Comment faire progresser un tennisman ? Certains coaches concoctent un entraînement basé sur le thème astral du joueur. D’autres espionnent la préparation du numéro un mondial. Beaucoup se fient à leur instinct d’ancien champion. En France, les entraîneurs recourent à un autre moyen : des mesures scientifiques, à la fois physiques et techniques, effectuées au Lagardère Team, un centre d’entraînement dernier cri. La moitié de l’élite du tennis tricolore y parfait ses coups.Depuis septembre dernier, un nouvel outil de perfectionnement a fait son apparition sur le court. Désormais, tous les trois mois, chaque tennisman revêt une combinaison noire hérissée de 65 points blancs. Ses mouvements sont filmés par douze caméras spéciales, fixées à 6 mètres de hauteur et ré-parties autour du joueur. A partir des repères placés sur la combinaison, un ordinateur reconstitue une image 3D du corps, point par point, au millimètre près, à raison de 250 images par seconde. L’intérêt ? Traquer les gestes imparfaits, les disséquer avec l’aide de scientifiques, puis les corriger. L’espoir ? Rendre certains coups plus puissants ou plus précis. ‘ On remarque beaucoup de choses qu’on ne voit pas à l’?”il nu ‘, explique Nicolas Copin, entraîneur d’Edouard Roger-Vasselin, classé 147e à l’ATP. Second objectif : éviter les blessures en repérant les mouvements traumatisants.
Des résultats encore modestes
On trouve 12 Français parmi les 100 meilleurs joueurs mondiaux. Six d’entre eux s’entraînent au Lagardère Team et participent cette année au tournoi de Roland-Garros. Parmi eux, Paul-Henri Mathieu, Mickaël Llodra, Richard Gasquet et Gaël Monfils. Après six mois d’utilisation, les résultats sont-ils probants ? Nicolas Mahut, classé 43e à l’ATP, a amélioré son service, et deux autres joueurs ont corrigé un geste qui leur causait des douleurs.La modestie de ces résultats s’explique par la nouveauté de l’outil ; les chercheurs partent presque de zéro. ‘ Nous avons obtenu des résultats probants en athlétisme. En tennis, il faudra plus de temps. Les mouvements de ce sport sont beaucoup plus complexes ‘, confirme Annie Riquet, docteur en sciences de l’ingénieur. ‘ Lorsqu’on enregistre une vingtaine de services, il faut deux heures pour en extraire toutes les données utiles, renchérit Alice Bonnefoy, docteur en mécanique. Pour faire parler ces vingt services, il faut parfois plus d’une semaine. ‘A ce rythme, il faudra des années pour comprendre les secrets des revers, des passing-shots, des amortis et autres coups du tennis. Et ces recherches déboucheront-elles sur une loi du service idéal ? C’est peu probable. ‘ Chaque joueur a une morphologie différente, le coup universellement parfait n’existe pas ‘, estime Christian Miller, directeur scientifique du Lagardère Team
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