcée au déballage de l’appareil, tant la qualité de fabrication a été soignée, du “vrai” Canon pur jus. Canon en a bien besoin. Le marché des compacts s’est effondré, celui des reflex est en berne et les premiers modèles d’hybrides que Canon a lancé jusqu’ici étaient tout simplement nuls. On espérait donc que l’EOS M5 renverse la vapeur et prouve que Canon y croit enfin. La vérité est moins rose…
Construction exemplaire
Commençons par l’un des points fort de l’EOS M5 : sa qualité de fabrication. S’il a (bien) perdu son leadership technologique, Canon peut toujours se targuer de maîtriser la conception des appareils et l’ergonomie de ses produits. Tout en métal et d’un toucher très rassurant, cet hybride aux lignes de reflex est un sans-faute tant dans le choix des matériaux que dans ses finitions. Le clic des molettes, très minéral, sonne juste. L’équilibre avec les optiques natives est excellent.
Les lignes de l’appareil sont belles et son aspect comme son ergonomie rassureront ceux qui font la bascule depuis le reflex. Un superbe travail de la part des designers.
Réactivité et autofocus : un temps de retard
Parlons maintenant de mise au point. Si nous sommes positifs, nous notons un net progrès par rapport aux générations antérieures, lentes à en devenir furieux. Si nous sommes critiques, nous comparons l’EOS M5 à la compétition. Et là c’est la déculottée.
Canon accuse deux bonnes générations de retard dans la mise au point par contraste et l’EOS M5 est, face à ses concurrents, le plus lent des hybrides de sa gamme. Le Fujifilm X-T20 le surclasse nettement, le Sony Alpha A6300 le tacle, le Panasonic Lumix G80 lui roule dessus. C’est cruel, mais s’il est bien à l’aise dans les photos de paysage, l’EOS M5 n’est pas au niveau des standards actuels pour l’instantané, la photo instinctive et donc, la photo d’enfants.
Cette lenteur se retrouve dans le déclenchement entre deux images ou dans la bascule entre l’écran et le viseur, elle aussi bien trop lente. Canon a du travail à fournir, autant dans les capteurs que les processeurs d’image, nouveau nerf de la guerre du monde de la photographie.
Belles couleurs, hautes ISO bien gérées
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Réputé pour ses couleurs chaudes, Canon ne déçoit pas de ce côté-là avec un rendu Jpeg par défaut – celui utilisé par 90% des utilisateurs – qui est bon dans l’écrasante majorité des situations. Dotée d’un peu moins de caractère que celle Fujifilm, la signature « Canon » délivre des images agréables à l’œil tant que la lumière est là.
Quand celle-ci disparaît, Canon a fait le choix d’éviter le lissage et conserve le grain du bruit numérique. Un choix que nous approuvons, car cela confère plus de matière aux images, une matière qui est un avantage quand on passe en noir & blanc.
Face à la concurrence APS-C de Sony et Fujifilm, Canon tient parfaitement son rang et même s’il présente plus d’artéfacts colorés en Jpeg, il évite l’écueil du lissage à outrance, ce qui lui permet de produire des images naturelles. Dommage que la partition vidéo ne soit pas à la hauteur de la qualité des images fixes…
Débâcle vidéo
Une fois encore, Canon déçoit sur tout la ligne en vidéo en se contentant d’un simple mode Full HD, délaissant la 4K et les modes à haute cadence (120p). Comment un champion et pionnier de la vidéo, comme Canon, peut-il faire l’impasse sur la définition d’image 4K ? C’est un mystère industriel à base d’économies de bouts de chandelles (a priori) ou d’incapacité à encoder de l’UHD sans surchauffe (peu probable, mais possible quand même). En tout cas, ça fait mal au cœur.
Le mode FHD disponible est, heureusement, en 50p/60p (selon la région), l’encodage de qualité et laisse la possibilité d’utiliser des réglages manuels. Mais qui a envie de travailler sur la définition d’hier avec quasiment aucune option pro quand on trouve de la 4K hautement paramétrable sur le moindre appareil de Panasonic ?
Logiciel simple, autonomie médiocre
Côté pile, Canon l’EOS M5 propose des menus lisibles, efficaces et parfaitement utilisables en mode tactile. Fort de sa double expérience compacts/reflex, Canon a toujours bien maîtrisé les menus notamment de ses produits familiaux et cet EOS ne fait pas exception.
Côté face, l’EOS M est le digne descendant des compacts Canon toujours à court de jus puisque son autonomie est l’une des plus mauvaises de sa catégorie avec à peine 250 clichés selon la norme CIPA. Un double constant qui met parfaitement en lumière non seulement l’EOS M mais l’état actuel de l’innovation photo chez Canon. La marque s’appuie sur ses acquis, progresse peu sur ses forces et pas assez – voire pas du tout – sur ses défauts.
Désert optique
Sept références. C’est le nombre incroyablement bas d’optiques disponibles pour l’EOS M5 et la famille des EOS M (monture EF-M). Autant dire qu’il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent, voire carrément rien si vous cherchez des optiques de qualité. Que manque-t-il ? Des focales lumineuses d’une part, l’essentiel des focales proposées oscillant entre 3.5-5.6. Où sont les zooms f/2.8 ? Les optiques qui arrachent à f/1.8, voire f/1.4 ? Où est l’équivalent du 50 mm pour les photos de tous les jours ? L’équivalent du 85 mm pour les portraits ? L’équivalent du 24 mm ouvrant au moins à f/2.8 pour des paysages de nuit ?
Aucune idée, mais une chose est sûre, elles ne sont ni dans le catalogue actuel, ni dans la feuille de route “officielle”, celle-ci étant toujours tenue secrète par Canon. Une absence de communication qui n’incite pas à investir dans le système et qui ne nous encourage pas à préconiser le système EOS M à qui que ce soit, hors promotion exceptionnelle. Parler en ces termes de Canon fait mal. Mais c’est la réalité.
Le bluff de l’adaptateur EF/EF-S
Quand nous soulevons la question du manque d’optiques en monture EF-M, Canon rétorque – contre mauvaise fortune bon cœur – qu’il propose un adaptateur pour monter les optiques EF (plein format) et EF-S. Si l’argument est recevable pour les rares références compactes – EF 50 mm f/1.8 STM ou l’EF 40 mm f/2.8 STM – cet argument est globalement fumeux.
Il suffit de regarder quelle est l’allure de ce petit boîtier de 427 g (batterie incluse) avec le vieil EF 24-70 mm f/2.8 L pour s’en convaincre. Vous vous voyez monter l’excellent 70-200 mm f/4 IS USM dessus sans vous casser le poignet ? L’ensemble forme une “frankencaméra” tout bonnement impossible à utiliser de manière agréable tellement elle est mal équilibrée. Avec son savoir-faire, le « petit » capteur APS-C des EOS M et un tirage optique débarrassé du miroir, Canon a les ressources pour développer des optiques natives plus compactes et plus légères. Hélas, il semble se contenter du minimum.
Un hybride à 1200 € n’est rien sans objectifs
Loin de mener une guerre aveugle contre Canon, nous reprochons exactement la même chose à Sony et sa monture E au format APS-C. Nous avons taclé les derniers Alpha A6, A6300 et A6500, de la même manière. Ces boîtiers sont certes bien plus performants que l’EOS M5, mais leur parc optique, pourtant un peu plus large, s’avère très pauvre en références de qualité. Et ces hybrides sont très inconfortables à manipuler avec des optiques plein format, bien trop lourdes.
Le seul constructeur qui propose un système hybride APS-C cohérent est Fujifilm – logique, puisqu’il a tout misé dessus. A cela s’ajoute le fait qu’il prenne la peine de communiquer les grandes lignes des sorties optiques futures. Canon et Sony seraient bien inspirés de faire de même.
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