Il a 28 ans. Il est enseignant. Et risque trois ans de prison. Ce jeune homme est le premier Français poursuivi en justice pour avoir téléchargé des MP3 sur KaZaA. Les maisons de disques menaçaient depuis longtemps d’en venir à cette extrémité. La charte sur la musique en ligne, signée cet été, poussait dans ce sens : on allait poursuivre un pirate, pour l’exemple. C’est, à présent, chose faite. A la roulette du P2P, cet enseignant n’a pas eu de chance. Sur les huit millions d’utilisateurs français de logiciels de peer-to-peer, c’est lui qu’on a choisi. On promet bientôt de nouvelles arrestations : cinquante plaintes ont déjà été déposées par la SCPP (Société civile des producteurs phonographiques). Dans la ligne de mire : des jeunes adultes en activité entre 20 et 30 ans… Beaucoup n’hésitent pas à critiquer cette logique du tout-répressif. L’UFC-Que Choisir, par exemple, s’est rapidement insurgée contre cette ‘ expédition punitive d’un autre âge. ‘ Et de dénoncer l’absence d’offre légale adaptée : des baladeurs incompatibles avec la musique téléchargée légalement, des limitations d’utilisation iniques, etc. L’association menace carrément de procès les maisons de disques si la situation n’évolue pas rapidement. Même dans le milieu artistique, la SCPP fait grincer des dents. L’Adami et la Spedidam, deux sociétés civiles d’artistes interprètes, se refusent à criminaliser le P2P. Elles proposent plutôt une taxe sur chaque abonnement à Internet afin de rémunérer la filière musicale. Une argumentation qui n’a pas laissé insensible le député PS Christian Paul, qui réclame ‘ la légalisation du peer-to-peer non lucratif ‘. Une sage idée. Car on peut douter que ces condamnations fassent cesser le piratage. Aux Etats-Unis, où 3 000 actions de ce genre ont été lancées, on estime que le nombre d’adeptes du P2P a augmenté d’un million ! Les ‘ pirates ‘ ont tout simplement déserté KaZaA et eMule pour des systèmes moins exposés, comme Bittorrent ou Soulseek. Toute cette affaire rend plus insupportable encore l’attitude de certaines majors. Sony, par exemple, est partie prenante de la répression. Pourtant, le groupe a annoncé que ses baladeurs à mémoire flash allaient bientôt pouvoir lire le MP3, le format le plus utilisé par les pirates de musique. Le géant nippon en a profité pour glisser quil allait arrêter les CD protégés, afin de revenir aux CD-audio classiques… facilement copiables. Un double jeu de plus en plus énervant.
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