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Test : Canon EOS 80D, le reflex rapide et efficace qui manque un peu d’audace

Réactif, bien construit et doté d’un AF performant, le Canon EOS 80D est un reflex sérieux et conservateur. Parfois trop : les impasses sur la vidéo 4K, la tropicalisation et autres raffinements ont de quoi agacer.

L'avis de 01net.com

Canon EOS 80D

Les plus

  • + vitesse d'AF
  • + écran tactile orientable
  • + qualité encodage vidéo Full HD
  • + obturateur 1/8000

Les moins

  • - pas de vidéo 4K
  • - pas de tropicalisation
  • - un seul port SD
  • - rafale limitée à 2s

Note de la rédaction

Note publiée le 16/02/2017

Voir le verdict

Fiche technique

Canon EOS 80D

Monture (baïonnette) Canon EF-S
Format de capteur APS-C
Définition du capteur 24.2 Mpx
Type de capteur CMOS
Sensibilité ISO min 100
Voir la fiche complète

Trois ans après la sortie de l’EOS 70D qui inaugurait la technologie Dual Pixel (ajout de détection de contraste à la surface du capteur), Canon met à jour son boîtier à deux chiffres avec cet EOS 80D. Un reflex qui reprend et affine les arguments de son prédécesseur – meilleur AF, plus de définition d’image, etc. Mais est-ce suffisant pour tenir face aux hybrides ? 

Robuste mais pas tropicalisé

Adrian BRANCO / 01net.com

Parfois à la traîne dans l’adoption de certaines technologies comme on le verra plus loin, Canon ne bâcle pas la construction de ses appareils et cet EOS 80D est de très bonne facture. L’articulation du LCD inspire confiance, le boîtier est agréable en prendre en main et les commandes ne font pas « cheap » – même si la molette est toujours trop petite. Bien construit, le 80D n’est cependant pas parfait car il lui manque un petit quelque chose : la tropicalisation, c’est à dire une protection contre les poussières et l’humidité.

A.B. / 01net.com

Une protection qui prend la forme de dizaines de joints d’étanchéités insérés çà et là à l’intérieur du boîtier. Canon n’a pas voulu faire d’ombre à son EOS 7D Mark II et c’est bien dommage : pour le même prix (voire bien moins cher) Ricoh Pentax offre des boîtiers totalement tropicalisés. Quant aux hybrides, le Panasonic Lumix G80 est déjà garanti tous temps.

Cela ne veut pas dire que le 80D est fragile, loin de là. Mais il aurait pu apporter une sécurité supplémentaire à ses utilisateurs.

Bon autofocus, rafale limitée

A.B. / 01net.com

Le 80D récupère la même mise au point hybride que son aïeul le Canon EOS 70D. A la détection de phase, classique chez les reflex, le capteur du 80D ajoute la détection de contraste. En sus des informations de couleur et d’intensité lumineuse, chacun des photosites du capteur peut intervenir dans le processus de mise au point. Cette mise au point « hybride » profite en plus d’un nouveau système de 45 collimateurs (contre seulement 19 pour le 70D) permettant à l’appareil de réaliser une mise au point précise. Si la vitesse baisse un peu en basses lumières, les résultats sont très bons, notamment en visée par l’écran où Canon propose les meilleurs résultats du monde des reflex.

[Téléchargez nos images de test en pleine définition sur notre album Flickr]

En termes de vélocité générale, on n’est pas au niveau d’un Olympus OM-D E-M1 Mark II ou d’un Fujifilm X-T2, mais c’est déjà très bon et cela s’approche tout à fait d’un appareil expert.

Cet AF profite d’une rafale agréable à 7 images par secondes, une rafale qui aurait pu être parfaite si la mémoire tampon n’était pas aussi limitée : 15 images max, soit deux secondes de shoot, c’est trop peu pour être confortable. Quand on voit ce qu’offrent certains hybrides, on grince des dents…

Ecran tactile et endurance

A.B. / 01net.com

Les reflex auront mis le temps, mais cet EOS 80D prouve que l’écran orientable tactile est entré dans les mœurs. A la bonne qualité de la dalle 1,04 Mpix s’ajoute la technologie tactile, très bien implémentée : outre le « pointer-shooter », on peut aussi naviguer dans les menus ce qui peut s’avérer utile dans certaines situations.

A.B. / 01net.com

S’ils ont leurs faiblesses, les reflex ont aussi leurs atouts face aux hybrides. Et le domaine dans lequel il restent les rois est bien celui de l’autonomie. Dépourvus de visée électronique et ne faisant appel au capteur qu’au moment de la prise de vue, les reflex sont bien plus économes en énergie. L’EOS 80D en est un bel exemple : sa batterie tient officiellement 960 clichés selon la norme CIPA, c’est à dire à 20°C avec 50% des déclenchements au flash. Sans flash, on dépasse allègrement les 1.000/1.100 images. Un vrai argument pour les baroudeurs qui s’éloignent longtemps de la civilisation.

Le seul faux pas dans cette capacité à shooter longtemps est l’unique emplacement pour carte SD. Dans la même gamme de prix, Nikon offre à ses D7xxx (D7000, D7100, D7200) un double emplacement depuis 2011.

Belles images jusqu’à 3200 ISO

[Téléchargez nos images de test en pleine définition sur notre album Flickr]

Le capteur CMOS 24 Mpix au format APS-C de cet EOS 80D offre une bonne prestation et des couleurs toujours aussi chaudes – une chaleur amplifiée par la lumière légèrement rasante des matinées d’hiver. Le niveau de détails avec le 18-135 mm est plutôt bon, c’est dire si ce capteur attend des optiques plus haut de gamme pour pleinement s’exprimer !

Dans les domaines de la montée en sensibilité ISO, les images sont dépourvues de grain jusqu’à 800, un grain qui arrive doucement à 1600 ISO et reste agréable jusqu’à 3200 ISO. A 6400, son influence se fait très forte et la chute est brutale à 12.800 ISO, la limite officielle de ce boîtier. Poussée à 25.600 ISO (extensible dans les menus), le 80D produit de la bouillie utilisable uniquement par les paparazzis.

Si la partition est convenable, Canon souffre cependant de la comparaison par rapport à Nikon et Ricoh (Pentax) qui utilisent des capteurs Sony, plus performants. Canon utilise toujours ses propres capteurs CMOS dans ses reflex (cela pourrait changer), des composants moins performants que ceux de Sony dans les domaines des hautes sensibilités et de la plage dynamique. Sans être largué, le 80D n’est pas le meilleur quand la lumière se fait rare, mais cela reste de bon aloi.

Super encodage vidéo… Full HD

A.B. / 01net.com
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Le mode vidéo de cet EOS 80D cristallise ce que nous pensons depuis des années de Canon : la marque japonaise a le potentiel pour dominer la scène mais le fait pas. L’EOS 80D propose ainsi un encodage vidéo jusqu’à 90 mbit/s d’excellente qualité (IPB, c’est à dire que chaque image est entièrement encodée) avec un autofocus rapide, chose rare pour un reflex en vidéo. Mais Canon s’arrête là : pas de vidéo 4K, pas de fonctions vidéo avancées (zébras, focus peaking, etc.), pas de mode à plus de 50/60 images par secondes (donc pas de beaux ralentis). Pourquoi ? Parce que Canon dispose de gammes de caméras vidéo et cinéma, et que la marque ne veut pas leur faire de l’ombre. Un reflex idiot, puisque ce sont les autres qui s’en charge : pendant que Canon tergiverse, Panasonic et Sony enfoncent le clou – même les compacts de ces deux marques filment en 4K !

A.B. / 01net.com
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C’est d’autant plus navrant que l’EF-S 18-135 mm f/3.5-5.6 IS USM livré en kit avec le 80D peut recevoir un système de motorisation de l’optique qui permet de zoomer/dézoomer comme avec une vraie caméra. Un dispositif qui fonctionne très bien – quoi qu’un peu énergivore – et qui aurait pu transformer ce 80D en référence de la caméra de vidéaste amateur. Occasion ratée.

Canon trop conservateur

A.B. / 01net.com

Bien construit, équipé d’un confortable viseur offrant 100% de couverture de champ (contre 98% pour le 70D), l’EOS 80D est un reflex sérieux. Mais comme tous les gens sérieux, il ne sort pas du cadre. Ce qui se traduit par un conservatisme désespérant : traditionnel à l’extrême, Canon n’introduit aucune innovation majeure. Pas de stabilisation du capteur, pas de fonctions exotiques (astronomie, combinaison d’images, etc.), pas de panorama par balayage, pas de vidéo 4K, pas d’obturateur silencieux, pas de fonctions vidéo avancées (zébras, focus peaking) en dépit d’un bon codec et de prises casques & microphones, pas d’USB 3 (et une prise Mini USB en plus !),  etc. L’immobilisme de Canon dans certains domaines relève a priori du pathologique…

Dans la catégorie des reflex, nous célébrons l’audace des boîtiers de Ricoh Pentax, bien plus innovants et toujours à la recherche de nouvelles améliorations uniques. Ricoh Pentax souffre de son déficit d’image et d’un parc optique moins riche. C’est la vie. Et la vie est parfois injuste.

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