Ce serait, selon ses dirigeants, la faute de l’état actuel du marché et le niveau de financement – autrement dit, les mêmes excuses que depuis la nuit des temps. Fin mai, le « constructeur automobile » Faraday Future publiait une mise à jour sur sa feuille de route, annonçant le retrait complet de toute perspective de ventes pour 2024. Six ans après sa première promesse de livraison, et après 10 ans d’investissements massifs dans une startup née en Californie, le dernier espoir de commercialisation vient de partir en fumée.
Dans un rapport financier, Faraday Future a révélé avoir lancé 10 exemplaires de sa berline à plus de 310 000 dollars, dont 4 seulement ont été achetés (les autres seraient sous contrat de location). Naturellement, avec un si faible volume, difficile de rentabiliser le développement. Malgré les centaines de millions de dollars investis par différents fonds lors de la dernière décennie, il faudra encore renflouer les caisses pour espérer pouvoir faire marcher les usines : 430 millions de dollars de dette menacent l’entreprise selon ses propres chiffres.
Depuis octobre 2023, les ambitions se sont écroulées alors que l’action Faraday Future dévissait à moins de 4 dollars en Bourse. Depuis, c’est même sous le dollar que le cours de l’entreprise évolue. D’une pépite qui surfait sur la vague de la mobilité électrique en Bourse, elle a vu sa valorisation passer de 4 milliards à seulement 253 millions de dollars. Les 300 commandes enregistrées par les clients semblent bien difficiles à pouvoir garantir, alors que l’entreprise indiquait dans un tweet s’attelait à « stabiliser et renforcer » ses opérations.
Un nouveau plan stratégique arrive
Toujours est-il que malgré des années d’attente et des millions brûlés, la marque continue de parler d’indépendance et de rentabilité. « Dans les plus brefs délais », Faraday Future deviendrait donc un constructeur à part entière, capable de fournir des voitures électriques. Pour savoir comment un tel miracle pourrait avoir lieu, Faraday Future a donné rendez-vous dans « les deux prochains mois », pour s’expliquer sur une nouvelle stratégie « de pont entre les États-Unis et la Chine pour l’industrie automobile ».
« Dans le cadre de la stratégie de double marché, Faraday Future pourrait tirer parti de sa valeur de transition unique pour intégrer les atouts de l’industrie automobile américaine avec ceux des constructeurs automobiles chinois et des chaînes d’approvisionnement respectives », peut-on lire dans un communiqué de presse, qui ne s’empêchait pas de qualifier de « succès » la production de la FF 91 en 2023…
L’année dernière, un premier exemplaire de la Faraday Future FF 91 avait été aperçu avec ses dirigeants posant devant, à l’occasion d’un déplacement sur le site de production de Hanford dans le nord de la Californie. Malheureusement, derrière les paillettes et la surprise de voir pour la première fois la FF 91 ailleurs que sur un dessin numérique, il ne s’agissait en fait que d’un châssis, sans roues ni moteur. À ce moment-là d’ailleurs, la marque n’avait toujours pas évoqué de prix d’achat à ses clients, malgré la possibilité de réserver le modèle.
En attendant, c’est avec le Nasdaq directement que l’entreprise américaine a négocié. À l’instar de ce qu’il s’était passé au début du mois de mai, Faraday Future compte pouvoir négocier avec l’opérateur boursier une suspension de l’achat et de la vente de ses actions, pour éviter le chaos actuel qui pousse l’entreprise dans les bas-fonds, sans lui permettre néanmoins de se retirer totalement. Pendant dix jours consécutifs, la société avait tout de même vu son action sous les 0,10 dollar, un niveau bien trop bas pour répondre aux exigences du Nasdaq en matière de listing.
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