Depuis hier matin, les contrôles de sécurité pour les vols vers les Etats-Unis ont été considérablement durcis. Dans les sept aéroports français d’où l’on peut rejoindre la patrie de l’Oncle Sam – Paris Orly, Paris CDG, Marseille, Nice, Tahiti, Martinique, Guadeloupe – il est désormais interdit d’emporter à bord des appareils électroniques déchargés. Les voyageurs devront montrer, sur demande des responsables de la sécurité, que leur smartphone ou PC portable s’allume et fonctionne correctement.
En réalité, cette procédure existait déjà par le passé, mais elle est « généralisée et systématisée », nous a indiqué la Direction générale de l’aviation civile. Celle-ci précise que des marges de manœuvre sont possibles : en cas de matériel déchargé, le voyageur aura droit à cinq minutes de recharge, histoire de prouver que « la capacité de la batterie est disponible ». L’objectif de ce contrôle est de vérifier que l’appareil en question fonctionne réellement et qu’il ne s’agit pas d’un leurre, c’est-à-dire d’une bombe camouflée.
Les raisons profondes de cette nouvelle interdiction se trouvent dans l’intensification des menaces terroristes, avec à la clé des techniques de plus en plus sophistiquées. En 2009, un jeune Nigérian s’est fait maîtriser au cours d’un vol Amsterdam-Detroit, alors qu’il essayait de mettre le feu à un explosif dissimulé dans ses sous-vêtements. Un an plus tard, deux bombes cachées dans des cartouches d’imprimante sont retrouvées dans un avion-cargo à destination de Chicago. Depuis « il y a eu d’autres tentatives. Un PC portable destiné à un vol pour les Etats-Unis a notamment été saisi. Les cellules de sa batterie détachable ont été remplacées par des explosifs », explique Jean-Paul Ney, journaliste spécialisé dans le terrorisme. Avec une telle technique, la détection au rayon X est difficile, car l’explosif ne comporte aucun métal.
Des risques multiples
Et ce qui est possible pour un PC portable l’est aussi pour une tablette ou un smartphone. « Il faut seulement l’équivalent de deux doigts de matière explosive pour faire un trou dans une carlingue, provoquer une dépression et donc l’explosion de l’avion.», poursuit Jean-Paul Ney. Concomitamment à l’émergence de ces nouvelles techniques de dissimulation, on observe en Iraq la montée en puissance de « L’Etat islamique », un groupe djihadiste particulièrement bien organisé. Ces différentes tendances inciteraient donc les autorités américaines à prendre un maximum de précautions. Allumer l’appareil pendant les contrôles permet d’évacuer – à priori – ce type de dissimulation.
Pour autant, est-ce réellement efficace ? Ne pourrait-on pas imaginer des batteries où seule une partie est remplacée par des explosifs, permettant à l’appareil de s’allumer en dépit de sa modification ? « J’irais même plus loin. La prochaine étape est la dissimulation d’explosifs dans le corps humain, comme le font les réseaux mafieux pour transporter la drogue. On assisterait alors à des mules kamikazes particulièrement difficiles à détecter », estime Jean-Paul Ney.
En attendant, il est également recommandé de ne pas jouer au plus malin avec les services de sécurité, par exemple en stockant l’appareil déchargé dans la valise. Les bagages en soute sont également scannés et, le cas échéant, ouverts si un PC portable se trouve dedans. S’il ne s’allume pas, il est possible qu’il reste à terre.
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