Qui n’a pas reçu un jour un avis de recherche d’une personne disparue, un appel à l’aide d’un jeune malade ou une info explosive qui changerait la face du monde ? Et peut-être avez-vous transféré ce courriel à vos correspondants… comme suggéré par le message ? Dans ce cas, vous êtes tombé dans le panneau ! Car, sur Internet, les canulars vont bon train par courrier électronique : on les appelle des hoax (prononcez hauks). Vous connaissez à coup sûr quelques-unes des histoires qu’ils racontent… Celle de cette fillette de 7 ans, Amy Bruce, dont les multiples tumeurs nécessitent un traitement coûteux qu’une fondation s’engage à financer pour peu que l’histoire fasse le tour (virtuel) de la Terre. Ou celle du jeune Brian, petit Argentin, qui ne sera sauvé que par la générosité des internautes qui, en renvoyant l’e-mail, financeront les 11 millions de dollars nécessaires à son opération (sic). Il y a aussi quelques vieilles légendes urbaines remises au goût du jour, des histoires de seringues infectées par le VIH, dissimulées dans des sièges de cinéma, ou de terroristes invitant l’ami d’un ami d’un ami à ne pas prendre les transports en commun tel ou tel jour.Mais ces histoires bidons sont vite dépassées par la rumeur, qui vise des personnalités ou des entreprises. Miss France est un homme, Bernard Kouchner s’est fait pincer à 240 km/h au volant d’une Ferrari, Nokia ou Alcatel offrent des téléphones portables à qui veut, Tommy Hilfiger exploite des Africains pour confectionner ses vêtements… Bien sûr, tous ces courriels sont des tissus de mensonges, seulement… le mal est fait.
Des récits entre bidonnage…
Le plus cocasse, c’est que, contrairement au spam que vous recevez de la part d’illustres inconnus, le hoax vous est envoyé par des amis, soucieux de vous faire partager de bien malheureuses (ou croustillantes) histoires ! Impossible, donc, d’y échapper. Pourtant, si le hoax peut être exaspérant, parce qu’il joue sur la corde de l’émotion, du scandale ou de l’avidité, il reste a priori inoffensif pour un PC car il ne contient ni virus, ni spyware. Du moins en théorie, car il existe des exceptions : les ‘ viroax ‘. Il s’agit de messages dits ‘ de sécurité ‘, alarmistes, bien construits et utilisant un langage technique, qui invitent l’internaute à supprimer lui-même un fichier au c?”ur de son ordinateur sous prétexte qu’il serait un dangereux virus. Ainsi, en 2001 et 2002, quelques milliers d’internautes ont reçu des messages leur demandant de rechercher, puis de supprimer, les fichiers sulfnbk.exe ou jdbgmgr.exe et de faire passer l’information. Ceux qui se sont exécutés ont détruit un composant, heureusement inoffensif, de Windows ! Les petits malins à l’origine de ces messages doivent en rire encore. Mais… justement, qui sont-ils ? Sans doute quelques farceurs qui se lancent un défi.On peut certainement trouver d’autres explications en posant la question ‘ à qui profite le crime ? ‘ Ainsi, Bernard Kouchner expliquait en mars 2005, dans le journal Le Parisien, que la rumeur le concernant, lancée par l’extrême droite, le poursuivait depuis vingt ans. Or, le site hoaxbuster a constaté que cette rumeur avait refait surface en février 2005 sous la forme d’un message électronique, au moment même où un sondage le plaçait en tête des hommes politiques préférés des Français !
… rumeur et marketing !
Autre exemple, celui qui annonçait l’arrivée de nouvelles pièces turques ressemblant tellement aux pièces de 2 euros que nous en aurions bientôt plein les poches. Une ‘ gigantesque escroquerie ‘ selon les termes du message, évoquant même une ‘ fausse monnaie européenne ‘. Et s’il s’agissait d’une campagne antiturque, en cette période de négociation avec l’Union européenne ?En poussant les choses plus loin, on peut aussi imaginer que certaines marques sont à l’origine de hoax les mettant en accusation, même si rien n’est prouvé. L’intérêt ? Se voir cité, puis disculpé, sur des sites tels hoaxbuster (voir l’encadré Chasseur de hoax) ou ses équivalents anglo-saxons, puis par la presse lorsque l’affaire s’ébruite. Le marketing viral, en plein boom, se révèle d’ailleurs bien plus rentable qu’une campagne publicitaire classique, comme le montre un exemple récent. Celui du site www.transatlantys.com qui annonçait la construction d’un tunnel ferroviaire sous-marin pour relier Paris à New York en huit heures. Derrière cette fausse information se cachait le site www.voyage-sncf.com qui souhaitait communiquer sur sa vente de billets d’avion !Autre exemple de marketing viral, une vidéo amateur montrant une jeune fille lancée dans un panier de basket. Le film, qui a fait le tour du Net, était un faux. Le site Internet associé à la vidéo, bien vrai quant à lui, participait au lancement d’un film. Ainsi va le hoax. Humour, déstabilisation et, depuis peu, opération marketing. Parions qu’il a encore de beaux jours devant lui !
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