Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis : après nous avoir soutenu mordicus que l’absence de stabilisation mécanique (et parfois optique) dans ses produits était dû à la « priorité sur la qualité d’image » car c’était « impossible avec la monture XF », les ingénieurs de Fujifilm ont réalisé « l’impossible » et lancent (enfin) un appareil dont le capteur est stabilisé. A savoir le nouveau fleuron de la gamme X, le X-H1, un hybride pro à capteur APS-C qui se place au-dessus de l’excellent X-T2, testé fin 2016. Un appareil non seulement stabilisé, mais qui profite d’améliorations autant en termes d’électronique, d’ergonomie ou de robustesse.
L’ergonomie est mise à l’honneur puisque le X-H1 reprend l’affichage à cristaux liquides du grand cousin le GFX50s et affiche ainsi toutes les informations essentielles sur le dessus de l’appareil. Quitte à taper dans le look reflex, autant profiter des avantages du format, c’est-à-dire l’espace utile de la carlingue. Une carlingue plus grosse que celle du X-T2 et aussi plus robuste. Outre la tropicalisation, Fujifilm annonce que la cage en alliage de magnésium est 25% plus épaisse que celle du précédent modèle. Le X-H1 est donc toujours protégé contre la pluie, les poussières, le froid (jusqu’à -10°C officiellement) mais aussi les rayures, son revêtement étant garanti anti-rayures avec une échelle de dureté minérale de 8 sur l’échelle de Mohs – il résiste donc à l’acier, au verre et au quartz et ne serait rayé que par le diamant (10) et les corindons (les saphirs/rubis/émeraudes, 9).
Enfin un capteur stabilisé !
Le système Fujifilm avait une faiblesse majeure : l’absence de stabilisation du capteur. Alors que l’ensemble de l’industrie avait adopté ce mécanisme qui permet d’améliorer (grandement) le taux d’images nettes notamment avec les focales fixes non stabilisées, Fujifilm arguait (avec plus ou moins de bonne foi), de son « impératif de qualité d’image » pour en faire l’impasse… jusqu’à aujourd’hui.
Car le X-H1 est le premier appareil de la marque à intégrer un capteur stabilisé sur 5 axes qui permet de gagner, sur les optiques non stabilisées, jusqu’à 5 vitesses ! En clair, quand vous n’étiez stable qu’au 1/125 de seconde, vous pouvez théoriquement descendre au 1/4s sur un sujet immobile : ça change la vie ! Ce d’autant plus que même le zoom professionnel Fujinon XF 16-55 mm f/2,8 R LM WR était privé d’une stabilisation optique. La faute est aujourd’hui réparée puisque l’optique est désormais stabilisée… sur le X-H1 uniquement.
Base technique éprouvée. Et améliorée.
Au cœur de l’appareil, on retrouve le même couple capteur/processeur des X-Pro 2/X-T2/X-T20/X-E3 : le capteur 24 Mpix X-Trans CMOS III au format APS-C et le X-Processor Pro. Un couple qui offre d’excellent résultats et qui a permis à tous les modèles susmentionnés de profiter de très bonnes notes. Sur cette base solide, Fujifilm a procédé à de petites améliorations, tant en termes d’équipement que de technique. Côté optimisations, on note une plus grande sensibilité de l’AF dans les basses lumières par rapport aux modèles précédents (on passe de 0,5 IL à -1,5 IL), la réduction des effets de scintillement des lumières (très pratique en intérieur), l’apparition du Bluetooth, d’un microphone intégré haut de gamme 24bit/48kHz, de la détection de visage en vidéo (pour le suivi AF), etc. De petites choses qui, additionnées, peuvent vraiment améliorer le confort de travail.
Et puisqu’on parle de confort, précisons que l’écran est enfin tactile (houra !) et que le viseur électronique du X-T2 qui affichait déjà 2,36 millions de points est remplacé par une dalle 40% plus définie puisqu’elle affiche 3,69 Millions de points. Avec une magnification de x0,75, ça commence à être confortable.
Nouvelle « pellicule » cinéma : Eterna
Demandez à un photographe qui travaille en Fujifilm ce qui lui plaît le plus dans ses appareils. Dans le top 3 des réponses vient généralement poindre les couleurs et plus spécifiquement les rendus Jpeg argentiques développés par Fujifilm. Et pour cause : avec son passé de géant de la pellicule, Fujifilm profite d’un savoir-faire en matière de rendu des couleurs, des textures, des ambiances. Aux rendus originels Velvia, Astia, Provia introduits par le premier appareil de la série (le X100 lancé en 2011), s’étaient ajoutés des rendus couleurs (Classic Chrome) ou noir & blanc (Acros, 2016) et Fujifilm continue ses adaptations argentiques à l’ère numérique en introduisant avec ce X-H1 un rendu couleur. Mais pas un rendu photo puisqu’il s’agit d’une pellicule cinéma appelée Eterna. Un produit culte : sachez que des films tels que The Hunger Games, Le discours d’un roi (4 Oscars) ou Black Swan ont été tournés avec la version vivid de l’Eterna. Un film qui n’est plus en production, puisque Fujifilm ne produit plus de pellicules pour tournage, uniquement des pellicules d’archivages/copie de films.
Disponible en mode photo, c’est évidemment au mode vidéo que cette « émulsion » numérique se destine. Ça tombe bien : le X-H1 propose beaucoup d’amélioration dans ce domaine.
Vidéo : Fujifilm gonfle les muscles
Si Fujifilm a une excellente réputation dans le monde de la vidéo broadcast, c’est pour ses objectifs Fujinon… mais pas pour ses caméras. Cela pourrait changer : poursuivant ses premiers efforts réalisés avec le X-T2, Fujifilm permet à son X-H1 de se positionner en modèle crédible dans le domaine vidéo, tout du moins sur le papier. Jugez plutôt : outre l’arrivée de la stabilisation du capteur qui est opérationnelle aussi en vidéo, le X-H1 profite d’un vrai mode 4K cinéma (4K DCI 17:9, 4096×2160 pixels) en plus d’un mode 4K UHD (3840 x 2160 pixels) traditionnel. Ce à quoi il ajoute une plage dynamique de 12 diaphragmes (IL), un encodage qui passe à 200 mbit/s, la gestion des timecodes, le F-Log pour la postproduction des couleurs ou encore des ralentis jusqu’à x5 en Full HD. Dernier raffinement : avec son double emplacement pour carte mémoire, le X-H1 peut passer d’une carte à l’autre lorsque la première est pleine sans interrompre l’enregistrement.
Fujifilm semble de plus en plus sérieux en vidéo, une position affirmée par le lancement, concomitant à cet hybride haut de gamme, de deux optiques vidéo/cinéma, FUJINON MKX18-55mm T2.9 et FUJINON MKX50-135mm T2.9, de splendides bout de verre à respectivement 3999 euros et 4299 euros. Sérieux on vous dit !
Impairs électroniques
Sur la fiche technique, seuls deux détails nous fâchent un peu. Le premier, c’est l’utilisation d’une vieille prise USB 3 large – la même que celle des disques dur externes. On attendait de l’USB-C sur un appareil de cette trempe, bon sang ! Autre détail : l’autonomie. Avec seulement 310 images par charge de batterie (selon norme CIPA), le X-H1 est un gros gourmand énergétique et nous reprochons à Fujifilm de ne pas avoir amélioré la consommation de ses composants ou au moins avoir développé une nouvelle batterie plus endurante.
Fujifilm compense un peu la chose avec le grip optionnel (un kit sera d’ailleurs disponible) qui triple non seulement l’endurance de l’appareil puisqu’il reçoit 2 batteries supplémentaires en plus de celle du boîtier (3 au total donc), mais qui permet aussi à la rafale avec obturateur mécanique de passer de 8 i/s à 11 i/s (toujours 14 i/s en obturateur électronique).
Très alléchant sur le papier, le Fujifilm X-H1 sera disponible en mars à 1899 euros boîtier nu.
Un kit sera disponible avec le grip VPBXH1 pour 2199 euros, grip disponible séparément à 329 euros.
Et pour les maniaques du viseur, un œilleton spécial plus large et plus confortable sera proposé à 19,90 euros.
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