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Une mutation à marche forcée pour les intégrateurs de réseaux

Concentration, convergence entre IP et la téléphonie, nouveaux intervenants… La profession de l’intégrateur de réseaux informatiques se voit bouleversée.

l n’y a pratiquement plus d’intégrateurs de réseaux informatiques qui n’appartiennent pas à un groupe de taille plus importante. Cette activité devient un pôle de compétences intégré au domaine du service en général, en grand développement par ailleurs.

Une concentration qui semble irréversible

Telle est la constatation qui s’impose lorsqu’on s’intéresse aux opérations de rapprochement ayant affecté ce secteur en 1998 et 1999. Ce mouvement de concentration est dû à une conjonction de tendances. Parmi celles-ci : la volonté de diversification de certains géants venus de secteurs connexes et la convergence entre téléphonie et informatique, sans oublier le besoin de densifier une couverture géographique dans un domaine ?” le service ?” où la présence à la fois locale et internationale reste primordiale. En outre, ce secteur, à forte croissance, aiguise bien des appétits. Selon le cabinet d’études IDC, le marché de l’ensemble des services réseaux traditionnels a été estimé à près de 5 milliards de francs en 1998, soit une progression de 17 % en un an. En France, cette dynamique de concentration s’est confirmée. La course à la taille stratégique et la recherche d’une couverture totale du territoire sont à l’origine des dernières opérations de rapprochement. Le développement de services comme la supervision 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, à partir de salles de contrôle de réseaux perfectionnées, ou, plus simplement, l’intervention sur tout le territoire avec des techniciens spécialisés, requiert d’importants investissements. France Réseaux Systèmes, intégrateur régional, a ainsi rejoint le giron d’Entreprise Industrielle. Cette filiale du groupe Suez-Lyonnaise des Eaux, spécialisée dans le génie climatique et l’ingénierie électrique, souhaite, par ce moyen, se développer dans les activités réseaux et communications, et prévoit un chiffre d’affaires de 300 millions de francs d’ici à 2001. Un mouvement comparable a été engagé par une filiale de SGE (groupe Vivendi). GTIE a constitué Axians, lui-même issu d’Interact Systèmes, Masselin Nextel, GTIE Lyon (ingénierie réseaux), Santerne Sigmacom et Fournié Grospaud Sud-Est. Si ce groupement de sociétés offre une bonne couverture hexagonale en termes de service, il reste à lui donner une dimension internationale. Ces deux opérations confirment les ambitions des groupes de bâtiment et de travaux publics dans la profession d’intégration de réseaux. Leur offensive s’appuie sur leur activité dans l’ingénierie électrique ou dans le câblage de bâtiment.

Du bâtiment à l’intégration de réseaux

Le groupe Bouygues, à travers sa filiale ETDE, participe à cette démarche. Cette dernière a développé une activité consacrée à l’entreprise, parallèlement à son pôle opérateur. D’autres groupes, tel le belge Telindus, ont fondé leur stratégie d’expansion en France sur la croissance externe. A la suite des rachats successifs d’intégrateurs régionaux (Airtel, Meta Networks, Organimar et RLS), Telindus vise un chiffre d’affaires de 210 millions de francs pour 1999, et de 300 millions de francs pour 2000. Cette quête d’une couverture plus dense de l’Hexagone n’est que la facette nationale d’un mouvement qui concerne aussi l’international. Les grandes entreprises multinationales privilégient les intégrateurs capables de les soutenir dans leur volonté d’internationalisation. L’arrivée d’actionnaires ou de groupes à la puissance financière importante permet d’accélérer cette internationalisation du service. Le groupe sud-africain Dimension Data vient de racheter à son compatriote Comparex l’ensemble de ses filiales européennes spécialisées dans l’intégration de réseaux. En France, Noméa Communications change de propriétaire, à la suite de cette opération. De même, le groupe hollandais Getronics, qui a racheté Wang Global, s’affiche désormais comme une société de services d’envergure internationale avec un chiffre d’affaires total s’élevant à 29 milliards de francs.

Les dents longues des équipementiers

En dépit des ambitions affichées par ces acteurs, le marché français reste dominé par des intégrateurs de réseaux informatiques adossés à de puissants équipementiers télécoms. C’est le cas d’Alcatel, de CS Experdata et d’Arche Groupe Siemens. ” Le nombre de projets voix-données qui se présentent à Alcatel va croissant “, explique Patrick Giry-Deloison, responsable marketing entreprises pour l’activité Enterprise and Consumer Group d’Alcatel. L’essor des applications bâties autour de centres d’appels explique en grande partie cette évolution. En outre, certains équipementiers télécoms n’hésitent pas à acquérir directement des intégrateurs de réseaux pour muscler leur activité dans ce domaine. Le récent rachat d’INS donne ainsi la possibilité à Lucent Technologies de réunir plus de cinq mille personnes spécialisées dans le conseil, la maintenance ou l’ingénierie de réseaux, dans le cadre de son offre de services NetCare. Elle autorise cet équipementier à intervenir en amont des projets. Certains constructeurs informatiques comme IBM, NCR, Bull ou Unisys, dont le service fait historiquement partie du c?”ur de métier, déploient également d’importantes activités dans l’intégration de réseaux. ” La tendance à l’externalisation va continuer de se développer, notamment pour les entreprises souhaitant déployer des réseaux internationaux de communication “, affirme Christian Juteau, directeur commercial d’Unisys GCS.

Les SSII s’appuient sur l’infogérance et les applications

Tous les acteurs de l’intégration de réseaux sont, en effet, incités à développer des services à forte valeur ajoutée en raison de l’érosion des marges, qui affecte des prestations plus classiques comme l’installation ou le déploiement d’équipements actifs (routeurs). Cette évolution fait aussi le lit des SSII. Souvent consultées pour des projets applicatifs, celles-ci sont à même de venir chasser, dans le cadre de réalisations à forte connotation réseau (Intranet et centre d’appels), sur les terres des prestations d’intégration de réseaux. De même, les SSII sont bien placées sur un service comme l’infogérance de réseaux. On rencontre ainsi, sur le marché des intégrateurs de réseaux, des acteurs tels qu’Atos, Cap Gemini, Euriware ou Sema Group. Comme le souligne l’étude IDC*, ” le principal risque pour les intégrateurs est de perdre l’accès au client, ce dernier exprimant ses besoins soit en termes d’applications auprès des SSII, soit en termes d’infrastructures réseaux et de taille de bande passante auprès des opérateurs. De nouveaux modèles de partenariats entre SSII et intégrateurs, d’une part, et opérateurs et intégrateurs, d’autre part, restent donc à définir “. ; * Le marché français des services réseaux, bilan 1998 et perspectives 2003, IDC France (avril 1999).

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par Frédéric Bergé