Voici AutoGPT, le ChatGPT autonome qui repousse les limites de l'IA

Il y a quelques semaines, Toran Bruce Richards, un développeur de jeux vidéo, a lancé le projet AutoGPT sur Github. Le développeur, qui se fait appeler Significant Gravitas en ligne, décrit AutoGPT comme « une application expérimentale open-source » visant à ce que GPT-4, la dernière mise à jour du modèle linguistique derrière ChatGPT, fonctionne « de manière entièrement autonome ». Le projet « repousse les limites de ce qui est possible avec l’IA », peut-on lire sur la page Github.

Latest Demo of Auto-GPT, an open-source experiment to make #GPT4 into a fully autonomous AI🤯🤖

You can now give the AI whatever task you like! 💰

If you would like to give it a try yourself, feel free to check out the GitHub repo in the comments below, it's free! 👇 pic.twitter.com/sZJx3BQiRS

— Significant Gravitas (@SigGravitas) March 30, 2023

Un ChatGPT devenu indépendant

Concrètement, l’intelligence artificielle est capable de gérer une tâche de A à Z sans l’intervention d’un être humain pour la guider. Pour ça, cette déclinaison de ChatGPT accède à Internet pour rechercher et recueillir des informations utiles et s’appuie ensuite sur le modèle GPT-4 pour générer du texte ou du code. Enfin, l’IA se sert de GPT-3.5, la précédente version du modèle linguistique, pour stocker et résumer des fichiers. Pour traiter les tâches longues et complexes, AutoGPT compile donc plusieurs modèles de langage. In fine, l’humain n’intervient plus dans le processus de création après la requête initiale.

Interrogé par Vice, le créateur d’AutoGPT explique vouloir aider les modèles linguistiques à « s’adapter aux tâches qui nécessitent une planification à long terme ». L’application open source « peut appliquer le raisonnement de GPT4 à des problèmes plus larges et plus complexes qui nécessitent une planification à long terme et de multiples étapes », ajoute le développeur.

« La capacité de fonctionner avec un minimum de requêtes humaines est un aspect crucial d’AutoGPT. Il transforme un grand modèle linguistique, qui est essentiellement une saisie semi-automatique avancée, en un agent indépendant capable d’effectuer des actions et d’apprendre de ses erreurs », explique Toran Bruce Richards.

AutoGPT se distingue de ChatGPT par sa capacité à s’autoévaluer. Au cours d’une tâche, l’IA peut analyser la manière dont elle travaille afin de s’améliorer. Pendant la phase de recherche, AutoGPT se rend par exemple spontanément compte qu’il doit s’assurer que les sites web consultés sont fiables. De plus, il a conscience des limites de sa mémoire. Ainsi, l’IA va automatiquement enregistrer les données essentielles, utiles à la suite de son projet, dans un fichier. Cette prise de conscience améliore considérablement la rétention d’informations de ChatGPT. C’est en partie grâce à cette mémoire accrue que l’IA arrive au terme d’un projet sans qu’un programmeur ne vienne le recadrer.

À lire aussi : Créez votre propre ChatGPT en quelques mots avec cette application

Les possibilités d’AutoGPT

Toran Bruce Richards s’est d’abord servi de l’IA pour améliorer un morceau de code, le tester, et répertorier les résultats dans un fichier. Il a aussi demandé à AutoGPT de se renseigner sur une liste de sujets, en parcourant des articles de presse sur le web, avant de lui présenter un résumé. Comme Prometheus, le chatbot de Bing, AutoGPT est capable de faire des recherches en ligne. Il n’est pas limité à une base de données, ce qui dope évidemment ses possibilités.

Whoa.. still not convinced of AI Agents? This might change your mind…

I pretended to be a fake shoe company and gave AutoGPT a simple objective:
– Do market research for waterproof shoes
– Get the top 5 competitors and give me a report of their pros & cons

Here's how it went: pic.twitter.com/mFttG4PXrk

— Sully (@SullyOmarr) April 9, 2023

Rapidement, de nombreux internautes se sont intéressés au projet. À l’aide du tutoriel proposé sur Github, ils ont fait tourner AutoGPT sur leur propre ordinateur. D’après les témoignages apparus sur Twitter, l’IA est aussi capable de réaliser une étude de marché complète, d’écrire un livre de recettes (de la recherche, à la rédaction et au formatage) ou d’imaginer une nouvelle start-up en analysant des données en ligne.

« C’est juste fou, il a créé la liste de recettes, une liste d’ingrédients exotiques, une introduction, et a commencé à écrire le livre », témoigne un internaute, qui a demandé à l’IA de concevoir un livre sur les 20 meilleurs plats japonais, sur Medium.

D’autres internautes se sont plutôt servis d’AutoGPT pour tenter d’automatiser le trading de cryptomonnaies. En s’appuyant sur les capacités de l’IA, ils adaptent automatiquement les transactions réalisées aux conditions du marché dans le but de dégager des bénéfices. Les résultats ne sont pas encore très probants, et le programme nécessite encore une surveillance humaine dans ce cas-ci. Néanmoins, plusieurs traders poursuivent les expérimentations.

AutoGPT set to 100 runs. Goal: amalgamate best indicators for Crypto trading in Pine code. Result looping errors. Scavenged through output, found enough bits for GPT4 to give me strategy Pine code. 4hr backtested 2018 to now. $25 to $92M. Started test today, currently $1 profit

— Under_the_Valley.MI (@ValleyUnder) April 11, 2023

Comment fonctionne AutoGPT ?

Afin qu’AutoGPT se charge d’une tâche, l’utilisateur doit d’abord lui donner un nom, lui assigner un rôle précis et lui expliquer ce qu’il doit faire en cinq objectifs. Cette première étape permet de décomposer un long processus. L’IA se met ensuite à réaliser chacune des tâches une par une, jusqu’à ce que le processus complet soit terminé. L’utilisateur ne doit théoriquement pas intervenir dans le procédé. En vérité, il arrive parfois que l’IA tourne en boucle ou génère des tâches inutiles dans le processus.

Durant le processus, AutoGPT demande la permission de passer à l’étape suivante, ce qui permet à l’utilisateur de surveiller l’avancement de la tâche. Le développeur a inclus un mode continu, qui autorise l’IA à progresser en toute autonomie, à son application. Néanmoins, il déconseille fortement d’activer le mode, estimant que celui-ci est « potentiellement dangereux et peut provoquer l’exécution de votre IA pour toujours ou effectuer des actions que vous n’autoriseriez pas habituellement ». Conscient des risques posés par sa création, Toran Bruce Richards souligne que « la supervision humaine est toujours recommandée ». Celle-ci peut « atténuer les problèmes potentiels » et guider l’IA vers le résultat attendu.

Cap vers l’intelligence artificielle générale ?

Le succès colossal d’AutoGPT, qui gagne des utilisateurs à une vitesse fulgurante depuis son lancement, a attiré l’attention de plusieurs grands noms du secteur de la technologie. Andrej Karpathy, cofondateur d’OpenAI, la start-up derrière ChatGPT, a notamment estimé qu’AutoGPT est une évolution logique du fonctionnement du chatbot :

« Une requête GPT est comme une instruction sur un ordinateur. Ils peuvent être regroupés en programmes ».

https://twitter.com/karpathy/status/1642598890573819905?s=20

D’après certains des testeurs du programme, AutoGPT est une nouvelle étape vers l’intelligence artificielle générale, l’objectif ultime d’OpenAI. Il s’agit d’une IA capable de fonctionner à la manière du cerveau humain, en évoluant et en s’adaptant aux tâches qui lui sont confiées, même si elle n’est pas programmée pour celles-ci.